Médecins libéraux : "Les propositions de la Mutualité Française sont toxiques"

mercredi 17 juin 2020

Les syndicats des médecins libéraux n’apprécient pas les propositions de la Mutualité Française formulées dans le cadre du Ségur de la Santé.

Les médecins libéraux sont très remontés contre les propositions de la Mutualité française formulées dans le cadre du Ségur de la Santé. « Les propositions de la Mutualité Française sont toxiques pour la médecine de ville. La Mutualité n’a jamais rien compris au monde libéral et poursuit un combat idéologique qui n’a pas sa place au Ségur de la Santé », écrit le Syndicat de Médecins Libéraux (SML) dans un communiqué de presse. Ces propositions sont "éloignées de la réalité", selon la Confédération de Syndicats Médicaux Français (CSMF).

Touche pas à l'exercice isolé

Le syndicat de médecins rejette l’idée de mettre fin à l’exercice isolé de la médecine de ville à horizon 5 ans, avancée par la fédération mutualiste. Sur un ton très virulent, le SML accuse la FNMF de rendre obligatoire « l’exercice en mode kolkhoze et les rémunérations collectivistes qui s’y rattachent ». Ce modèle « où toute initiative individuelle serait proscrite » serait « dépassé » et « ceux qui résisteraient le paieraient au prix fort puisque leurs rémunérations seraient baissées ».

Touche pas à la rémunération

En effet, le SML s’oppose également à la baisse de rémunération pour les médecins qui exerceraient en dehors d’un espace de santé pluri-professionnel. « Les médecins libéraux travaillent de manière coordonnée de longue date dans le cadre d’équipes cliniques de proximité autour du patient, dont les premiers maillons sont les infirmiers libéraux et les pharmaciens. Cela implique des investissements supplémentaires pour financer l’acte de coordination et les outils qui tardent à venir », considère le SML.

Touche pas aux personnes âgées à domicile

Le syndicat se dit favorable à la médicalisation des Ehpad, mais rejette l’idée d’ouvrir ces établissements aux personnes âgées en perte d’autonomie du même territoire habitant à domicile. « La Mutualité montre qu’elle ne poursuit pas d’autre objectif que de se tailler de nouvelles parts de marché dans les territoires à partir des établissements qu’elle possède », écrit le syndicat.

Touche pas à la rémunération à l'acte

La Mutualité propose de privilégier la rémunération au forfait au détriment de la rémunération à l'acte. "La Mutualité semble ignorer que le paiement à l’acte est le facteur de l’efficience, et qu’il faudrait simplement accompagner ce mode de rémunération d’une valorisation de la qualité et de la pertinence", considère la CSMF.

Touche pas à la liberté d'installation

Enfin, la CSMF rejette l'idée de la Mutualité de confier aux Agences Régionales de Santé (ARS) la régulation de l'offre de soins. "La Mutualité française ferait mieux de s’interroger sur le splendide échec extrêmement coûteux du DMP qui devait être la pierre angulaire de la coordination et qui malheureusement est perdu dans les limbes", affirme la CSMF.