Dans le cadre des NAO, la direction d’Axa a décidé d’allouer une augmentation générale à ses salariés basés en France, y compris les cadres. Et une prime de partage de la valeur (PPV) de 1.000 euros, réservée aux collaborateurs avec une rémunération inférieure à 65.000 euros.
Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), la direction d’Axa a soumis à signature un accord d’entreprise qui intègre des mesures fortes en faveur du pouvoir d’achat des collaborateurs. Cet accord cadre concerne le regroupement des sociétés du groupe (RSG) et doit ensuite être décliné au sein de chaque filiale. Selon nos informations, la CFE-CGC et l’Unsa vont signer l’accord, tandis que CFDT a décidé de s’abstenir.
Dans la foulée, Axa France a, de son côté, soumis à signature un autre accord NAO qui reprend point par point les dispositions de l’accord cadre. Elles seront effectives dès le 1er janvier 2023.
Augmentation générale pour tous
Pour les non-cadres, Axa a prévu une augmentation générale de 3,5% de la masse salariale et une enveloppe de 1,5% pour les augmentations individuelles. Le plancher pour les augmentations générales est de 1.200 euros.
La grande nouveauté de cet accord concerne les salariés cadres qui avaient été jusqu’à présent exclus des mesures générales chez Axa. L’entreprise a prévu une augmentation générale de 3% de la masse salariale, plafonnée à 1.800 euros, ainsi qu’une enveloppe de 2% consacrée aux augmentations individuelles.
PPV sous conditions
Par ailleurs, les organisations syndicales avaient demandé une mesure ponctuelle sur l’année 2022 afin d'aider les collaborateurs à faire face aux conséquences de l’inflation. La direction a accepté de verser une prime de partage de la valeur de 1.000 euros aux collaborateurs avec un an d'ancienneté, y compris les alternants. Les salariés ayant travaillé moins de 12 mois dans l’entreprise percevront 200 euros de PPV. En revanche, la prime de partage de la valeur ne s’applique qu’aux salariés avec une rémunération inférieure à 65.000 euros par an.
Augmentation des primes variables
Enfin, Axa France a prévu d’augmenter de 5% les primes d’équipe des salariés non-cadres. Ce complément de revenu représente une part variable de rémunération en fonction d’objectifs préétablis.
Avec le soutien de la CFE-CGC et l'UNSA
Deux des trois organisations syndicales représentatives au niveau du RSG, à savoir CFE-CGC et UDPA-UNSA, ont décidé de signer l’accord. A deux, elles représentent 55% des salariés.
« C’est un accord extrêmement attendu qui permet de limiter les effets de l’inflation que les salariés d’Axa subissent depuis le 1er semestre 2022. C’est aussi un accord équitable qui ne laisse personne au bord de la route. L’UDPA a demandé que la prime de partage de la valeur soit aussi versée aux salariés commerciaux, qui sont souvent oubliés de la politique salariale. Nous avions demandé une hausse des salaires au niveau de l’inflation. Avec une enveloppe de 5%, la hausse des rémunérations variables et la PPV, nous y sommes presque. Nous restons vigilants sur l’évolution de l’inflation pour 2023. Nous pouvons uniquement déplorer qu’il n’y ait pas de clause de révision prévue pour juillet 2023 », déclare Marie-Laure Marchand, coordinatrice adjointe de l’UDPA-UNSA.
« La négociation a été difficile et nous avons négocié jusqu'à la fin. Nous avons réussi à faire bouger les lignes avant-hier. La direction a accepté notre demande de réévaluer les montants maximum pour les augmentations générales. Ils sont passés de 1.700 à 1.800 euros. A la dernière minute aussi, nous avons élargi le nombre de salariés éligibles à la PPV. Elle sera versée aux collaborateurs gagnant moins de 65.000 euros, contre 60.000 euros encore avant-hier », se félicite Philippe Surbled, délégué central CFE-CGC, qui rappelle l'ensemble de mesures prises par la direction ces derniers mois.
En novembre, Axa France a pris une décision unilatérale afin d'augmenter de 10% les tickets restaurants. L'indemnité télétravail est passée de 20 à 30 euros par mois. Cela représente 833 euros net par collaborateur par an, selon la direction.
« Nous nous félicitons du nouvel accord salarial 2023 qui s’inscrit dans la poursuite de notre politique de rémunération fondée sur la reconnaissance de la performance, l’équité, et la préservation du pouvoir d’achat dans un contexte économique et social exigeant », déclare Amélie Watelet, directrice des ressources humaines d’Axa France.
La CFDT insatisfaite
La CFDT, en revanche, a décidé de ne pas donner son soutien au texte ni au niveau du groupe ni chez Axa France. En revanche, dans des filiales où la CFE-CGC et l’UNSA sont absentes, la CFDT a donné comme consigne à ses représentants de valider l’accord.
« Les propositions de la direction sont loin de la demande initiale. Les salariés avec une rémunération supérieure à 65.000 euros n’auront pas de prime de partage de la valeur. Le montant de la PPV de 1.000 euros nous paraît insuffisant au regard de ce qui est fait par ailleurs chez Allianz France, par exemple. Enfin, notre position est le résultat du durcissement du dialogue social chez Axa France », précise Thierry Tisserand, secrétaire général de la fédération CFDT banques et assurances.
« Nous ne signons pas le texte pour trois raisons. L’accord ne contient aucune mesure de rattrapage en augmentation générale pour 2022. Pourtant, au regard de l’inflation, nous avions demandé en juillet dernier à la direction de revoir l’accord conclu en février. La direction a joué la montre et souhaité négocier pour 2023. La deuxième raison de notre opposition sont les excellents résultats du groupe qui contrastent avec les mesures NAO. Enfin, le texte ne contient pas de clause de revoyure. Or, les prévisions d’inflation sont telles, qu’il est évident que les salariés vont s’appauvrir et perdre en pouvoir d’achat. C’est la raison pour laquelle avec la CGT nous lançons un appel à manifester chez Axa France le 6 décembre entre 12h et 14h », souligne Bernard Bosc, coordinateur syndical national CFDT du groupe Axa.
Les conditions de FO
Au niveau d’Axa France, Force Ouvrière considère que « le compte n’y est pas. Mais l’accord est mieux que rien ». Le syndicat a interrogé sa base et uniquement 58% de ses adhérents pensent qu'il doit signer le texte. FO a demandé à la direction de revoir sa copie. Il ne signera que si la direction respecte trois conditions. « Nous demandons que les salariés avec une rémunération supérieure à 65.000 euros par an puissent percevoir également la prime de partage de la valeur. Nous exigeons par ailleurs que le texte prévoie une clause de revoyure en cas d’évolution de l’inflation. Enfin, nous demandons d’étendre le plancher d’augmentation générale de 1.200 euros aux salariés de classe 5 », déclare Philippe Genesse, délégué central FO chez Axa France.
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