Santé : MNH Group réaffirme sa stratégie affinitaire

Gérard Vuidepot, président de MNH Group, revient sur les résultats de 2017 et sur la stratégie de diversification engagée dès 2013 par l'ancienne Mutuelle Nationale des Hospitaliers. Il aborde également la réforme du reste à charge zéro, les tensions au sein de la FNMF et la future réforme de la protection sociale complémentaire des agents de la fonction publique hospitalière.

La MNH, mutuelle de MNH Group, enregistre en 2017 un résultat technique de 9,691 millions d'euros, contre 2,375M d'euros en 2016. Lors de son assemblée générale à Tours les 21 et 22 juin, le groupe de protection sociale du monde de la santé, a réitéré sa décision de ne pas augmenter les cotisations en santé pour ses adhérents.

« Nous avons maintenu le niveau des cotisations, malgré une hausse du forfait hospitalier qui s'est traduite par un surcoût de 5 millions d'euros pour MNH", a affirmé Gérard Vuidepot, président de MNH Group. La généralisation de la complémentaire santé a eu un impact sur le chiffre d'affaires à la baisse. Gérard Vuidepot estime qu'environ 3% à 4% des ayants droits ont quitté la mutuelle suite à l'ANI. Pour retenir ses adhérents, MNH avait pris la décision de baisser les cotisations sur les adhérents actifs jusqu'à 7-8% pour l'année 2018. Malgré la baisse des cotisations, le résultat technique est en forte hausse. Ceci s'explique par « une amélioration de la marge technique liée à un redressement de la rentabilité des contrats santé individuels, et d’une baisse des frais de fonctionnement », selon le rapport SFCR du groupe. Le ratio de solvabilité s'établit à 200% en santé et 400% en prévoyance.

Le groupe MNH annonce également la création en 2018 de la fondation d'entreprise MNH Dominique Bénéteau, ancien président de MNH Santé et vice-président de MNH Prévoyance. Cette fondation est dotée de 2,5 millions d'euros : 1 million pour des actions de promotion de la santé et 1,5 million d'euros pour un observatoire sur les conditions de travail du personnel hospitalier.

Une probable hausse des cotisations

Le groupe MNH affirme dans une déclaration d'orientation politique publiée lors de cette assemblée générale, que l'équilibre économique sur la réforme du reste à charge zéro sera « difficile à trouver d'ici 2021 ». « Il est fort probable que les mutuelles seront dans l'obligation d'augmenter les cotisations de leurs adhérents », déclare MNH Gérard Vuidepot. Il s'inquiète de la qualité des soins prothétiques, pour lesquels « aucune garantie n'est pour l'heure établie ». Gérard Vuidepot a également critiqué les taxes sur les complémentaires santé et la TVA sur les appareils prothétiques.

Stratégie de diversification

Le président de MNH Group réaffirme la politique du groupe de concentrer ses investissements sur un périmètre affinitaire de la santé. En effet, depuis 2012 MNH Group multiplie ses investissements dans le domaine du digital (Acetim, KelDoc, Xperis...), de la formation (L'entreprise médicale formation), des médias (Hospimedia, Eventime, Groupe Profession santé), du conseil, des services industriels (Kalhyge, Sodel, Proserve Dasri). Il possède ainsi la Banque Française Mutualiste.

Pour l'ACPR, le modèle de MNH Group reste unique et s'assimile à celui d'un conglomérat financier. « L'objectif est de développer la notoriété du groupe MNH auprès des personnes physiques et morales », affirme son président. Réunies, toutes les activités du groupe atteignent 1,5Md d'euros, dont l'assurance représente environ la moitié. « Nous avons diversifié les risques et cela est toujours positif en termes de solvabilité », commente son président.

Un nouveau plan stratégique en cours

Le groupe est actuellement en train de réaliser le bilan sur l'activité des dernières années et devrait annoncer un nouveau plan stratégique en septembre prochain. Le prochain investissement pourrait concerner une plateforme de communication capable d'inter-opérer entre différents services du monde médical. Pour Gérard Vuidepot, l'avenir du système de santé reposera sur la capacité de coordonner des services existants et ce type de plateforme représente donc un grand intérêt pour le secteur médical.

La FNMF et les grands groupes mutualistes

MNH Group est en compétition avec le groupe Vyv et Aesio, sur le référencement de la FEHAP (La Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés non lucratifs). MNH Group se dit « encore indépendante » et sans volonté d'intégrer un grand groupe. « Je ne vois pas en quoi la création de grands groupes contribue à la marge de solvabilité, tandis qu'on voit la chute lente mais sûre de la part des mutuelles dans le marché de la complémentaire santé. C'est une guerre fratricide qui est complètement improductive et pas très saine pour le monde mutualiste », déclare-t-il. Les débats de la prochaine assemblée générale de la FNMF risquent d'être animés. Gérard Vuidepot prévoit que le rôle des unions régionales et le financement des SSAM (services de soins et d'accompagnement mutualistes) reviennent en force dans le débat mutualiste.

Dans le cadre de la future organisation de la protection sociale complémentaire des agents de la fonction publique hospitalière, MNH Group préfère la labellisation au référencement. « Nous resterons attentifs à l'égalité de traitement entre les agents et à une véritable mise en œuvre de la solidarité intergénérationnelle », déclare Gérard Vuidepot.