Sylvain Coriat : "La résiliation infra-annuelle agite le marché de la santé"
INTERVIEW – Sylvain Coriat, membre du comité exécutif d’Allianz France, en charge des assurances de personnes, commente le dynamisme du PER et du marché de la santé individuelle, suite à l’entrée en vigueur de la résiliation infra-annuelle.
Comment se passe le retour sur site des collaborateurs chez Allianz France ?
Pour l’instant, les salariés peuvent revenir sur site sur la base du volontariat, dans la limite de 30% d’occupation. A compter du 1er septembre, nous allons mettre en œuvre notre accord de télétravail qui prévoit jusqu’à trois jours de télétravail par semaine de manière pérenne pour les métiers éligibles.
Avez-vous constaté des mouvements de portefeuille importants en santé individuelle, depuis l’entrée en vigueur de la résiliation infra-annuelle ?
Le marché est très dynamique. Notre chiffre d’affaires est relativement stable, autour de 650 millions d’euros, mais au 1er juin, nous enregistrons une hausse annuelle de 30% des contrats vendus en santé individuelle. Nous avons lancé une nouvelle offre, Allianz Santé, qui connaît un franc succès, et qui explique en partie ce dynamisme.
Dans le cadre de la mise en place de la résiliation infra-annuelle, avez-vous constaté une hausse des résiliations non consenties chez vos clients ?
Certains intermédiaires appellent en effet les personnes vulnérables et se font passer pour l’assurance maladie pour forcer la résiliation. Certains de nos assurés ont malheureusement été victimes de ces pratiques et nous les avons accompagnés pour faire valoir leurs droits. L’ACPR a établi des règles très strictes et est très vigilante sur ce type de démarchage téléphonique abusif.
Avez-vous constaté un fort dynamisme du PER depuis le début de l’année ?
Nous avons beaucoup misé sur le PER et, nous avons créé un FRPS. Allianz France est un des principaux acteurs du marché du PER en France. Nous avons transformé l’ensemble de nos contrats existants (PERP et Madelin) en PER pour que nos clients puissent bénéficier dès maintenant de la possibilité de sortir en capital et de tous les avantages du PER sur les produits antérieurs. L’intérêt pour ce produit a été immédiat et est grandissant. Le chiffre d’affaires n’est pas révélateur, car ce sont de petits montants, mais sur les 3 premiers mois de l’année, nous avons enregistré des hausses très significatives de 100% de l’activité. Le PER individuel remporte un grand succès. C’est un produit très pertinent fiscalement et commercialement, investi de manière adaptée, sur un horizon long.
Comment Allianz France va se positionner, dans le cadre de la réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires ?
Nous allons continuer à déployer des offres sur nos cibles historiques : les professionnels de santé et l’ensemble des forces de sécurité, forces armées, policiers et gendarmes, avec le contrat Tégo et le ministère des Armées. Nous allons suivre de près les décisions qui sont prises dans le cadre de cette réforme. Amélie de Montchalin a annoncé la généralisation de contrats collectifs à adhésion obligatoire, souscrits localement en partenariat avec les partenaires sociaux. Notre compréhension c’est qu’il y aura une granularité définie ministère par ministère, qu’il y aura un appel d’offres pour telle ou telle zone de Défense. Sur la partie de la fonction publique hospitalière, les appels d’offres se feront au niveau des groupements hospitaliers de territoire. Ceux-ci emploient entre 5.000 à 50.000 fonctionnaires. Il faudra donc nouer des partenariats pour avoir tous les éléments et la capacité à gérer.
Allez-vous répondre aux appels d’offres ?
Nous serons ravis de concourir pour les métiers pour lesquels nous avons une expertise et une compréhension du risque. Ce qui nous semble important c’est de prendre en considération les différences géographiques dans la définition de la couverture car les dépassements d’honoraires ne sont pas les mêmes à Paris qu’à Brest.
Le gouvernement envisage d’augmenter la taxe Covid en 2021. Cette hausse est-elle justifiée ?
Les assureurs voient leurs marges en santé fortement détériorées en raison notamment de la hausse de la consommation médicale en dentaire et audioprothèse. De plus, les contrats prévoyance sont lourdement déficitaires, notamment chez les professionnels de santé, qui ont connu des détériorations de sinistralité sans précédent en 2020. Le bilan de l’année 2020 n’est pas positif. Nous enregistrons des pertes significatives, notamment en prévoyance. Au regard de ces constats, je ne pense pas que la taxe soit bien paramétrée.
Avez-vous constaté beaucoup de demandes de remboursement des consultations psychologiques, depuis l’annonce de cette prise en charge par les complémentaires ?
Le dispositif démarre et nous enregistrons une hausse soutenue de la consommation. Comme ce sont des processus peu digitaux qui ne passent pas par la carte vitale, le démarrage est plus lent.
Dans l’optique de l’élection présidentielle, craignez-vous que le terrain de jeu des organismes complémentaires se réduise dans les prochaines années, au bénéfice du régime général ?
Les Français sont attachés à leur complémentaire santé, à leur réseau de soins, au service de téléconsultation. Notre rôle dans les remboursements optiques et dentaires est reconnu par nos assurés. Je ne sais pas si un candidat mettra sur la table la disparition des complémentaires, mais ce serait un acte politiquement dangereux si j’en crois l’attachement des Français à leur complémentaire santé.
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