BHSI France : "En RC Pro, certaines activités nous semblent sous-tarifées"
INTERVIEW – Pour News Assurances Pro, Olivier Hamon (directeur lignes financières) et Alice Batchili (responsable de RC Pro et cyber) chez BHSI France font un point complet sur le marché de la RC Pro en France et sur leurs ambitions en la matière.
Vous lancez une offre RC Pro sur le marché. Pourquoi avoir choisi ce timing ?
Olivier Hamon – Depuis l’ouverture de notre branche lignes financières il y a 3 ans, nous avons toujours privilégié une approche de long terme. Nous sommes cependant arrivés dans un moment où le marché stressé manquait de capacités et nous avons donc favorisé l’accompagnement de nos courtiers. Depuis, la situation s’est stabilisée et nous avons mis au point notre offre RC Pro ce qui a toujours été notre objectif.
Alice Batchili – Nous avons commencé par développer les grands comptes en nous positionnant sur des lignes d’excess, ou en coassurance sur des premières lignes. Notre portefeuille est principalement composé de professionnels de la tech et du consulting ainsi que des prestataires de services. Nous proposons désormais une alternative solide pour des premières lignes tant sur des grands comptes que sur le segment du middle market.
Quelle est votre approche sur ce segment ?
AB - Le marché de la RC Pro est mature et les garanties sont standardisées. Notre approche consiste davantage en une rédaction claire et la plus compréhensible possible sur ce que nous souhaitons couvrir. Cela a été le fruit d’une étroite collaboration avec notre directrice sinistre, Katell Pouliquen.
Nous avons également souhaité délivrer des garanties de qualité notamment sur la garantie RC exploitation qui n’est pas qu’une simple extension mais bien une couverture à part entière correspondant aux standards offerts en RC Générale. Le choix a été fait de mettre en place une extension « frais de prévention » qui englobe des « frais d’atténuation du risque » et une garantie « factures impayées » pour limiter les coûts et les réclamations en amont des sinistres.
Enfin, nous délivrons de manière affirmative une garantie pour les réclamations relatives à des fautes professionnelles consécutives à une atteinte cyber. Cela nous semblait nécessaire, notamment pour nos clients de l’industrie de la tech, pour qui la limite entre les couvertures RC Pro et cyber est floue.
Votre positionnement sur le middle-market peut-il vous permettre de cibler de nouveaux secteurs d’activité en RC Pro ?
AB - Nous ciblons principalement les entreprises de la tech, du marketing, du média et tous les prestataires de services. Nous pouvons également être amenés à étudier des professions règlementées, notamment sur des lignes d’excess. Nous n’avons pas d’interdits de souscription mais nous nous restreignons sur certaines activités liées aux crypto-monnaies.
Enfin, pour nous permettre d’être encore plus réactifs auprès de nos courtiers et clients, nous avons dernièrement recruté Nadia Ghrib pour soutenir notre croissance sur ce nouveau segment.
Le marché français de la RC Pro est-il selon vous sous-tarifé ?
AB - La RC Pro est souvent souscrite par des souscripteurs de RC générale, les principaux acteurs du marché ayant regroupé ces deux produits au sein de leur département RCG. Ainsi, certains proposent de la RC Pro aux mêmes conditions que la RC générale et donc à de trop faibles taux, des franchises trop basses et en délivrant beaucoup de capacités.
Toutefois, depuis quelques années, il y a une prise de conscience chez certains assureurs qui comprennent peu à peu que la RC Pro nécessite une souscription différente. On voit donc apparaitre des sous-limites RC Pro, avec des franchises spécifiques, voir même des exclusions, par exemple sur les violations de brevets.
OH – Certaines activités comme les professions règlementées nous semblent sous-tarifées. C’est un marché de niche, très concentré, où peu d’assureurs sont présents en première ligne. Ces acteurs jouent donc sur leur volume rendant probablement efficace la mutualisation. Dans ce cadre contraint, nous apportons au marché des solutions sur mesure en excess pour des clients aux besoins spécifiques.
Quelles sont vos capacités sur ce risque et comment tarifez-vous ce risque ?
AB - BHSI dispose de 15M d’euros de capacité par contrat et délivre en moyenne 10M d’euros. L’enjeu sur cette typologie de risque c’est que l’on couple deux types de garanties : la RC exploitation avec de petits risques de fréquence et la RC Pro avec de réels risques d’intensités et des vrais sujets de type « diffamation » ou de « propriétés intellectuelles ».
Aujourd’hui, chaque contrat est étudié par un souscripteur expérimenté, nous avons donc fixé une prime minimum de 15 000 euros nous permettant ainsi d’assurer le meilleur niveau de service à nos clients et courtiers. Enfin, en tant qu’assureur de primary, nous sommes capables de déployer une offre complète avec un réseau international dans plus de 175 pays.
Quid de la gestion des sinistres chez BHSI ?
AB – Nous avons une équipe sinistre dédiée en France qui possède de larges autorités locales. Le directeur sinistre est d’ailleurs la seconde personne recrutée lors de l’ouverture d’un bureau BHSI. Nous avons eu la chance d’accueillir récemment Erwann Couty, référent technique sinistres lignes financières pour la France qui, grâce à son expertise et sa connaissance du marché, va permettre de nous accompagner dans notre développement en apérition de programmes internationaux et mettre pleinement en œuvre notre approche de la gestion de sinistre.
Quels sont vos velléités sur le marché cyber ?
AB – Nous sommes arrivés sur le marché français en plein « hard market » et les derniers exercices ont été très bousculés sur le risque cyber. Nous avons souhaité être patients tout en accompagnant nos clients grands comptes. Nous avons d’ailleurs fait évoluer notre stratégie en revoyant à la baisse nos points d’attachement - qui se situaient à 50M d’euros il y a trois ans encore - à 10M d’euros aujourd’hui.
OH - Le fait de ne pas avoir de réassurance chez BHSI et ainsi d’être autonome sur notre stratégie de souscription est un avantage qui nous permet également d’adapter et d’élargir peu à peu nos appétits tout en évitant absolument le « stop & go ». Cette approche différente nous permet de consciencieusement constituer un portefeuille sain et pérenne sur un marché encore instable. Certains acteurs, y compris des nouveaux entrants, cherchent à croître rapidement et renforcent la compétition sur les prix, que nous jugeons parfois non pérennes. Il nous semble aujourd’hui plus important de stabiliser ce risque encore loin d’être mature pour éviter à l’avenir un nouveau hard market particulièrement mal vécu par nos clients et courtiers.
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