T. Beaudet : « Nous demandons une baisse de la pression fiscale pour aboutir au RAC 0 »

vendredi 15 décembre 2017
Image de T. Beaudet : « Nous demandons une baisse de la pression fiscale pour aboutir au RAC 0 »

INTERVIEW- Thierry Beaudet détaille les orientations que le conseil d'administration de la Mutualité française a prises à l'unanimité pour peser sur les négociations sur le reste à charge zéro. La FNMF demande notamment de baisser la TSA pour les complémentaires et la TVA sur les lunettes en optique.

Quelle est la position de la Mutualité française sur le zéro reste à charge ?

Le conseil d'administration a décidé à l'unanimité de définir une position commune. Nous pensons qu'un chemin est possible pour atteindre le reste à charge zéro, mais ce chemin est étroit. D'abord, cela ne peut concerner tous les soins, mais uniquement un panier de soins nécessaires et de qualité. Pour que cela fonctionne, il faut que tout le monde s'engage. D'un côté, les professionnels de santé doivent se mobiliser sur les prix pratiqués. Ensuite, les financeurs au premier rang desquels il y a les complémentaires, car nous sommes les premiers financeurs.

Quelles sont vos demandes vis-à-vis des pouvoirs publics ?

L'Etat a le levier de la fiscalité. En optique, par exemple, nous demandons à l'Etat de réduire la TVA pratiquée sur les verres de 20% à 5,5%. En ce qui nous concerne, les complémentaires sont soumises à une TSA à 13,27%. On pourrait moduler cette taxe de solidarité additionnelle à la baisse, en fonction des efforts consentis pour aboutir à un reste à charge zéro.

L'Etat pourrait également plafonner le prix de certains soins. Qu'en pensez-vous ?

Pour nous, la liberté doit être au cœur de notre système de santé. Au-delà du panier de soins nécessaires accessible pour tous, il faut maintenir des espaces de liberté pour tous les acteurs. Les professionnels de santé doivent pouvoir proposer des alternatives, et des innovations. Nous, complémentaires, nous souhaitons pouvoir proposer des garanties différenciées pour proposer des offres adaptées.

Cela pourrait-il passer par une nouvelle réglementation ?

Nous demandons au gouvernement de faire confiance aux acteurs pour travailler ensemble afin de définir le juste soin et le juste prix. Nous préférons la contractualisation entre les acteurs à la réglementation.

Suite à votre annonce d'augmentation des cotisations de 2 à 4%, la ministre de la santé a regretté publiquement vos propos. Quelle est votre réaction ?

Je pense que nous ne parlions pas du même sujet. Je parlais de l'impact du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, alors que la ministre évoquait les discussions sur le reste à charge zéro qui viennent de s'ouvrir. Avec un ondam à 2,3%, les dépenses de santé de l'assurance maladie obligatoire vont augmenter. Les dépenses des complémentaires vont suivre la même tendance. Nous avons estimé l'impact du PLFSS à 1 milliard d'euros pour les complémentaires, d'où la hausse de tarifs.

Intériale a décidé de quitter Mutualité Fonction Publique. Quel est votre avis sur la situation de la MFP ?

J'ai toujours pensé que les mutuelles sont plus fortes quand elles sont unies. J'observe qu'il y a des tensions au sein des mutuelles de la fonction publique, mais je pense qu'elles ont un certain nombre de spécificités à faire valoir à l’égard de l'Etat employeur. Il faut que les agents de la fonction publique puissent être représentés. La MFP est toujours en capacité de le faire.

L'assemblée nationale a également approuvé la fin du régime étudiant pour 2018. Quel sera le rôle des mutuelles étudiantes dans ce nouveau scénario ?

Je continue de penser que les mutuelles ont un rôle très important à jouer en matière de prévention. Les étudiants sont particulièrement exposés aux conduites à risque, aux addictions, aux maladies sexuellement transmissibles... Les actions de prévention ne peuvent pas se mener aux horaires d'ouverture de l'assurance maladie ! C'est le soir, le week-end et à la sortie des boîtes de nuit, les moments où il faut être présent. Je veux penser que les pouvoirs publics vont donner les moyens aux mutuelles étudiantes de continuer à mener des actions de prévention. Ce sont elles également les mieux placées pour informer les étudiants du fonctionnement du système de santé et de leurs droits.

Contenus suggérés