Epargne : « La logique de performance doit primer sur la fiscalité », selon L. Saint-Martin
INTERVIEW - Laurent Saint-Martin est député LREM du Val-de-Marne et vice-président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Le 22 janvier, il animera la réunion réunissant les acteurs du monde de l'assurance et qui vise, notamment, à créer de nouveaux produits d'investissements productifs destinés aux épargnants.
Pourquoi cette réunion du 22 janvier prochain ?
Cette réunion s'inscrit dans le contexte de la suppression de l'ISF et la création de l'IFI combinées à la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU). C'était une première étape qui consistait à créer un environnement fiscal favorable à l'investissement productif. Il faut maintenant lancer la seconde avec l'ambition de réorienter l'épargne des Français vers les entreprises. Et la responsabilité incombe aux assureurs, banquiers, fonds d'investissement ou encore les intermédiaires financiers. C'est à eux d'aller chercher les Français qui disposent des bénéfices fiscaux prévus de le budget 2018 voté au Parlement pour les inciter à investir dans les fonds propres des entreprises.
Comment inciter les Français à réorienter leur épargne ?
Pendant trop longtemps, les Français qui avaient suffisamment d'épargne investissaient dans les entreprises principalement pour défiscaliser, à travers l'ISF-PME, par exemple. Demain, il faut que les placements se fassent pour des raisons de performances et d'intérêt économique. Autrement dit, il faut que les intermédiaires changent leur culture de prospection.
Comment y parvenir ?
Il faut créer de nouveaux produits d'épargne, plus compréhensibles par l'ensemble des Français et accessibles à tous et pas seulement aux plus gros patrimoines soumis jusqu'ici à l'ISF. Le slogan sous-jacent serait : 'si les entreprises vont bien, je vais bien aussi, car mon épargne fructifie'. L'intérêt se trouve des deux côtés. Epargnants et entreprises. Ces produits centrés sur l'investissement productif permettraient d'offrir des taux de rendement plus attractifs de 5, 6 ou 7%. Il est également possible de réadapter des produits existants comme l'assurance vie. Je souhaite qu'elle reste un produit important pour les Français, mais peut-être faudrait-il une part d'unités de compte plus importante et pas exclusivement orientée vers les grandes entreprises, mais également vers les ETI, les PME et les TPE.
L'assurance vie repose pourtant sur une forme d'incitation fiscale à la sortie du contrat
L'incitation fiscale n'a pas disparu. Elle est juste repensée. Nous avons ainsi renforcé l'IR-PME pendant un an de 18% à 25%. Les avantages liés à la succession demeurent. L'idée est de jouer sur les deux tableaux. Conserver les bénéfices fiscaux de l'assurance vie tout en orientant la culture de placement vers la performance et le ROI. Aujourd'hui, vu le niveau des rendements, les épargnants gagnent finalement peu d'argent avec l'assurance vie monosupport.
Les Français semblent peu enclins à se tourner vers des placements risqués. Comment changer cette culture ?
Il ne s'agit pas d'obliger les Français à investir dans des placements risqués. Ceux qui souhaitent épargner en fonds euros ou dans les Livrets A pourront tout à fait continuer. Il s'agit simplement d'offrir des possibilités de diversification, d'étendre la catalogue et de délivrer les bons conseils à la souscription.
Ces nouveaux produits devront-ils se concentrer sur les entreprises françaises ? Et comment s'en assurer ?
En priorité oui. Mais ne tombons pas dans 'l'absurdité'. Nous ne vivons pas en économie fermée. Par ailleurs, l'orientation se fera grâce au concours des fonds qui participeront à ces nouveaux produits. Il existe d'ores et déjà beaucoup de fonds, en private equity par exemple, qui investissent dans des entreprises françaises.
Quel calendrier pour la mise en place de ce(s) nouveau(x) produit(s) ?
Après le 22 janvier, nous opérerons un suivi très concret sur la création de ces nouveaux produits. Je crois à un partenariat public/privé pour faire une bonne communication auprès des épargnants. Et nous ferons un premier bilan de la réorientation de l'épargne à la mi-mandat, en 2020.
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