Dans un peu plus de 300 jours se tiendra l'élection présidentielle. Après la crise sanitaire que le monde vient de vivre, le sujet de la santé pourrait devenir central dans le débat. Le spectre du 100% Sécu plane au-dessus de la tête des organismes complémentaires. Une piste évoquée par le rapport du HCAAM au même titre qu'une réforme du système hybride existant. L'idée d'une prise en charge à 100% des frais de soins par l'Assurance maladie n'est pas neuve. Jean-Luc Mélenchon le proposait déjà quand il visait la fonction de chef des armées. Le candidat de la France Insoumise chiffrait alors la mesure à 17Mds d'euros. Son ambition était de supprimer les complémentaires santé. Rien de moins.
Cette idée de kolkozisation de la santé ne s'est pas éteinte en même temps que l'hologramme mélenchonien. Au contraire. Avec la crise sanitaire, l'Assurance maladie a pris une large part au « quoi qu'il en coûte » présidentiel, reléguant les complémentaires au rang de simples redresseurs de déficit via la taxe covid.
Et il existe en France un système public plus généreux que le régime dit général. Alsaciens et Mosellans bénéficient ainsi d'un régime complémentaire qui fait quasiment office d'assurance santé complémentaire. Il prend en charge le forfait journalier, et compense les bases de remboursement de l'Assurance maladie pour frôler des taux de remboursement de 90% sur les honoraires médicaux par exemple. En 2019, 99% des charges du régime servaient à rembourser les assurés et 1% à couvrir les frais de fonctionnement. Et il a dégagé un excédent d'exploitation de 32,5M d'euros.
On reste toutefois loin du 100% Sécu et de la fin des complémentaires en Alsace-Moselle. Dans un rapport de 2013, la Cour des Comptes pointait que « l’existence d’un régime complémentaire obligatoire ne se substitue pas au demeurant aux assurances complémentaires facultatives. L’analyse de la situation des assurés sociaux des trois départements concernés montre en effet que ceux-ci ont également recours aux organismes complémentaires facultatifs dans une proportion quasi équivalente à celle des autres Français ».
Reste que la volonté politique d'étatiser un peu plus la couverture santé en France est bel est bien présente. En Île-de-France, Valérie Pécresse, candidate à sa succession à la présidence de la région, propose ainsi la création d'une mutuelle régionale. Après les mutuelles communales, les ambitions de mutuelles régionales, verra-t-on la naissance d'une mutuelle nationale ? Et sans augmenter les impôts ? Le temps des promesses approche à grands pas.
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