Invité de l'Association nationale des journalistes de l'Assurance (Anja), Thierry Derez, PDG de Covéa a eu l'occasion de revenir sur l'actualité du groupe aussi bien sur ses ambitions à l'international que sur les premiers enseignements de la crise.
« Le groupe se porte correctement dans le contexte actuel, a lancé en préambule Thierry Derez, PDG du groupe Covéa. Mais il existe encore de nombreuses incertitudes sur les conséquences de la crise économique et l'altération de la masse assurable. Je crains notamment que les faillites des entreprises soient devant nous ».
Selon le dirigeant, le groupe aurait engagé quelque 400M d'euros au titre de la perte d'exploitation pour les entreprises touchées par la crise et couvertes. « A partir du moment où nous avons un engagement contractuel, nous l'exécutons », a-t-il affirmé. Pour autant, ce chiffre de 400M d'euros reste approximatif « car dans beaucoup de dossiers nous sommes encore en expertise et nos experts sur cette question bien particulière sont en nombre limité. Il y a une forme d'engorgement", précise Thierry Derez. Les autres mesures de soutiens aux sociétaires des différentes marques de la Sgam représentent une enveloppe qui avoisine les 350M d'euros.
« Nous avons gagné des sociétaires en 2020 »
Revenant sur la polémique des avenants envoyés aux entreprises et largement dénoncés par la classe politique, le patron de la Sgam affirme qu'ils ont été acceptés par 75% des PME et des pros. « D'autres réfléchissent encore à signer ou non et certains les refusent tout simplement », selon Thierry Derez qui ajoute que le groupe comptera plus de sociétaires fin 2020 que fin 2019, aussi bien en pro qu'en particulier. « 2020 se caractérise par une grande fidélité de nos assurés ».
« Le tribunal de commerce a éludé le sujet central »
Interrogé sur le jugement du tribunal de commerce de Paris dans l'affaire qui l'oppose à Scor, Thierry Derez a rappelé que le groupe avait fait appel de la décision. « Le jugement contourne ce qui est le sujet central de cette affaire, à savoir l'intérêt de Scor. Après avoir éludé ce sujet, il s'est focalisé sur des questions de règlement intérieur. Si le rôle d'administrateur doit se limiter à celui d'un simple enregistreur, alors c'est un rôle bien pauvre », analyse le dirigeant mutualiste.
Pour autant, les déboires avec Scor et l'échec du rapprochement avec Partner Re n'ont pas réduit son appétit de croissance externe. « Nous avons une stratégie et nous considérons que le segment de la réassurance est utile et judicieux pour se développer. Mais en ce moment, nous rencontrons des problèmes de lecture des évolutions du marché », indique-t-il. Et campé sur cette stratégie de croissance à l'international, Covéa ne trouve pas d'intérêt dans le dossier d'Aviva France. « Tout d'abord parce qu'au moment du rapprochement de Maaf, MMA, Azur et GMF, l'Autorité de la Concurrence nous a clairement fait comprendre que nous étions à la limite en termes de part de marché. Le message implicite est que nous ne sommes pas autorisés à procéder à de la croissance externe en France. Autrement dit, reprendre les activités d'Aviva France nous demanderait de nous séparer de certains de portefeuilles. Ce serait un jeu à somme nulle. A cela s'ajoute le fait qu'Aviva est très présente sur les activités vie et épargne. Nous considérons que nous développer sur les fonds euros n'est pas une bonne idée ».
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