La télémédecine est souvent citée comme un moyen de lutter contre les déserts médicaux. Mais pour l’instant, le régime obligatoire ne s’est pas emparé du sujet. Les choses vont changer puisque les modalités de prise en charge de la télémédecine sont au programme de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018.
Les complémentaires ont un coup d’avance. Le mouvement a été initié en juin 2015 par Axa Assistance, qui a alors décroché une autorisation de l’Agence régionale de santé en Île-de-France, pour proposer un service de téléconsultation à ses assurés. Une ordonnance peut être délivrée à l’issue de la consultation et dans certaines conditions, des médicaments peuvent mettre être livrés à domicile.
L’engouement pour la téléconsultation reste modéré. En deux ans et demi, les médecins d’Axa Assistance ont assuré de l’ordre de 10 000 consultations de médecine générale. Un chiffre à mettre en regard de 3,3 millions de bénéficiaires potentiels, assurés santé de l’assureur et d’Humanis qui peuvent faire appel à cette prestation de téléconsultation. Mais tout est là pour que le phénomène prenne de l’ampleur dans les prochains mois.
Depuis le mois de septembre 2017, Mondial Assistance (groupe Allianz) peut aussi proposer des téléconsultations. Par ailleurs, deux plateformes, MédecinDirect et MesDocteurs, se démènent sur le créneau et proposent également des consultations de généralistes, mais aussi spécialistes. En se connectant sur le site de la plateforme ou en appelant un numéro dédié, le bénéficiaire du service – un assuré santé en règle générale, même si quelques entreprises proposent ce type de service à leurs salariés – pose une question. Il peut obtenir une réponse écrite ou être rappelé par téléphone. La visioconférence est au programme, mais à chaque fois, la réponse est donnée par un médecin, généraliste ou spécialiste si besoin.
De nombreux assureurs se sont laissés convaincre et ont annoncé les partenariats qui vont leur permettre d’adjoindre la téléconsultation à la palette de services proposés aux assurés. Au quatrième trimestre, Santéclair (10 millions de bénéficiaires) a annoncé avoir conclu avec MesDocteurs, tandis qu’Eovi MCD (1 500 000 adhérents) et Viasanté, le pôle mutualiste d’AG2R La Mondiale (750 000 assurés) ont dévoilé un accord avec MédecinDirect.
En parallèle, s’il fallait encore une preuve de l’engouement pour la télémédecine, Vyv a communiqué mi-novembre sur l’acquisition de 61% des actions de la plateforme de téléconsultations MesDocteurs.
Cette plateforme va ainsi ajouter à sa base de bénéficiaires les quelque dix millions d’assurés du mastodonte de la mutualité. Le groupe mutualiste se fixe pour objectif les deux millions de téléconsultations d’ici 2020. Les patients des établissements de soins mutualistes logés dans la structure Vyv Care pourraient aussi, dans un second temps, faire appel au service de MesDocteurs. Reste à savoir dans ce cas quel sera le modèle économique (lire l’encadré).
De leur côté, dès 2016, les mutuelles étudiantes Smerep et LMDE mais aussi Intériale, avaient annoncé la mise à disposition d’un service de consultation connectée grâce à la start-up H4D qui met à disposition une cabine connectée.
Toutes les conditions matérielles sont désormais en place pour que le nombre de personnes faisant appel aux téléconsultations explose en 2018. Le fondateur de MédecinDirect, François Lescure, confirmait déjà en octobre que l’usage de la téléconsultation médicale avait très fortement augmenté ces derniers mois, alors que les modalités de prise en charge de la télémédecine sont au programme de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2018.
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_text_separator title="Encadré" color="orange"][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Un modèle économique qui reste à imaginer
Les services de télémédecine sont dispensés par des médecins salariés chez les assisteurs tandis que les plateformes payent des libéraux, spécialistes et généralistes, en fonction du temps passé, à un taux horaire classé secret défense. Les assureurs ne sont pas facturés en fonction du nombre de téléconsultations – gratuites pour les assurés – mais s’acquittent d’une cotisation par assuré, qui varie de quelques dizaines de centimes à quelques euros. Pour l’instant, comme les assurés faisant appel à la téléconsultation sont très rares, à raison de 15 centimes d’euros par tête et par mois, soit 1,8 euro par an, ce modèle permet de dégager 180 euros pour cent assurés. Mais dès que le taux va progresser, le coût va augmenter et le modèle devra être redéfini. Le PLFSS 2018 qui prévoit de négocier sur les téléconsultations va aussi rebattre les cartes.
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