Les émissions de CO2 financées par les banques et gestionnaires d'actifs de la City représentent près du double de celles rejetées par l'ensemble du Royaume-Uni, affirme mardi une étude de WWF et Greenpeace qui appelle Londres à exiger plus d'efforts du secteur.
"Le secteur financier va jouer un rôle vital dans le fait de déterminer si le monde va réussir la transition vers une économie faiblement carbonée durable", souligne l'étude. "A ce jour, ni le gouvernement ni aucun régulateur n'a pris de mesures adéquates pour s'attaquer au problème des émissions mondiales financées par les institutions financières privées au Royaume-Uni et s'assurer qu'elles alignent leurs activités aux ambitions" du pays, à savoir la neutralité carbone d'ici 2050, ajoute-t-elle.
"Nos résultats montrent que les émissions de CO2 associées aux sociétés financières analysées s'élèvent à 805 millions de tonnes", avec un peu plus de la moitié pour les banques, le reste pour les gestionnaires d'actifs, d'après leurs données publiées à partir de 2019, précisent WWF et Greenpeace.
Cela représente "presque 1,8 fois les émissions produites à l'intérieur du Royaume-Uni", détaille l'étude. C'est plus que les émissions de l'Allemagne et du Canada, relève l'étude, et un peu moins que celles de l'Iran, 8ème pays le plus émetteur de Co2. L'étude porte sur 15 banques et dix gestionnaires d'actifs qui sont présents dans la City mais ne sont pas toutes des institutions britanniques.
Elle n'inclut pas les assurances et dit donc sous-évaluer largement l'empreinte carbone de la finance britannique, qui "devrait être considérée comme un secteur à fortes émissions de carbone" et faire l'objet de réglementation à ce titre comme les secteurs pétrolier, minier, aérien, etc., dénoncent les deux ONG.
"Au lieu de cela certaines banques et institutions financières prennent des engagements volontaires de réduire leurs émissions de CO2, dont beaucoup se sont révélées relever du 'greenwashing'" et sont insuffisantes, poursuit l'étude. "Essayer de prévoir une transition vers la neutralité carbone sans tenir compte du secteur financier est comme mettre un pansement à un patient qui a besoin d'une opération à coeur ouvert", fait valoir Tanya Steele, directrice exécutive de WWF.
Elle appelle le gouvernement britannique à "montrer la voie" à l'heure où il organise pour novembre à Glasgow la prochaine grande réunion environnementale internationale, la COP26, en "demandant à toutes les institutions financières d'avoir un plan pour parvenir à la neutralité carbone incluant leurs investissements".
Un porte-parole de l'association sectorielle UK Finance a réagi à l'étude en assurant que "les instituts de prêts prennent leurs responsabilités envers la société très au sérieux et, aux côtés du gouvernement et de la Banque d'Angleterre, jouent un rôle prédominant dans la transition vers une finance à l'impact carbone neutre".
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