L’Association de Maires de France et la Mutualité Française publient un baromètre afin de mettre en évidence les disparités territoriales d’accès aux soins en France.

L’AMF et la Mutualité Française publient la première édition du baromètre santé-social. Les mutuelles et les communes s’associent pour analyser l’offre de santé dans les territoires, sous trois angles : l’accès aux soins, la santé environnementale et l’action sociale.

Concernant l’offre de soins, le baromètre rappelle la moyenne de 151 médecins généralistes pour 100.000 habitants en France et les disparités entre l’Eure (94 médecins) et les Hautes Alpes (248 médecins). « En 2018, 7,4 millions de personnes, soit 11,1% de la population, résident dans une commune où l’accès à un médecin généraliste est potentiellement limité », signale le baromètre. En deux ans, le nombre de personnes résidant dans des déserts médicaux a augmenté d’1,7 million. En sus, le baromètre souligne qu’un tiers des médecins généralistes est âgé de plus de 60 ans, ce qui pose question sur le renouvellement générationnel de la population médicale dans un contexte de vieillissement de la population.

Trois quarts des médecins libéraux spécialistes pratiquent des tarifs maîtrisés, mais avec des fortes disparités entre les départements. En Île-de-France et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les tarifs sont les plus élevés. Le baromètre analyse également le temps d’attente aux urgences. Le temps de passage, recouvrant l’attente et la prise en charge, atteint deux heures pour la moitié des patients.

Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, pense que la téléconsultation et la télémédecine peuvent venir renforcer l'offre de soins : "Beaucoup de freins étaient mis à la téléconsultation avant la pandémie. L'explosion de l'usage pendant la crise a montré que la téléconsultation est un outil supplémentaire intéressant, qui ne doit pas se substituer à la médecine humaine. En revanche, dans certains contextes, la télémédecine a montré toute sa pertinence. Par exemple, elle permet d'éviter de transporter des personnes vieillissantes en Ehpad. En combinant technologie et proximité humaine, nous allons tirer tous les bénéfices de cette innovation".

Des indicateurs territoriaux sur la santé environnementale

Sur le chapitre de la santé environnementale, le baromètre analyse la qualité de l’air extérieur, l’exposition au radon (gaz radioactif cancérigène), le taux de mortalité par cancer du sein ou le taux d’incidence de la puberté précoce, département par département. Les cartes sont très parlantes et montrent qu’il existe une prévalence importante sur certains cancers en fonction de la région de résidence.

Sur le chapitre d’action sociale, le baromètre montre des disparités importantes sur l’offre d’Ehpads pour les personnes âgées en perte d’autonomie ou de crèches pour la petite enfance. « Le taux d’équipement en établissement pour personnes âgées s’établit en France à 124,3 places pour 1000 personnes de 75 ans et plus à fin 2018 », indique le baromètre. Les départements ruraux sont mieux dotés.

Des inégalités sur l'offre de crèches

Concernant l’accueil de la petite enfance, Au niveau national, 58,9 places pour 100 enfants de moins de 3 ans sont disponibles en mode d’accueil formel (individuel ou collectif). « Les différences territoriales sont très importantes. Ainsi, en Seine Saint-Denis, 32% seulement des enfants de moins de trois ans sont accueillis par un mode d’accueil formel », souligne Séverine Salgado, directrice santé de la Mutualité Française.

Pendant la présentation à la presse du baromètre, Thierry Beaudet a réitéré son opposition aux mutuelles communales : "Le plus important dans une mutuelle c'est la mutualisation. Je comprends la logique de la mutuelle communale, mais si cela veut dire de réunir des personnes fragiles, avec peu de ressources et très exposées aux risques de santé, je ne sais pas comment on va rendre la couverture accessible pour bien couvrir ces personnes".