La deuxième édition du baromètre santé et social de la Mutualité Française et de l’Association des maires de France (AMF) constate une dégradation de l’accès aux soins.
La deuxième édition du baromètre santé et social de l’Association des maires de France (AMF) et la Mutualité Française fait état d’une dégradation de l’offre de soins. Huit Français sur dix (87%) habitent dans un désert médical. En moyenne, il y a 147 médecins généralistes pour 100.000 habitants en France, en baisse de 2% par rapport à 2019. La France a perdu 1.900 médecins généralistes en trois ans.
De plus, le renouvellement n’est pas garanti puisqu’un médecin sur trois a plus de 60 ans. « Malgré la décision prise il y a cinq ans de mettre un terme aux numerus clausus sur les écoles de médecine, on voit encore s’infléchir le nombre de médecins. Ce sera probablement encore le cas lors du prochain baromètre car cela prend du temps », observe Éric Chenut, président de la Mutualité Française.
Inégalités persistantes
L’offre de soins est très inégalement répartie. Les disparités territoriales perdurent. Seulement 18% des zones rurales sont suffisamment dotées, contre 31% des zones urbaines. Dans certains départements l’offre de soins s’est améliorée. C'est le cas des Hautes-Alpes, du Morbihan, des Landes ou des Pyrénées-Atlantiques. Dans d’autres, elle a reculé, comme en Guyane (-10%), dans la Creuse (-11%), la Haute-Marne et les Alpes-de-Haute-Provence (-10%), ou encore la Seine-Saint-Denis (-9%).
La situation est d’autant plus préoccupante que le nombre de médecins libéraux inscrits dans la permanence de soins a été divisé par deux en trois ans. Ils ne sont que 38%, contre 73% en 2019.
Pour faire face à toutes ces difficultés, l’AMF comme la Mutualité Française insistent sur l’importance « d’instaurer une responsabilité collective et partagée entre l’ensemble des acteurs de santé (reposant sur tous les professionnels de santé et établissements de santé, et non uniquement sur les médecins généralistes) ».
Éric Chenut a insisté sur « l’approche territorialisée » afin de faire évoluer le système de santé. Le président mutualiste a appelé de ses vœux « un changement culturel pour que l’on cesse d’avoir peur sur l’utilisation de la data pour pouvoir faire de la prévention personnalisée ». Concernant l'avenir du système de protection sociale, Éric Chenut a pointé un « enjeu d’efficience et sur la gestion du risque », l’importance de « lutter contre les soins inefficaces et l’errance thérapeutique ».
La FNMF toujours opposée aux mutuelles communales
Interrogé sur le développement des mutuelles communales, Éric Chenut s’est montré perplexe. « Un certain nombre d’acteurs mutualistes ont répondu aux appels d’offres lancés par les mairies, des intercommunalités et quelques fois des régions. Force est de constater que ce qui marche le mieux c’est quand il y a une articulation entre une réponse assurantielle et une offre de soins, qu’elle soit publique, associative ou mutualiste, qui permet aussi de réduire au maximum le reste à charge, sans avoir des coûts qui s’envolent ».
Eric Chenut peine à imaginer que « des solutions alternatives permettront d’apporter des réponses qui aujourd’hui n’existeraient pas dans les couvertures individuelles telles qu’elles sont proposées ». Et ce dernier de constater que les dépenses de santé en France augmentent plus vite que la richesse nationale depuis vingt ans. En moyenne, elles grimpaient de 3,5% contre un peu moins de 2% pour la richesse nationale.
« L’effort individuel et collectif que l’on doit fournir pour se protéger en santé est plus important aujourd’hui qu’il y a vingt ans. En plus, nous observons une accélération de la dépense de santé depuis le covid. Cela doit nous amener à nous interroger sur comment demain ces couvertures santé resteront finançables, soutenables. Le président de la Mutualité Française souhaite notamment s’attaquer aux soins redondants et non indispensables.
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