INTERVIEW - Christophe Gaudron, directeur général de Guy Carpenter en France, commente l’impact de la remontée des taux sur le marché de la réassurance.

Comment se situe Guy Carpenter dans l’écosystème de l’assurance ?

Courtier en réassurance, Guy Carpenter fait partie du groupe américain Marsh McLennan, le premier groupe de courtage d’assurance / réassurance au niveau mondial, avec 21Mds de chiffre d’affaires. Guy Carpenter réalise environ 2Mds d’euros de CA. A Paris l’activité en assurance de personnes représente entre 15% et 20% de l’activité. Et ces dernières années, nous avons une croissance proche de 20% par an en assurance de personnes.

Quelle est la dynamique de développement en réassurance de personnes ?

Le marché est impacté par la remontée des taux d’intérêts et le changement climatique. Les réassureurs souhaitent diversifier leurs portefeuilles : souscrire moins d’assurance dommages et plus d’assurance de personnes afin de réduire leur exposition aux risques climatiques qui sont très volatils.

Quel est l’impact de l’augmentation de la consommation en santé sur les réassureurs ?

Dans le contexte actuel d’équilibres techniques dégradés, le marché semble assez discipliné pour se redresser. Le marché de la santé est compliqué car il ne dégage pas suffisamment de marge technique. Nous accompagnons certains acteurs sur le redressement progressif de leurs portefeuilles en santé individuelle. Le réassureur intervient sur une durée pluriannuelle, en acceptant de perdre de l’argent la première année et en espérant de se rattraper les années suivantes.

Êtes-vous sollicité pour du précompte en assurance santé individuelle ?

Oui, en effet, nous sommes sollicités pour réassurer tout ou partie du risque. Il est de plus en plus difficile de trouver des assureurs sur le précompte en santé individuelle. C’est un sujet de financement plus qu’un sujet de dégradation du risque, dans ce contexte de remontée des taux.

Dans quels autres domaines intervenez-vous ?

Nous accompagnons un certain nombre d’acteurs de l’épargne retraite en matière de solvabilité. Beaucoup d’acteurs souhaitent avoir un ratio de solvabilité d’au moins 200%. Avec la remontée des taux, la valeur des obligations diminue. Les acteurs de l’assurance vie et de la retraite supplémentaire sont obligés d’intégrer le risque de rachats massifs. Le SCR lié au risque de rachat a été multiplié par 6 entre août et décembre 2022. En effet, si les assurés décident de sortir, l’assureur va être obligé de vendre ses obligations qui sont en moins-value. Nous cherchons donc un réassureur pour couvrir le risque de rachat de manière à couvrir l’assureur sur son risque et à remonter son ratio de solvabilité.