Étrange semaine que celle du 3 juin. Elle marquait les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, première banderille destinée à libérer l'Europe du joug d'un extrémisme mortifère. Elle marquait la célébration des résistants et des soldats qui payaient de leur vie pour que survive la liberté. Devant un parterre de dignitaires, le monde avait les yeux rivés sur ces quelques vétérans bardés de médailles et derniers témoins vivants d'une histoire qui n'appartiendra bientôt plus qu'aux livres.
Mais ce fut également la semaine durant laquelle la mutuelle affinitaire dédiée aux militaires, créée à l'origine pour soutenir les soldats déployés sur les théâtres de guerre et leurs familles, se retrouvait au centre d'une histoire de harcèlement. En pleine mise en lumière des exploits du 6 juin 1944, deux dirigeants de l'AGPM étaient placés à l'ombre le temps d'une garde-à-vue et d'une mise en examen. Rappelons toutefois que pour l'heure, la présomption d'innocence prédomine en attendant que la justice fasse parler un général de la Grande Muette. Et tranche.
Mais ce fut surtout la semaine où la République chancelait sous les coups de boutoir de l'extrême droite, le Rassemblement national remportant largement la bataille des Européennes. Se dire que face à un groupe de trois personnes une d'entre elles a statistiquement glissé un bulletin RN s'avère perturbant et interroge nécessairement. Mais la tristesse laissait rapidement place à la sidération lorsque le chef des armées décidait de dissoudre l'Assemblée nationale. Les nombreux fins observateurs de la vie politique comprendront certainement les subtilités qui amenèrent Emmanuel Macron à pareille décision. Reste que la tactique semble pour le moins audacieuse. Surtout si quelques forces à droite de l'échiquier décidaient de créer un Axe commun. Avec une guerre aux portes de l'Europe, une montée de l'extrémisme partout, il flotte comme un parfum nauséabond qui nous embaumera tous si l'on ne prend pas garde à nous.
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