Santé : Hausse des frais de gestion et perte de rentabilité en 2017

Le marché de la santé confirme son stagnation en 2017. Le chiffre d'affaires devrait connaître une timide hausse de 1,9% dans un contexte où les frais de gestion augmentent et le résultat opérationnel est négatif, avec un ratio combiné de 0,3%.

Les résultats de l'année 2017 du marché de l'assurance santé ne sont pas très encourageants, selon les chiffres présentés lors de la matinée Prospectives Santé organisée par Actuaris et le cabinet Joxa. Depuis deux ans, le marché de la complémentaire santé est proche de la stagnation, avec une hausse du chiffre d'affaires de 1,4% de 2015 à 2016, et une perspective pour 2017 de +1,9%. Les mutuelles ont plutôt bien résisté à l'ANI : avec une perte des parts de marché de 1%, elles concentrent 52% du marché de la santé en 2016. Les sociétés d'assurance passent de 29% à 30% de 2015 à 2016 et les institutions de prévoyance gardent leurs acquis avec 18% de parts de marché. « Les grands gagnants sont les réseaux de distribution, et en particulier le courtage », selon Actuaris.

En 2007, 60% des contrats étaient individuels et 40% collectifs tandis qu'en 2016 la part du collectif atteint 47%, selon Actuaris. La rapport entre contrats individuels et collectifs ne s'est pas encore inversé, mais les effets de l'ANI devraient se manifester avec un léger retard. La part du collectif pourrait dépasser celle de l'individuel en 2017, grâce notamment à la fin d'une partie des dispenses d'affiliation autorisées.

Les frais de gestion des organismes complémentaires ont fortement augmenté pendant les derniers 10 ans : entre 2006 et 2016, ils ont bondi d'1 milliard d'euros, principalement du fait de la hausse des frais d'acquisition et également des impacts règlementaires. « Le coût global de gestion des organismes complémentaires pourrait dépasser celui du résultat opérationnel en 2017. Même si cette comparaison est un non-sens technique, certains courants politiques n'hésitent pas à l'utiliser », pointe Actuaris.

La hausse de frais de gestion intervient dans un contexte de chiffre d'affaires en stagnation (34,4Mds d'euros en 2016). Le résultat est donc déficitaire. Le marché de la collective affiche un ratio combiné de 3,4% et celui de l'individuelle de -3,4%. Le ratio combiné moyen est déficitaire et s'établit à 0,3%.

Avec la généralisation de la complémentaire santé et la hausse de la part des contrats collectifs, « le marché de la complémentaire santé pourrait passer en déficit au global », indique Céline Blattner, actuaire associée d'Actuaris. « Sur le collectif, on enregistre des pertes techniques et des pertes de gestion. Le marché des grands comptes reste encore inaccessible pour les nouveaux entrants et les acteurs historiques arrivent à un résultat proche de équilibre. En revanche, sur le marché intermédiaire, la concurrence est plus féroce », selon C. Blattner. Cette concurrence exacerbée limite les espoirs d'amélioration à court terme et renforce les efforts de pilotage du risque. « La marge de progression sur le marché de la santé est assez faible », indique Céline Blattner.

Le marché de la prévoyance pourrait venir compenser la baisse de rentabilité en santé car il existe un potentiel de 2,7M de salariés non cadres à équiper, selon le baromètre CTIP de 2016 . « Certains partenaires sociaux voudraient profiter la fusion des régimes Arrco et Agirc pour revoir le 1,50%TA des cadres et mettre en place une couverture minimale prévoyance pour l'ensemble des salariés du privé », indique Jacques Nozach, consultant d'Actuaris. En attendant l'ANI de la prévoyance, Cécile Blattner rappelle que « la baisse des taux d'intérêt à coûté 10 points de ratio combiné » et que « le risque arrêt de travail s'est fortement dégradé ces dernières années ». Les mutuelles, traditionnellement absentes du marché de la prévoyance, souhaitent investir ce terrain, dans une logique de diversification. Le rapprochement entre Aesio et Macif ou la volonté affichée de Vyv de se développer en prévoyance collective ou encore l'ambition de Crédit Agricole de vouloir équiper les entreprises en prévoyance indiquent l'importance de la diversification pour les différents acteurs du marché de l'assurance de personnes.