Santé : La Mutualité française fait débattre des politiques peu convaincants
Ils étaient près de 750 personnes à la Maison de la Chimie, mercredi soir, à venir assister au débat sur la santé organisé par la Mutualité française après 8 réunions publiques sur le sujet en province. Les représentants de cinq partis politiques présentant un candidat à l’élection présidentielle étaient au micro, pour évoquer les mesures que leur groupe politique compte appliquer s’il arrive au pouvoir.
« La santé a besoin de ressources supplémentaires et de ressources solidaires », a réclamé Léonora Tréhel, Présidente de la Mutualité française Ile-de-France, en introduction au débat. Dans un sondage commandé par la Mutualité et réalisé par Harris Interactive, on observe que près des 3/4 des Français considèrent que les candidats sous-estiment l’importance de la santé.
Les participants de jeudi soir ont cherché à prouver le contraire. Ils ne l’ont fait qu’à moitié. La santé est importante ? Oui. Tout le monde considère en effet que c’est le bien le plus précieux, parce que signe de dignité, mais aussi de richesse et de développement pour un pays… et autres lieux communs.
Des idées pour améliorer le système français ? Les copies ne sont pas encore terminées, apparemment. Car les mesures concrètes, chiffrées et argumentées étaient rares pour répondre à des problèmes que tous ont très bien identifiés : financement de la Sécurité sociale, accès aux soins pour tous, manque de prévention… La salle s’est d’ailleurs vite agacée de ces approximations.
Parti socialiste
Marisol Touraine, députée et secrétaire nationale du Parti socialiste à la santé et à la sécurité sociale, veut « mettre en place une politique de santé et pas simplement une politique d’accès aux soins ». Selon elle, « l’Assurance maladie est un socle incontournable qui doit être renforcé ». Pour cela, il faudra « faire des complémentaires santé et des mutuelles des acteurs mieux reconnus, avec des efforts en contrepartie pour limiter la sélection des risques ». Le parti socialiste propose donc une sorte de contractualisation entre la Sécurité sociale et les complémentaires, on n’en saura pas plus.
Plus concrètement, le PS se positionne contre le secteur optionnel, mais se refuse à fixer à l’aveugle un nouveau niveau de pourcentage de prise en charge de l’Assurance maladie. Concernant la hausse de la taxe sur les complémentaires santé, il faut supprimer la dernière augmentation de 3,5% (mais pas la première) et « redistribuer les cartes entre les types de contrats ».
La TVA sociale sera elle aussi supprimée. Marisol Touraine a insisté sur « refonte globale du système », qui justifie le fait que les propositions ne soient pas précisément chiffrées aujourd’hui. Néanmoins, le régime devrait retrouver son équilibre à horizon 2017, « en mettant à contribution les revenus du capital au même titre que les revenus du travail et en supprimant les niches sociales ». Un instrument est proposé, la CSG progressive.
Front de gauche
Du côté du Front de gauche, Michel Limousin, co-responsable de la santé pour le parti, a été plus radical. Il propose d’interdire aux sociétés cotées en bourse d’intervenir dans le domaine de la complémentaire santé, accusant les fortes marges des sociétés d’assurance privées.
Il réclame une prise en charge par la Sécurité sociale pour tous à 100% (sans préciser d’ailleurs ce que deviendront les complémentaires dans ce cas là), financée exclusivement sur la cotisation sociale. Il reproche également à la Mutualité française de ne pas condamner assez le mouvement de segmentation des risques et en appelle à leur principe de solidarité.
Europe Ecologie - Les Verts
Chez Europe Ecologie – Les Verts, la priorité doit être donnée à la prévention et aux soins de proximité, comme les centres de santé. Aline Archimbaud, sénatrice, veut « arrêter avec une simple logique de réparation », et estime qu’en s’attaquant aux causes des grandes maladies très coûteuses comme le diabète ou le cancer, on peut réduire à terme le déficit de la Sécurité sociale tout en revenant sur les franchises et le système des taux de remboursement. « Les mutuelles doivent redevenir de vraies complémentaires », a-t-elle ajouté. EELV propose, comme le PS, de faire de la CSG un impôt progressif.
Modem
Au Modem, difficile de trouver une idée précise. Geneviève Darrieussecq, membre du bureau exécutif national chargée des questions de santé, a posé la question du financement de l’Assurance maladie par les cotisations sociale, et a proposé de « peut-être » les moduler en fonction des revenus des personnes. Pour le Modem, le régime obligatoire doit retrouver des remboursements plus élevés.
UMP
Enfin, pour l’UMP, Philippe Juvin, secrétaire national en charge des fédérations professionnelles, a eu droit à un accueil assez froid de la part de toute l’audience, majoritairement constituée de mutualistes. Il propose de « convoquer des états généraux des dépenses de santé en 2012 ».
A la question du modérateur de savoir pourquoi ces états généraux ne sont pas convoqués maintenant, Philippe Juvin a répondu que quand la majorité allait trop vite, on le lui reprochait également… Ces états généraux permettront « une refonte du financement en associant tous les partenaires ». L’UMP propose de revenir sur certaines exonérations fiscales et d’élargir l’assiette de financement. Philippe Juvin a également évoqué la question de la transparence du système, et souhaite que les « payeurs aveugles » que sont les mutuelles puissent avoir une meilleure visibilité.
La santé, une priorité de la campagne présidentielle ? Les partis politiques ont encore deux mois pour mieux faire.
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