Baromètre : La protection sociale des expatriés s'exporte mal

lundi 22 janvier 2018
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Aujourd'hui, les 2,5 millions de Français expatriés sont moins bien couverts en santé, prévoyance et assurance rapatriement qu'en 2015. En cause, le recours des entreprises aux « contrats locaux » et la place croissante des assurances privées locales.

La sixième édition du baromètre d'Humanis - Lepetitjournal.com sur la protection sociale des expatriés constate une baisse de la couverture santé, prévoyance et rapatriement des expatriés Français depuis des années. Par exemple, en 2015, 83% des Français qui partaient à l'étranger avaient une couverture santé tandis qu'en 2018, seulement 76% des expatriés interrogés ont une assurance santé complémentaire. Le taux de couverture en prévoyance et assurance rapatriement a baissé de 6 points en trois ans, passant de 42% à 36% et de 31% à 25% respectivement. Pourtant, 75% des Français expatriés considèrent que maintenir le lien avec le système de protection sociale français est très important.

Place au contrat local

Aujourd'hui, 85% des Français qui travaillent à l'étranger le font en « contrat local », et ne bénéficient pas des avantages liés au statut d'expatrié (logement de fonction, bonus salarial, prise en charge des frais de scolarité des enfants...).

En retraite, 53% des expatriés déclarent ne pas disposer d'aucune couverture retraite au-delà du régime local obligatoire. « Même si le niveau de couverture en retraite reste stable autour de 40%, nous constatons cette année un recours croissant à des systèmes privés locaux au détriment des systèmes privés français », pointe Sylvaine Emery, directeur des activités internationales d’Humanis. En effet, seulement un tiers (35%) choisit de cotiser à un système de retraite français : la retraite de base, la retraite complémentaire Agirc-Arrco ou un système privé, ou encore simultanément à plusieurs de ces dispositifs.

« Le marché est en pleine mutation du fait des mouvements de plus en plus locaux. Il existe aujourd'hui une frontière moindre entre l'assurance des expatriés et l'assurance locale pour le marché du collectif », indique Sylvaine Emery.

La mobilité international a le vent en poupe et les Français partent de plus en plus loin. Ainsi, seulement 37% des expatriés Français sont en Union Européenne et le pourcentage d'expatriés qui partent dans des pays hors Union Européenne s'accroît. L'Asie, le proche Orient, l'Amérique du Nord et certains pays d'Afrique progressent plus que l'Europe. « C'est inquiétant car les 63% des Français expatriés installés en dehors de l'Union européenne ne bénéficient pas des accords intracommunautaires, notamment en ce qui concerne la cotisation pour la retraite », affirme S. Emery.

Le groupe Humanis privilégie l'approche partenariale pour être présent au niveau local. Le groupe de protection sociale va prochainement annoncer un partenariat sur des grands contrats internationaux, avec un leader international de l'expatriation, pour se développer aux Etats-Unis.

Certaines branches s'emparent également du sujet de l'expatriation. Ainsi, celle des bureaux d'études techniques a introduit des règles sur la prévoyance des expatriés via un accord de branche. Celle du BTP a également introduit des obligations en santé vis-à-vis des employeurs qui envoient leurs salariés à l'étranger. « Peu de branches se sont emparées du sujet, en dehors de la protection sociale obligatoire, ces précédents pourraient amorcer une nouvelle tendance dans les années à venir et venir contre-balancer l'explosion des contrats locaux », indique Sylvaine Emery.

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