Ukraine / Russie : Les expatriés sont-ils toujours couverts ?
La France compte près de 5.000 expatriés en Russie contre 1.000 en Ukraine. Depuis plusieurs jours, courtiers, assureurs et assisteurs travaillent à trouver des solutions pour faciliter les rapatriements ou continuer à couvrir la santé des Français restés sur place.
Depuis le début de l’offensive militaire russe en Ukraine, les entreprises françaises présentes dans les deux pays s’interrogent quant au sort de leurs salariés sur place. Fin 2021, le registre consulaire faisait état de 4.767 Français vivant en Russie et de 999 ressortissants tricolores en Ukraine).
« MSH International compte quelques milliers d’expatriés présents en Russie, principalement dans le secteur de l’énergie, ainsi qu’en Ukraine dans les secteurs industriels, financiers ou humanitaires. A ce jour plusieurs entreprises françaises présentes en Ukraine ont demandé à leur personnel expatrié de quitter le pays, même si certains salariés ont souhaité rester sur place, pensant sans doute que la crise n’allait pas durer », explique Laurent Cochet, directeur exécutif adjoint de MSH International.
De son côté, April International enregistre aussi quelques expatriés présents en Ukraine que le courtier a joint dès la semaine dernière pour savoir quelle était leur situation. « Certains ont déjà quitté le pays sur demande du gouvernement ou de leurs entreprises, très peu y sont encore, certains n’ont pu être contactés. Nous déclenchons le même process en Russie même si la situation y est un peu différente », précise pour sa part Isabelle Moins, la directrice d’April International.
Rapatriements complexes
Alors que l'Union européenne a annoncé il y a quelques jours sa décision de fermer sans délai l'espace aérien européen aux avions et compagnies aériennes russes, les solutions de rapatriement se sont complexifiées ces derniers jours. « Concernant les demandes de rapatriements, nous travaillons avec notre assisteur à la mise en place d’une billetterie dédiée, mais les restrictions de vols à destination de l’Europe rendent les choses complexes. Nous avons également débloqué des fonds avec l’Association des assurés April pour venir en aide aux personnes qui n’ont pas les moyens de financer leur retour », poursuit Isabelle Moins.
Face à des options de vols très restreintes, MSH International indique pour sa part essayer de trouver des solutions, notamment par la route vers la Pologne. « Aujourd’hui les aéroports sont saturés même si cela reste encore relativement facile de sortir de Russie », indique-t-on chez l’assisteur IMA qui enregistre à ce jour 12 dossiers sur la zone, dont 4 demandes de rapatriement.
Pour l’heure le SNSA s'est mis à la disposition du MAE sans pour autant déclencher sa cellule de crise. Sur place, si le nombre de dossiers demeure faible, les assisteurs restent mobilisés, notamment via leurs correspondants. International SOS a par exemple indiqué avoir déménagé son équipe de gestion des incidents en Pologne au début de la crise pour continuer à prendre en charge ses clients.
Du côté d’Inter Mutuelles Assistance, le correspondant russe de l’assisteur opère désormais depuis Chypre quand celui d’Ukraine s’est installé en Roumanie.
Garanties acquises
Malgré le caractère exceptionnel et de la situation, les expatriés restés en Ukraine ou en Russie continuent malgré tout d’être couverts. « Concernant les contrats, les clauses sont très claires. Les garanties sont acquises y compris en temps de guerre, sauf si l’assuré fait preuve d’une participation active au conflit. Ainsi, si l’un de nos assurés est blessé par une balle perdue ou lors d’une évacuation, il sera couvert dans la grande majorité des cas par son contrat santé et prévoyance », explique Laurent Cochet. Certains contrats comportent néanmoins des exclusions, notamment lorsqu’un pays est classé en rouge par le ministère des Affaires Étrangères, ce qui est le cas aujourd’hui pour l’Ukraine mais pas pour la Russie.
« Nous travaillons avec les assureurs pour que ces derniers puissent accepter, au cas par cas, d’activer certaines conditions dans les contrats. Dans ce type de situation, certains porteurs de risques peuvent par exemple faire jouer des clauses spécifiques, notamment pour des retours anticipés », précise de son côté Isabelle Moins.
Vigilance sur les transactions
Autre élément à prendre en compte pour les courtiers, assureurs et assisteurs qui travaillent actuellement sur place, les conséquences des nombreuses représailles, notamment financières engagées contre la Russie ces dernier jours. « Nous sommes aussi extrêmement vigilants aux sanctions, notamment économiques, prises contre les intérêts et les structures financières russes. En tant que délégataire de gestion pour certains de nos assureurs, américains en tête, nous veillons scrupuleusement ainsi à ne pas faire transiter d’argent via des organismes bancaires aujourd’hui suspendus. Néanmoins, nous gardons des partenaires locaux capables d’assurer le paiement des prestations de santé à nos assurés via d’autres canaux », conclut Laurent Cochet.
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