Participation, incubation, accélération, partenariat, chaque assureur dispose aujourd’hui d’une palette de possibilités pour accompagner les start-up auxquelles il croit. Pour autant, une acquisition pure et simple demeure beaucoup plus compliquée.
Le dernier panorama des insurtechs française réalisé en septembre dernier par le cabinet de conseil en innovations KleinBlue fait état de plus de 100 acteurs dédiés au secteur de l’assurance. Parmi eux, les plus connus comme Alan, Luko, +Simple ou encore Valoo. Pas une semaine sans qu’une assurtech voit le jour. Ce vivier en perpétuel renouvellement aiguise l’appétit des assureurs traditionnels autant qu’il l’interroge, notamment sur une nouvelle concurrence sans complexe.
Ainsi, depuis plusieurs années, les principales compagnies ont décidé de franchir le pas, en soutenant certaines de ces start-up. « D’abord, nous faisons peu d’accélération, et uniquement via l’association NiorTech*. Ensuite, Numa, dont nous sommes actionnaires, a également un programme d’accélération, mais nous privilégions les prises de participations minoritaires, jusqu’à 30% », explique Nicolas Boudinet, directeur général adjoint de la Maif, en charge de la direction de la stratégie, de la marque et des offres.
Depuis le lancement de son véhicule Maif Avenir, l’assureur mutualiste niortais a investi dans une trentaine de start-up et, dans la cadre de la préparation du nouveau plan stratégique 2019-2022 du groupe, le fonds va reprendre un nouveau cycle d’investissement. « Sur les 250 millions d’euros d’enveloppe disponibles depuis le lancement de notre fonds, la moitié a été déjà utilisée en investissements directs ou indirects », glisse Nicolas Boudinet.
Franchir le pas
Mais peu de compagnies prennent la décision d’acquérir purement et simplement ces insurtechs, sauf à ce qu’elles remplissent des conditions précises. « Lorsque nous sommes convaincus du potentiel d’une start-up pour l’accélération de la mise en œuvre de notre stratégie, sur des services liés à la santé par exemple, nous envisageons une prise de participation ou de rachat. Pour le volet acquisitions, Axa dispose d’une enveloppe annuelle de 200 millions d‘euros. Aujourd’hui, nous étudions 4 à 5 dossiers par mois, mais depuis l’acquisition de Maestro Health, nous n’avons pas fait de nouvelle opération. Nous ne cherchons pas à racheter de petites start-up mais des entreprises qui ont déjà trouvé leur marché, avec une valorisation au-dessus de 15 millions d’euros », précise de son côté Guillaume Borie, directeur de l’innovation du groupe Axa.
Modèle interne
Devant le peu d’acteurs qui se risquent au rachat, et au-delà des moyens dont dispose chacun, certains opérateurs ouvrent leur propre start-up en interne. C’est le cas de Société Générale Insurance qui a créé de toute pièce Moonshot début 2017. « Être une start-up née au sein d’un groupe de bancassurance nous permet d’évoluer dans le meilleur des deux mondes : D’abord nous garantissons la sécurité de nos opérations grâce aux exigences de conformité du groupe Société Generale Insurance. Cela nous permet ensuite de nouer plus facilement des contacts avec des grands comptes commerciaux et d’avoir plus de rapidité dans notre time to market, notamment dans l’accès au portage de risques », explique Alexandre Rispal, directeur général et fondateur de Moonshot Internet.
Séduits tout en étant méfiants, les assureurs ont-ils vraiment pris la mesure du potentiel que pourraient leur apporter ces start-up ? « Le temps de la start-up n’est pas le temps de la compagnie. Tant que les actuaires continueront de concevoir l’assurance avec les habitudes du passé au lieu d’imaginer l’avenir, le secteur n’avancera pas. Seul un Amazon peut faire exploser le modèle ! », indique de son côté Bertrand Vialle, le fondateur de Baloon. Une chose est certaine, jamais le marché n’a connu autant d’acteurs extérieurs tentant de grappiller une part du gâteau.
*(ndlr : qui regroupe notamment Maif, Macif, Maaf, Ima et Groupama Centre Atlantique ).
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