Dépenses de santé : La Sécu fait l’unanimité contre elle
L’évènement de rentrée des professionnels de santé libéraux a aussi permis aux complémentaires d’être flattées par les professionnels de santé.
L’affiche était alléchante, le spectacle a été décevant faute de combattant. Au cours de « l’évènement de rentrée » des Libéraux de santé, l’intersyndicale des organisations de professionnels de santé, qui se tenait hier mercredi 12 septembre à Paris, une table-ronde devait réunir des représentants de la CNAM, des complémentaires santé, des professionnels de santé libéraux et des patients.
Mais le désistement en dernière minute de Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à l’offre de soins de la CNAM a ôté au débat toute sa saveur. Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, Gérard Raymond, président de France Assos Santé, Luis Godinho, vice-président du Syndicat des audioprothésistes et Franck Devulder, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) étaient unanimes pour critiquer les méthodes de la CNAM, absente du débat et alors que le gouvernement veut cette année doubler le montant de la franchise par boîte de médicament ainsi que la participation forfaitaire chez le médecin.
Tous contre le doublement de la franchise médicale
« C’est normal que chaque citoyen participe au financement du système de santé, ce que nous n’acceptons pas, c’est la méthode qui consiste à lancer deux ou trois boules puantes dans la cour de récré » a lancé Gérard Raymond avant d’annoncer que France Assos Santé devait être consulté après coup, le 21 septembre, et qu’il savait pertinemment que c’était une consultation de pure forme. « Il y a une question de méthode » renchérissait Séverine Salgado, résumant les mesures de 2022 et 2023 : « Comme la Sécu observe une hausse des dépenses de santé, pour les contenir, elle se défausse sur les autres. L’année dernière c’était les complémentaires santé, cette année ce sera les patients ».
Sur la question du tiers-payant, le constat est tout aussi implacable. « On a des éditeurs de logiciels dont c’est le métier. Ce n’est pas une solution proposée par la Direction de la Sécurité Sociale ou de la CNAM qui sera la bonne solution », pour Séverine Salgado. De son côté, Gérard Raymond a suggéré de réfléchir au prix des médicaments, pour lequel « les négociations sont extrêmement obscures ». Là encore, personne pour répondre, car l’industrie pharmaceutique n’était pas conviée.
Un système inégalitaire
Enfin, les professionnels de santé présents autour de la table, et notamment Luis Godinho, ont montré à quel point ils étaient remontés contre la Sécu et acquis au camp des complémentaires et des patients. « Le statu quo n’est pas tenable », a souligné Luis Godinho, dans un système actuel dont « héritent les complémentaires », où il y a des catégories qui sont aidées, les salariés, alors que ceux qui ne le sont pas, indépendants, précaires, personnes âgées sont aussi les « mauvais risques ». Il est donc logique qu’ils paient leur couverture plus chère, et ce n’est pas une responsabilité qui incombe aux complémentaires.
La dernière flatterie a été enfin adressée par Franck Devulder, qui a souligné que le tarif imposé et intégralement par la Sécu pour les futures visites de prévention aux âges clés de la vie devait être fixé à 30 euros soit seulement 1 euro la minute, alors que Klesia, qui a mis en place un dispositif du même ordre pour la branche transport, accordait 125 euros pour une visite de prévention de 45 minutes. Il n’est pas sûr que la table-ronde fasse avancer les choses, mais elle a de quoi rassurer les complémentaires sur leurs alliés actuels.
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