Emmanuel Morandini : « Nous sommes prêts pour la DDA »
Le directeur général d'April considère que la Directive sur la distribution d'assurance (DDA) renforce la légitimité des courtiers grossistes. Il n'est pas favorable à un report de sa mise en application, car il affirme avoir déjà la capacité technique et juridique d'y faire face.
Où en est le groupe April dans la mise en conformité sur la Directive sur la distribution d'assurances (DDA) ?
Nous pensons que la DDA est une bonne chose pour le secteur et nous avons la capacité technique et juridique d'y faire face. Nous pensons que cette directive renforce la légitimité des courtiers grossistes. Ce texte renforcera le rôle de conseil des courtiers de proximité, tandis qu’au niveau d’April, nos capacités d’intervention terrain seront accrues et nous devrons accompagner nos courtiers en termes d’information, d’outils ou de formation.
Soutenez-vous le report de la mise en application qui a été demandé par la CSCA, Anacofi, Planète Courtier et Agéa ?
Le report n'est pas un sujet pour nous car nous sommes déjà prêts. Nous pensons avoir un temps d'avance sur le reste du marché et croyons que cela représente un avantage concurrentiel. Nous avons investi des montants non négligeables dans la DDA mais c'est peut-être le prix à payer pour faire la différence entre ceux qui seront en conformité dans les délais impartis et ceux qui le seront plus tard.
Pensez-vous que la DDA vous obligera à mener des actions de contrôle auprès des courtiers et de vous substituer en quelque sorte à l'ACPR ?
Quand vous fabriquez le produit, vous déléguez déjà une partie du risque. On ne fera pas le travail à la place de l'ACPR mais la DDA nous donne des devoirs plus importants, comme à tous les assureurs. Je ne me positionne pas contre ce texte car il va dans le bon sens : recueillir les besoins des clients et proposer des produits qui correspondent à la cible, c'est inexorable et cela répond à une forte demande des consommateurs.
Comment se présente l'année 2017 pour April ?
Nous sommes dans la même tendance depuis le début de l'année et avons atteint 12.000 courtiers actifs. Nous restons prudents parce que l'année n'est pas terminée mais nous sommes optimistes car nos activités sont en hausse et le résultat opérationnel est assez satisfaisant.
Quelle est votre stratégie à l'international ?
Nous menons d’une part des actions de restructuration dans certains pays comme la Suisse et les Etats-Unis et sur une partie de l'Europe de l'Est et, d’autre part, des opérations de croissance externe sur d'autres pays, notamment en Asie, ou récemment en Espagne, avec l’acquisition de 75 % du capital de Pont Grup, courtier spécialiste de l’assurance moto des particuliers. Par ailleurs, nous souhaitons mettre l'accent sur l'assurance santé à l'internationale à destination des expatriés.
Quelle est votre stratégie de rentabilité de votre réseau de distribution direct ?
Nous poursuivons notre travail de fond autour de la rentabilité des portefeuilles, agence par agence. La marge brute augmente année après année et le taux de fidélisation aussi. Cependant, le niveau de rentabilité n'est pas assez satisfaisant. Nous avons encore du travail à faire sur notre capacité à retenir les clients. La vente à distance doit venir en complément du développement en agence.
Quelles sont vos ambitions sur le marché de l'emprunteur ?
Dans notre stratégie grands comptes, nous sommes fournisseurs de services, notamment en santé et en prévoyance. Nous accompagnons nos partenaires courtiers, mais également des assureurs, mutuelles ou bancassureurs dans la sélection des clients et dans la préservation de leurs portefeuilles. Nous opérons souvent en marque blanche, ce qui nous oblige à rester dans l'ombre, mais nous sommes en discussion avec des grandes banques pour les accompagner dans la commercialisation de contrats individuels.
Pensez-vous que les cartes seront rebattues entre les différents acteurs l'année prochaine, suite à la possibilité des emprunteurs de résilier le contrat tous les ans ?
Cela dépendra du recours qui a été déposé au Conseil Constitutionnel. C'est difficile de dire quelle sera la hauteur de la vague, si la résiliation sera possible sur le stock ou uniquement sur les nouveaux contrats. En tout état de cause, nous entendons nous positionner fortement sur ce segment.
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