SNSA : Interview croisée entre Jean-Matthieu Biseau et Serge Morelli
INTERVIEW - Pour News Assurances Pro, Jean-Matthieu Biseau, le nouveau président du SNSA et du GIE SNSA, accompagné de son prédécesseur Serge Morelli, reviennent sur l'actualité du Syndicat National des Sociétés d’Assistance et les grands chantiers en cours, entre branche sociale, relations avec les prestataires ou avenir des outils communs de la profession.
Quel bilan tirez-vous de la mandature précédente ?
Serge Morelli - Notre gouvernance tournante, mise en place en 2021 au sein du syndicat, permet une succession à la présidence sans rupture au bout d’un mandat de 2 ans. La gouvernance générale se compose d’un président et d’un président du comité stratégique, ce dernier prenant ensuite la tête du syndicat au bout de deux ans. Le 2 février dernier, l’assemblée générale n’a eu qu’à se prononcer sur l’élection du président du comité stratégique, et c’est Nicolas Sinz qui a été élu à cette fonction. Avec Jean-Matthieu, nous avons décliné cette gouvernance tournante dans toutes les commissions et les comités. Cela permet ainsi à chaque adhérent d’être impliqué. Saïd Fard complète cette gouvernance au poste de directeur général, assurant à ce titre l’exécution des stratégies et la déclinaison en plans d’actions, des orientations validées en AG.
Jean-Matthieu Biseau – À mes côtés, Nicolas Sinz (PDG d’Europ Assistance France) devient donc le président du comité stratégique du SNSA et je suis ravi de travailler à ses côtés car nous sommes, de par l’ADN de nos entreprises, très complémentaires. Nous ferons, je pense un binôme efficace et Nicolas prendra ainsi la présidence du syndicat dans deux ans. Nous veillons également à ce que ce « couple » représente à la fois les grandes et les moyennes sociétés du marché. Cette responsabilité collective favorise donc la continuité dans le suivi des dossiers.
SM - Avec Antoine Solanet à la direction des affaires sociales, le SNSA est pleinement opérationnel et nous avons donc un syndicat en parfait ordre de marche pour instruire les dossiers.
Quels dossiers initiés ces derniers mois devez-vous continuer à suivre ?
SM – Le premier sujet concerne la branche sociale de l’assistance. Nous étudions depuis plusieurs mois la possibilité d’un rapprochement de notre branche avec celle de l’assurance, toujours dans un souci de maintenir l’indépendance du SNSA dans l’interdépendance avec France Assureurs.
Nous n’avons pas encore pris notre décision, d’abord parce que nous n’avons pas encore terminé nos études d’impact sur la profession, ensuite parce que nous ne savons pas encore si nous allons pouvoir conserver nos spécificités dans les questions de sous-branches.
J-MB – Nous restons très attachés à notre branche. Le mouvement vers France Assureurs ne pourra se faire que si l’ensemble des conditions évoquées par Serge est préservé mais notre volonté est aussi d’être dans l’anticipation des potentiels regroupements de branche. In fine, ce dossier a aussi permis de rapprocher nos deux fédérations et de renforcer notre dialogue.
Quelles sont aujourd’hui les relations du SNSA avec les prestataires ?
SM – Ces deux dernières années nous avons poursuivi le renforcement de nos relations avec les fédérations professionnelles de prestataires et notamment celles des dépanneurs. Ces dernières s’étaient dégradées en avril 2022 lors de la flambée des prix du carburant, mais nous avons réussi à renouer le dialogue. A cette occasion, nous avons d’ailleurs créé une instance de concertation qui se réunit deux fois par an pour échanger et piloter nos actions communes
J-MB – Nos relations se sont consolidées avec les fédérations professionnelles des dépanneurs. Nous avons ainsi adressé avec eux des sujets techniques et des outils partagés très porteurs pour nos professions. Le marché de l’assistance routière française est très spécifique, avec des réseaux indépendants de dépanneurs avec qui nous sommes très liés. Entre les sujets de pyramide des âges, de RSE ou de zones blanches, nous devons accompagner ces derniers. Nos réseaux sont le cœur de notre réacteur et plus que des prestataires ce sont des partenaires.
Où en en le déploiement de vos outils communs Nomad et eCall ?
SM – Nomad est devenue une plateforme tech ultra-performante qui enregistre 6 millions de missions par an, soit près de 97% du flux des assisteurs. Avec l’aide de notre hébergeur Darva, la qualité de service de cet outil est des plus performantes. Nous continuons de développer cette plateforme pour les dépanneurs avec les bulletins informatisés d’intervention mais aussi pour d’autres partenaires avec des outils comme Comet, dédié au missionnement des taxis. Cette plateforme, comme l’ensemble de nos actifs, continue de s’enrichir dans la mesure où elle bénéficie à chaque adhérent.
J-MB – Concernant l’eCall, celui-ci continue de monter en puissance mais moins vite que ce que nous espérions, compte-tenu du ralentissement de la fabrication et de la vente de véhicules neufs. En 2022, nous avons enregistré plus de 115 000 appels et ce chiffre double tous les 18 mois.
Des discussions vont s’engager cette année avec l’État pour la reconduction mi-2024 des sociétés d’assistance sur le dispositif eCall, et ce pour un nouveau cycle de 5 ans. Pour l’heure, l’État est pleinement satisfait du travail des assisteurs qui qualifient chaque appel pour le transférer ou non ensuite vers les services de secours.
Êtes-vous satisfait du poids du SNSA dans les discussions avec le marché de l’assurance ?
SM - Au-delà des relations que nous avons avec France Assureurs sur le sujet du rapprochement des branches, nous sommes invités deux fois par an au sein de son conseil exécutif pour faire un point sur notre activité. Nous avons également la possibilité de saisir ce conseil sur certains sujets autant que nécessaire.
J-MB - En parallèle, Saïd Fard en étroite relation avec le secrétaire général de France Assureurs, peut identifier au sein de certaines commissions des sujets pour lesquels nous pouvons être pertinents, afin de nous permettre d’y assister.
Quelle est votre position sur le sujet de la dépendance ?
J-MB - Si le projet d’intégration d’une garantie dépendance dans le contrat santé socle, préconisé par France Assureurs dans son livre blanc, venait à voir le jour au niveau gouvernemental, le SNSA serait intégré dans la réflexion pour réfléchir aux services de base de ce dispositif.
Quels profils vous manquent-ils aujourd’hui au sein de la profession ?
J-MB - Certains métiers sont en tension depuis plusieurs années déjà, notamment concernant l’informatique, et cela reste encore complexe de recruter ces profils. Ce qui est nouveau, c’est aussi notre difficulté à recruter des candidats sur nos plateformes.
SM - Le marché de l’emploi est tendu quel que soit le secteur d’activité et chacun cherche donc le poste avec le moins de contraintes. Le métier d’assisteur, même s’il s’est modernisé, en comporte quelques-unes, notamment les horaires. C’est pourtant un secteur qui offre des perspectives d’évolution et dans des métiers qui ont du sens. C’est pour cette raison que le SNSA s’est engagé en 2022 à soutenir ses adhérents sur le recrutement par des actions de communication. Cet été, la profession a d’ailleurs recruté 2.500 saisonniers. Travailler dans l’assistance, c’est aider, secourir, et sauver. C’est un très beau métier et quand on y a goûté, il est difficile de s’en extraire.
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