Épargne retraite : Les Français n'adhèrent pas à la future réforme
A l'heure où le Gouvernement s'apprête à réformer l'épargne retraite, les Français ne sont pas favorables à une sortie en rente ni à moduler le rendement en fonction de la durée de détention. L'idée de réorienter leur épargne vers le financement des entreprises ne soulève pas les passions, selon le baromètre 2018 « Les Français, l'épargne et la retraite ».
Les Français ont une forte propension à l'épargne et 47% pensent qu'il faut épargner pour préparer l'avenir, selon la 16e édition du baromètre « Les Français, l'épargne et la retraite » réalisé par le Cercle des Epargnants et Ipsos. Malgré l'augmentation des unités de compte dans la collecte de l'assurance vie en 2017, l’appétence au risque des épargnants reste faible depuis des années et 62% des Français préfèrent des investissements qui rapportent peu mais sont peu risqués. Constituer une épargne de précaution (67%) et préparer la retraite (29%) arrivent en tête des motivations.
Malgré l'entrée en vigueur de la flat tax, l'assurance vie jouit d'une bonne réputation. L'assurance vie reste le produit d'épargne préféré pour 44% des Français, surtout des retraités (57%), devant les différents livrets bancaires (35%) ou le PEL (27%). L'assurance vie est également considéré comme le meilleur placement pour la retraite (45%). Quatre français sur dix (39%) déclarent posséder une assurance vie, en hausse de trois points par rapport à l'année dernière.
Réticences sur la sortie en rente
« L'assurance vie est privilégié parce qu'elle permet une sortie en capital, elle permet de se constituer un coussin en cas de coup dur, elle permet la transmission et elle bénéficie d'une fiscalité avantageuse », indique Valérie Plagnol, présidente du Cercle des épargnants qui réunit 300.000 clients de Generali. La sortie en rente proposée par plusieurs produits de retraite supplémentaire, comme le futur produit Revavie, ne fait pas l'unanimité.
L'euro bonifié ne soulève pas les passions
L'idée de moduler le rendement en fonction de la durée de détention rencontre une faible adhésion. Face au contexte de taux d'intérêt durablement bas, uniquement 20% des Français sont prêts à investir sur des placements mieux rémunérés, quitte à ne pas toucher à leur argent pendant quelques années.
Le financement des entreprises n'est pas une priorité
Les Français ne voient pas l'intérêt à réorienter l'épargne vers le financement des entreprises, une idée qui est plébiscite uniquement par 30% des Français. Ceci s'explique par le fait que les bénéfices individuels sont plus importants que les caractéristiques des entreprises dans le choix du placement financier. Parmi les critères prioritaires, la garantie de récupérer le capital de départ arrive en tête (79%), suivi de la liquidité du produit, soit la possibilité de récupérer l'argent à tout moment (76%), la fiscalité avantageuse (68%). En revanche, le secteur d'activité de l'entreprise ou sa taille ne sont pas un critère.
Les Français commencent à penser à leur retraite à partir de 45 ans. Ils en ont une image idéalisée et associent ce moment à une nouvelle vie (68%) et aux loisirs (63%). « On observe un phénomène d'hyper-individualisme. La retraite est avant tout perçue comme un moment d'épanouissement, un temps pour soi », indique Brice Teinturier, de l'institut Ipsos. Mais parallèlement, la retraite est également une source d'inquiétude. Parmi les craintes, 83% des Français ont peur de manquer d'argent, en hausse de quatre points par rapport à l'année dernière. La hausse de la CSG approuvée par le gouvernement participe à ce sentiment.
Environ 72% des Français affirment ne pas connaître le montant qu'ils toucheront à la retraite et cela alimente également les craintes. Ils se disent à 73% inquiets pour leur propre retraite et à 84% inquiets quant à l'avenir du système de retraite. Pour autant, seulement 57% d'entre eux déclare épargner en vue de la retraite.
Les Français pensent qu'il faudrait financer en priorité les retraites (64%), suivies de l'assurance maladie (52%) et de la dépendance (28%, en hausse de 5 points). Le financement du système de retraite préoccupe les Français, mais ils ne sont pas prêts à augmenter le montant des cotisations tout au long de la vie (41%) ni à reculer l'âge de départ à la retraite (25%), ni ç diminuer les pensions (5%). Le projet de réforme des retraites reste méconnu des Français.
Peur de l'avenir
« Les Français restent attachés au système de retraite par répartition mais ils en perçoivent les limites », affirme Valérie Plagnol, pour qui le taux d'épargne élevé des Français est un élément de défiance. Les nouveaux modes de vie, les carrières fragmentées, l'absence de garantie de pouvoir bénéficier d'une retraite, expliquent l'attachement des Français à la sortie en capital.
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