Vinicio Cellerini : "Le métier d’assureur est un métier d’avenir !"
TRIBUNE – Vinicio Cellerini, directeur général France de Zurich Insurance, jette un oeil sur l'année 2022 des grands risques et se projette sur 2023. Cette tribune est publiée dans notre magazine sur le Bilan 2022 de l’assurance.
La fragmentation sociale, économique et géopolitique aura atteint en 2022 des niveaux très élevés, avec une poussée des extrêmes remettant en cause jusqu’au principe même de la démocratie et un retour de la guerre dans un continent en paix. L’effet collatéral de ces chocs est de provoquer l’éveil de nos sociétés pour la compréhension des risques globaux.
Dans une économie mondialisée et interconnectée, où les enjeux évoluent à grande vitesse vers une complexité toujours plus grande, l’impact des crises à venir est de plus en plus difficile à anticiper. Dès lors, la question se pose de savoir comment assurer l’inassurable que représentent le changement climatique, les nouvelles technologies, les cybermenaces, les risques sociaux et géopolitiques.
Devant ces enjeux nouveaux, la mission de l’assureur est d’intégrer l’évolution de la société, dans toutes ses dimensions, d’autant que l’augmentation du gap de protection qui affecte le secteur de l’assurance nous oblige à nous armer différemment. En ébranlant notre business model, le développement de l’univers des risques est un défi qui touche le cœur même de notre activité.
Les assureurs sont donc plus utiles que jamais, jouant un rôle central face à l’augmentation des besoins de couverture. Pour réduire le déficit de protection, c’est sur la demande que l’on doit concentrer nos efforts, afin de réduire les besoins, en associant toutes les parties prenantes, grandes et petites, privées et publiques.
Sans innovation, ces efforts n’auront pas d’effet. Ainsi, chez Zurich, nous concentrons notre innovation sur trois domaines clés : le digital, les données et les plateformes. En tant que « start-up âgée de 150 ans », nous nous appuyons sur la bonne technologie pour construire des solutions globales pour nos clients. Si les données sont souvent décrites comme un avantage concurrentiel, pour nous l’enjeu va au-delà d’une simple amélioration de l’efficacité et de la réduction des coûts : les données jouent également un rôle clé pour la prévision et l’établissement de mesures préventives.
Si l’innovation interne joue un rôle essentiel, il en va de même pour l’innovation externe, pour laquelle la collaboration avec les penseurs est pour nous indispensable. C’est pourquoi nous avons lancé un tournoi mondial de start-up, le Zurich Innovation Championship, qui a rassemblé plus de 2 700 candidats dans sa dernière version.
Jusqu’à présent, les clients nous contactaient lorsque les choses allaient mal et l’assureur réglait les sinistres. Aujourd’hui, les assureurs ont une vision plus large, pour aider leurs clients à éviter que le pire ne se produise. Nous voulons également jouer un rôle où nous répondons aux attentes croissantes de nos clients sur les questions sociales et humaines.
La meilleure assurance contre les risques globaux est notre capacité à nous transformer vers la durabilité. Chez Zurich, nous refusons d’accepter un monde où l’inertie est la norme. En tant que signataire de l’engagement «Business Ambition for 1.5°C» et en tant que membre de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA) des Nations unies, nous comprenons que les actions parlent plus fort que les mots, et nous nous engageons à être l’une des entreprises les plus responsables et ayant le plus d’impact au monde. Les membres de la NZIA se sont engagés à faire évoluer leurs portefeuilles de souscription vers des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici à 2050, afin de contribuer à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
Notre métier apporte de fait une connaissance intime et scientifique des risques ; il nous oblige donc à anticiper les grandes transformations, d’agir comme des éclaireurs, ouvrant la voie aux autres acteurs, à travers la sensibilisation, la prévention et la résilience. Face à l’ampleur exponentielle des chocs, nous devons remodeler nos méthodes de gestion des risques en travaillant plus en amont avec nos clients.
Plus que dans tout autre secteur, les données seront au cœur de notre métier. C’est l’esprit qui a animé la création par Zurich du nouveau service « Climate Change Resilience Services », qui s’appuie sur l’expertise de climatologues qui ont participé à différents rapports du GIEC. Grâce aux données, nous pouvons projeter l’exposition aux catastrophes naturelles de nos clients sur une période de 10, 15 ou 30 ans en combinaison avec des scénarios d’augmentation de la température de 1,5%, 2% ou 3%... afin par exemple de simuler l’impact potentiel sur le niveau des océans. Pour les risques complexes, l’amélioration des données agit comme un catalyseur pour renforcer la résilience de nos clients.
Enfin, en qualité d’investisseurs dans les économies, les assureurs bénéficient d’un effet de levier important pour ouvrir la voie au changement et accélérer la double transition écologique et digitale, en les finançant.
Notre engagement est fort et concret. Nous pensons qu’il est moins efficace de se séparer d’entreprises ayant une forte empreinte carbone que de travailler ensemble pour encourager l’adoption de pratiques durables. Investir avec du capital patient nous permet de garantir une performance durable et à long terme pour nos clients, au service de la transition environnementale et sociale.
Nous ne pouvons plus nous contenter d’atténuer les conséquences de l’inaction en matière de climat. Notre mission est de protéger les actifs aujourd’hui pour mieux repenser leur usage demain.
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