Logo du partenaire
En partenariat avec FM
Partager

Courtage/Renouvellements : forte inflation en vue

lundi 14 septembre 2020
Image de Courtage/Renouvellements : forte inflation en vue

La saison des renouvellements s’annonce complexe, entre des assureurs hyper vigilants voire frileux, et des entreprises sous forte contrainte budgétaire.

Les courtiers sont bien placés pour savoir que l’automne 2019 avait très brusquement crispé les relations entre entreprises et assureurs,… Cet automne 2020 risque bien de mettre à nouveau leur capacité d’intermédiation à rude épreuve, car la tension risque de monter d’un cran. En 2019, après une quinzaine d’années de cycle baissier, les clients avaient douloureusement rompu avec leurs habitudes de baisse des prix et d’abondance des capacités. La même pièce va se rejouer en plus dramatique dans quelques semaines, alors que le gros des professionnels, qu’ils travaillent chez les assureurs, les courtiers ou le risk management, n’était pas dans le métier début des années 2000, après la crise occasionnées par les attentats du 11 septembre 2001.

« Les professionnels du courtage, même les plus expérimentés, ont un gros défi : il leur faut expliquer tant en interne qu’en externe ce que signifie travailler dans un marché 'hard'. Les prix sont en augmentation, les capacités plus dispersées, et certaines garanties limitées. Ces conditions n'avaient pas été rencontrées depuis l'après 2001, cela fait presque 20 ans. Par ailleurs, faire étudier un dossier prend beaucoup plus de temps, et la centralisation des décisions chez certains assureurs rajoute de l’incertitude et un délai supplémentaire », explique Denis Bicheron, directeur technique dommages et responsabilité chez Gras Savoye Willis Tower Watson.

Et tout laisse entrevoir un marché "hard". Les renouvellements intermédiaires l’ont montré : les prix augmentent, et les assureurs très soucieux à la fois de restaurer leurs équilibres techniques, de faire face à des baisses d’encaissements et de respecter leur stratégie d’exposition et de diversification. Les assureurs sont devenus très regardants avant de souscrire. S’ils peuvent se féliciter d’une baisse de la sinistralité liée au confinement sur certains segments d’activité, les effets négatifs de la crise économique qui se profile surpassent de loin cette embellie passagère sur les équilibres techniques. Les résultats semestriels publiés cet été ont d’ailleurs déjà été assez alarmants. « Il y a des assureurs qui sont sous tension depuis plusieurs années. Dans le contexte actuel, avec une sinistralité qui augmente sur toutes les branches, ils sont confrontés aux conséquences des baisses tarifaires constatées ces dernières années », souligne Denis Bicheron.

Les renouvellements 2021 s’annoncent donc bien sous le signe de la hausse. Pour les risques traditionnels, comme l’incendie, la sinistralité suffit à justifier une hausse des tarifs, comme l’a rappelé Florence Lustmann, présidente de la FFA pendant les dernières Rencontres de l’AMRAE à Deauville en février dernier. Du côté de la responsabilité civile des mandataires sociaux et les garanties liées aux fraudes, une volatilité accrue est aussi prévisible. De plus, certains risques de l’ancien monde, attachés aux énergies fossiles ou aux industries très polluantes, risquent de devenir de plus en plus difficile à assurer. Les assureurs, vigilants à gérer leur propre risque de réputation, n’ont pas envie de se voir épingler par une association de défense de l’environnement.

Éliminer les zones grises des contrats

« Je n'imagine pas de ruée sur la PE sans dommages. Les risk managers sont concentrés sur le renouvellement de leurs garanties actuelles et sont attentifs aux tarifs et au niveau de franchises acceptables. De plus, on attend les conclusions de Bercy sur la mise en place éventuelle d’un schéma général de protection », observe Denis Bicheron. Tout ceci dans un contexte où le marché français ne peut pas faire l’économie d’un travail de clarification sur certains sujets.

Les incompréhensions apparues entre assurés et assureurs au sujet de la perte d’exploitation sans dommages et de l’assurance annulation montrent bien qu’il faut éliminer dans l’intérêt de tous les « zones grises » qui persistent, afin que chacun ait la même compréhension des exclusions de marché avant la survenance d’un sinistre.

Contenus suggérés