Stéphane Dessirier, directeur général du groupe MACSF fait le point sur la crise actuelle. Il revient sur l'organisation du groupe dédié aux professionnels de santé pour faire face au confinement et répondre à ses sociétaires sur le pont. Il évoque également l'impact de la crise sanitaire et financière sur la MACSF et le secteur.
Comment le groupe MACSF s'organise-t-il en cette période confinement ?
Nous avons réussi à nous organiser très rapidement. Avant la crise, nous avions environ 400 collaborateurs qui étaient en télétravail. Aujourd'hui, 92% des salariés travaillent à distance. Nous avons conservé trois services au siège du groupe : le courrier, l'encaissement des chèques et l'informatique. Opérationnellement nous sommes prêts et pouvons faire face.
Pour ma part, je me rends au siège 4 jours par semaine, comme la moitié du comité exécutif. L'autre moitié est à distance.
Prévoyez-vous de recourir au chômage partiel ?
Nous n'envisageons pas du tout de recourir au chômage partiel, même si l'activité a diminué de l'ordre de 30% entre février et mars. En revanche nous réfléchissons à demander à nos salariés au forfait de poser 5 jours de RTT sur le mois d'avril. L'inquiétude pouvait concerner nos commerciaux, en raison de la baisse d'activité. Mais nous leur avons confié la mission d'appeler tous les sociétaires. Ces derniers apprécient d'ailleurs la démarche.
Justement, s'agissant de vos sociétaires, quelles mesures mettez-vous en place ?
Nos sociétaires sont des professionnels de santé. Ils sont en première ligne dans cette crise que nous traversons. Nous avons créé un fonds doté d'1 million d'euros. Nous prévoyons de passer à 1,5M d'euros. Il est destiné à soutenir les populations en précarité du fait du confinement. Je pense notamment aux jeunes para-médicaux qui viennent de s'installer et qui ne peuvent pas exercer. Nous versons aux professionnels en difficulté 1.000 euros. En une semaine, nous avons reçu quelque 3.000 demandes.
Nous participons par ailleurs à l'abondement du fonds de solidarité de l'Etat et aux 200M d'euros annoncés par la FFA. Notre contribution se monte à 2M d'euros. Nous avons également suspendu le paiement des cotisations pour les mois d'avril et mai sur toutes les assurances professionnelles (RCP, prévoyance...)
Enfin, au-delà des actions financières, nous menons des actions concrètes. Nous avons ainsi ouvert gratuitement une centaine de logements dans nos résidences étudiantes. Nous distribuons des repas dans une cinquantaine d'hôpitaux. L'idée est de soulager les professionnels de santé qui donnent sans compter pour faire face à cette crise.
Que pensez-vous des injonctions du gouvernement qui appelle les assureurs à faire plus ?
Nous faisons déjà beaucoup car nous avons bien conscience des difficultés en particulier pour les professionnels indépendants et les TPE. Mais je rappelle que le confinement n'est pas un aléa. Cela relève d'une décision administrative et ne dépend plus du champ de l'assurance. Le secteur ne peut pas assumer financièrement la prise en charge de la perte d'exploitation sans dommages. D'autant que la charge de sinistre en prévoyance a explosé.
Quels sont les risques les plus prégnants pour le secteur de l'assurance durant cette période ?
En termes de risque technique, c'est justement la prévoyance. Au mois de mars, nous avons reçu 5 fois plus de déclarations en prévoyance par rapport à notre activité normale. Depuis le 16 mars, nous enregistrons 300 arrêts de travail chaque jour. Cela aura un impact sur les assureurs très orientés sur ce risque. De notre côté, nous avons basculé les gestionnaires auto sur la prévoyance pour faire face. Car dans le même temps, la sinistralité en auto a considérablement diminué. J'ajoute que nous sommes dans une crise financière équivalente à ce que nous avons connu en 2008. Les marchés boursiers se sont effondrés et les spread se sont fortement écartés. Le secteur n'en sortira pas indemne.
Vous êtes un assureur vie significatif sur le marché. Constatez-vous des mouvements en réaction à cette crise financière ?
Nous avons noté quelques rachats sans doute pour faire face à des dépenses courantes urgentes. Mais pas de mouvement de masse. Nous ne constatons pas non plus d'arbitrage des unités de compte vers le fonds euros. Au contraire, certains profitent plutôt du contexte pour entrer sur les unités de compte.
Êtes-vous inquiet sur la solvabilité du groupe MACSF dans ce contexte ?
Nous avons une solvabilité confortable, donc je n'ai pas d'inquiétude pour le groupe. Par ailleurs, la production ne s'est pas arrêtée. Nous sommes à environ 70% de notre production par rapport à notre rythme de croisière.
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