INTERVIEW - Stéphane Junique est président d'Harmonie Mutuelle, président de Vyv Care et vice-président de la Mutualité française. Il évoque l'impact de la surtaxe pour Vyv et Harmonie Mutuelle, la politique tarifaire d'Harmonie Mutuelle, les avancées sur le réseau de soins commun du groupe Vyv et la nécessité de revoir l'articulation entre Assurance maladie et Ocam.
La surtaxe s'appliquera aux mutuelles malgré les protestations du monde du non-lucratif. Quelle conclusion tirez-vous de cet épisode ?
Nous avons été étonnés par l'incompréhension sur ce que sont les mutuelles. Ce ne sont pas des entreprises comme les autres. Nous investissons sur le temps long et nous nous inscrivons dans une vision sociale. Nous accompagnons les transformations du systèmes de santé. Nous avons ainsi 900 réalisations de services et de soins de proximité dans le groupe Vyv. Nous investissons par ailleurs dans des chantiers pour lesquels l'Etat devrait être reconnaissant comme la téléconsultation offerte à nos adhérents à travers la plateforme Mesdocteurs. Le fait de soumettre les mutuelles à cette surtaxe est particulièrement préjudiciable, car les cotisations que nous collectons ont vocation à être reversées à nos adhérents sous forme de prestations ou sous forme de services visant à améliorer leur protection sociale. Cette contribution exceptionnelle vient gréver une partie de cet argent.
Prévoyez-vous de nouvelles actions ?
Nous allons nous saisir de deux sujets dans les prochains mois. Une loi entreprise est en préparation pour avril 2018. Elle vise à trouver les leviers pour développer les différentes formes entrepreneuriat. Nous profiterons de la consultation publique sur le sujet pour faire valoir les atouts et les spécificités des sociétés mutualistes et coopératives en matière de protection sociale. La seconde étape se place au niveau européen. Le cadre européen ne prend pas suffisamment en compte la particularité des acteurs du non-lucratif. Il existe une définition dans le traité de Lisbonne, mais elle n'intègre pas les entreprises mutualistes et coopératives. Nous souhaitons travailler avec la Commission et les parlementaires sur ce sujet.
Est-ce le retour du statut de mutuelle européenne ?
Il faut aller au-delà. Si ce chantier n'avait pas abouti, c'est très certainement car nous étions sur une approche trop restrictive. En élargissant à la notion de lucrativité limitée, nous sortons d'un débat trop centré sur la France.
Quel est l'impact de la surtaxe pour le groupe Vyv ?
Au sein du groupe Vyv, seule Harmonie Mutuelle est concernée pour un impact qui s'établit à 5 millions d'euros.
Et sur les cotisations des adhérents du groupe Harmonie Mutuelle ?
Le conseil d'administration d'Harmonie Mutuelle a pris l'engagement de ne pas répercuter la surtaxe sur les cotisations. Nous ne répercuterons pas non plus les mesures du PLFSS 2018, car elles sont compensées par la baisse sensible de nos dépenses en optique. En 2018, il n'y aura pas d'augmentation de cotisations en assurance individuelle pour les plus de 55 ans. Sur le reste du portefeuille individuel, nous appliquerons une hausse de 0,5%. Enfin, sur le collectif l'augmentation s'établira à 2,4%.
Qu'attendez-vous des concertations avec la ministère de la Santé, notamment sur le reste à charge ?
Les différents arbitrages fait ces dernières années nécessitent de redéfinir le pacte entre l'Assurance maladie et les complémentaires santé. Les mutuelles peuvent compléter les prises en charge qui ne sont plus assurées par la Sécurité sociale. Mais les mesures prises à chaque automne sans qu'il puisse y avoir un dialogue construit entre l'Assurance maladie et les Ocam dénotent d'une méthode qui n'est plus tenable. C'est prendre le risque, chaque année, de voir les cotisations des adhérents sensiblement augmenter, en fonction des choix pris par les parlementaires. La concertation doit aller au-delà de la question du reste à charge. Il faut se pencher sur les sujets afférents au vieillissement de la population ou encore à l'explosion des maladies chroniques.
Le rapprochement annoncé entre AG2R La Mondiale et Matmut, change-t-il la donne sur votre partenariat avec la mutuelle d'assurance rouennaise ?
Nous maintenons le cap. Il n'y a pas de modifications du partenariat tel que l'avons construit avec Daniel Havis, sur l'accompagnement des entreprises sur la couverture en responsabilité civile et en IARD.
Existe-t-il des discussions entre le groupe Maif et le groupe Vyv ?
La particularité du groupe Vyv est qu'il regroupe en son sein des mutuelles qui ont noué des partenariats historiques. C'est le cas entre la MGEN et le groupe Maif. Le groupe Vyv aura à définir des partenariats plus structurants pour l'ensemble de ses membres. Mais il est encore tôt. Pour l'heure, les discussions sont menées entre MGEN et le groupe Maif.
Où en est le groupe Vyv sur les réseaux de soins ?
L'objectif est d'avoir un réseau de soins unique. Et nous souhaitons aller vite. Ainsi, sans attendre la construction du réseau commun, nous allons lancer des initiatives sur les conventionnements de parcours au niveau hospitalier qui permettront de réduire les restes à charge sur les soins prodigués à l'hôpital.
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