Axa XL : "Il y a une demande d’assurance des œuvres NFT"
INTERVIEW - Daphné de Marolles, responsable souscription, art & specie and private clients pour AXA XL en France, revient sur la demande d'assurance autour des œuvres d'art numériques dites NFT.
Quels sont aujourd’hui les périmètres et les types d’objets d’art couverts par Axa XL ?
Notre département Art couvre la création artistique dans son ensemble. Cela peut aller de la protection des collections, qu’elles soient permanentes ou temporaires, les collections familiales ou les évènements culturels quels qu’ils soient. Nous assurons également les particuliers avec des garanties standard qui, pour une prime forfaitaire annuelle de 500 euros, couvrent des valeurs allant jusqu’à 200 000 euros.
Nous intervenons tant sur la prévention et la sécurisation des œuvres que leur transport, en passant par la restauration ou l’indemnisation de ces dernières en cas de sinistre.Une dimension importante de notre département s’inscrit aussi dans les actions de mécénat du Groupe Axa ou de rénovation (château de Versailles, Arc de Triomphe, etc). Nous sommes également partenaires de grands évènements culturels comme la TEFAF qui s’est tenue il y a quelques jours à Maastricht.
Comment est composé aujourd’hui le portefeuille d’objets d’art d’Axa XL ?
Nous accompagnons tous les passionnés d’art, qu'il s'agisse de particuliers ou d’entreprises. Nous accompagnons par ailleurs les professionnels de l’art, qu’il s’agisse des musées, galeries d’art, antiquaires, maisons de vente aux enchères ou encore les ateliers d’artistes. Nous proposons enfin une autre ligne de produit qui permet d’accompagner les risques liés aux valeurs, que ce soit pendant leur stockage ou durant leur transport. Il peut s’agir d’assurer un bijou de la mine jusqu’à son coussin mais nous sommes également en capacité de couvrir des chèques déjeuner par exemple, notre portefeuille étant extrêmement varié.
Quel est votre regard sur les nombreuses œuvres visées dernièrement par des activistes ?
Ces actes de vandalisme sont aujourd’hui couverts dans le cadre des contrats. Les œuvres visées sont souvent protégées par des vitrines. Les conséquences matérielles sont généralement donc minimes.
Sur ce type d’œuvres symboliques, la protection est le premier critère à observer. La Joconde a par exemple été protégée bien avant même sa première attaque. Mais il n’est pas toujours facile de trouver le bon équilibre entre protection stricto sensu de l’objet et préservation de sa dimension émotionnelle. Si la valeur d’une œuvre va évidemment jouer, elle peut être sensible à bon nombre d’autres facteurs comme la lumière par exemple…
Les œuvres NFT (non-fungible token) ont aujourd’hui le vent en poupe. Un jeton cryptographique stocké sur une blockchain permet de rendre une œuvre d'art numérique unique. Peut-elle être assurée ?
Avec les NFT, ce qui apparaissait il y a quelques années comme des démarches plus spéculatives qu’artistiques évolue. Les NFT représentent aujourd’hui réellement une forme d’art, et le fait que de grandes maisons comme Christie’s ou Sotheby’s organisent des ventes autour de ces objets virtuels les crédibilise.
Les NFT permettent d’authentifier, de tracer et de matérialiser de manière sécurisée une œuvre. Il est donc nécessaire d’analyser les risques et les besoins de cette nouvelle tendance. Nous sommes actuellement dans une phase de cartographie et de compréhension de cette nouvelle démarche car il y a une demande d’assurance des NFT sur le marché, même si pour l’heure il n’y a aucune offre mondiale existante.
Il y a une réflexion de marché sur la technologie et sur l’expertise autour de ce type d’œuvres. Les assureurs travaillent sur une cartographie des risques et sont attentifs à l’évolution des prix autour de ces objets. Pour l’heure, il n’existe pas d’expert d’assurance sur les NFT mais une démarche de la capacité à analyser les traces informatiques dans la blockchain, notamment autour des questions de propriété, est en cours.
La difficulté réside aujourd’hui dans l’établissement des garanties et l’évaluation des dommages. Si les objets d’art classiques peuvent subir des dommages matériels palpables, c’est plus complexe sur les NFT. De la même manière, les NFT sont plus sensibles aux vols numériques ou aux attaques cyber.
Concernant les expositions temporaires, comment estimez-vous les valeurs et leurs limites de garanties ?
Pour ce type d’expositions, soit les contrats annuels établis avec les musés sont suffisants, soit les valeurs dépassent les limites prédéterminées, charge alors aux courtiers de trouver de la capacité supplémentaire. Le transport et la répartition des valeurs va alors entrer en ligne de compte pour recalculer ces limites.
Pour les collections permanentes, c’est un peu différent. D’abord parce que l’État est son propre assureur, puis parce que les assureurs privés peuvent assurer d’autres frais, comme ceux liés aux restaurations d’œuvres sinistrées.
Quoiqu’il en soit, le risque principal réside dans la manipulation, l’emballage et le transport qui sont autant d’occasions d’endommager ces objets.
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