Dans un rapport sur l'assurance des dommages aux biens professionnels rendu cet été et que News Assurances Pro s'est procuré, la Fédération française de l'assurance s'inquiète de la dégradation des résultats techniques de la branche sur l'exercice 2018. La FFA pointe également la hausse des sinistres graves.

En juillet dernier, la FFA a rendu une étude sur l'assurance des dommages aux biens professionnels du marché français au titre de l'exercice 2018. Dans le document, que News Assurances Pro s'est procuré, la fédération fait état d'une progression de l'ensemble des cotisations de la branche (hors agricole) de 2,7% sur un an à 6,6Mds d'euros. Cela représente 12 % du total des cotisations des assurances de dommages aux biens et responsabilité du marché tricolore (56,1Mds d'euros en 2018). « Cette progression est la plus forte enregistrée depuis 2011 (+3,6 %) », note la FFA, qui précise que 887,6M d'euros des cotisations proviennent des succursales de l’Union Européenne et 38,6 M€ des succursales hors Union Européenne. (voir la répartition sur le graphique ci-dessous).

« Une enquête spécifique a permis d’estimer le chiffre d’affaires du marché français du risque cyber à 80 M€ en 2018. Si 89% des cotisations émanent de contrats d’assurance dédiés, ces derniers ne représenteraient que 20% des couvertures risques cyber souscrites, les 80% restant étant des extensions incluses dans d’autres contrats », indique en parallèle l'instance du Boulevard Haussmann

Du jamais vu depuis AZF

Face à ces résultats, la fédération s'inquiète pourtant de la dégradation des résultats techniques. Le rapport S/P de l’ensemble des dommages aux biens des professionnels s’est d'abord dégradé de 9 points en un an pour s’établir à 69% (hors Cat' Nat'). « Des résultats techniques aussi dégradés n’ont pas été observés depuis 2001, année de l’explosion de l’usine AZF. Le rapport sinistres à primes des risques industriels s’établissait alors à 96 %, tandis que la charge de prestations de la branche dommages aux biens des professionnels représentait 88% des cotisations », poursuit la FFA dans le document (voir le graphique ci-dessous).

Cette dégradation est particulièrement marquée pour les contrats des collectivités locales (+20%) et risques industriels (+18%). Outre la charge de plusieurs évènements naturels en 2018 (tempêtes de janvier et orages de grêle en juin et juillet), cette hausse de la sinistralité s'explique aussi par les conséquences du mouvement des gilets jaunes. « A fin mai 2019, la sinistralité dommages aux biens des entreprises imputable au mouvement des gilets jaunes s’établit à 5.370 sinistres pour une charge de 190M d'euros », note la fédération.

Par ailleurs, la FFA pointe la fréquence d’ensemble des sinistres MACPS (Multirisques des artisans, commerçants et prestataires de services), « en hausse pour la première fois en 5 ans ; elle atteint le niveau de 111%. Le ratio S/P augmente de 6 points de pourcentage pour s’établir à 60% (hors catastrophes naturelles) », peut-on lire dans le rapport.

Augmentation des sinistres graves

Enfin, la FFA pointe dans son rapport l’augmentation des sinistres supérieurs à 2M d'euros. « 152 sinistres graves, supérieurs ou égaux à 2 M€ (y compris les sinistres catastrophes naturelles), sont survenus en France en 2018, pour une charge vue à fin 2018 de 872M d'euros. Hors catastrophes naturelles, le nombre de sinistres est de 144 pour une charge vue à fin 2018 de 836 M€, en progression de 15% », explique la fédération. Pour les sinistres compris entre 2 et 10M d'euros, la charge sinistre augmente de 63% sur l'année (à 536M d'euros), quand celle des sinistres allant de 10 à 50M d'euros est en hausse de 24% sur la période (à 301M d'euros).