Émeutes : La Mudetaf impactée à hauteur de 20M d’euros

Avec plus de 80% de buralistes touchés par les émeutes en portefeuille, la Mudetaf paie au prix fort les conséquences des violences urbaines de ces derniers jours. La mutuelle d’assurance des débitants de tabac de France estime que le montant global des sinistres pourrait lui coûter plus de 20M d’euros.

Après plusieurs jours de violences urbaines partout dans l’Hexagone, l’heure est aux comptes pour les assureurs. C’est notamment le cas de la Mudetaf, (Mutuelle des Débitants de Tabac de France) qui couvre près de 16.000 commerces de proximité en France avec 11 500 « multirisques tabac » en portefeuille (soit 50% de part de marché).

« Le dernier recensement disponible fait état de 483 buralistes touchés par les émeutes. C’est un indicateur important, démontrant l’ampleur du phénomène et sa violence, événement sur lequel la Mudetaf est impactée à près de 80% », précise Alain Lannou son directeur général, sollicité par News Assurances Pro. « Pour l’heure, même s’il n’est pas définitif, le montant global des sinistres pourrait dépasser 20M d’euros pour notre assurance mutualiste », ajoute ce dernier.

Ce montant, exceptionnellement élevé au regard du niveau de fonds propres S2 de la mutuelle d’assurance (30,1M d’euros fin 2022 selon son dernier rapport SFCR) pose évidemment la question de la réassurance. « Depuis le début des évènements, nous échangeons très régulièrement et de manière constructive avec le groupe Monceau, notre réassureur historique via la MCR, pour garantir une indemnisation de qualité à nos sociétaires », indique sur ce point Alain Lannou.

Gestion de crise

Selon la confédération des buralistes, sur l’ensemble des débits de tabac vandalisés, plus de 300 ont été pillés et 10% ont été totalement détruits. « La grande majorité des sinistres concerne des incendies de locaux avec vol, des pillages avec vol ou encore de nombreux bris de devantures et des différents accès. Si certains de nos sociétaires sinistrés ont redémarré partiellement leur activité, beaucoup sont encore fermés au vu des difficultés à mettre en sécurité leurs locaux, ce qui est lié à la surcharge de travail des artisans », précise le directeur général de la mutuelle d'assurance.

Pour faire face à l’afflux de déclarations de sinistres et de demandes d’indemnisation, la petite structure s’est organisée en urgence. « Dès la survenance des premiers sinistres, nous nous sommes mis en mode gestion de crise. Nous avons communiqué auprès de nos sociétaires sur les consignes et les mesures conservatoires à adopter. L’ensemble des salariés de la Mudetaf s'est mobilisé aux côtés de nos délégués régionaux sur le terrain pour venir en aide à nos sociétaires sinistrés, et ce dès le premier week-end » poursuit son dirigeant.

Si les premières missions d’expertise ont débuté dès le dimanche 2 juillet, en lien avec les élus de la Confédération des Buralistes, la Mudetaf a également mis à disposition sur son site web un espace de déclaration de sinistres simplifié. « L’assistance 24h/24 et 7j/7 et le soutien psychologique ont également été fortement sollicités. Le 30 juin – avant même les recommandations de France Assureurs – nous avons annoncé que nous prendrions les déclarations de sinistres au-delà des délais légaux, que nous mettions tout en œuvre pour simplifier celles-ci et rassurer nos sociétaires sur leur prise en charge. Notre service indemnisation a bien évidemment déjà commencé à traiter les cas les plus importants », précise Alain Lannou.

Pour face à l'afflux de demandes, la petite mutuelle indique même avoir recruté au sein de son service indemnisation. « C’est un passage très douloureux pour une profession qui est notre ADN, que nous soutenons depuis notre création et pour laquelle nous mettons tout en œuvre en ces journées sombres », conclut son dirigeant.