Franck von Lennep : "Avoir un seul assureur public c’est plus facile"
Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale, s’est exprimé sur l’idée d’une Grande Sécurité sociale à l’EN3S. Pour lui, avoir un seul financeur public est plus simple mais le passage vers le "chacun chez soi" serait très compliqué.
L’idée d’une grande Sécu prend de l’ampleur dans le débat public. Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale, l’a évoquée le 11 octobre lors d’un débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale organisé par l’école EN3S (voir vidéo ci-dessous, minute 56:58).
« Nous avons vu pendant la crise que c’est plus facile d’avoir un seul assureur public qui finance à 100%, de ne pas devoir se poser la question sur qui va payer, comment on fait les tuyaux pour la prise en charge, le tiers payant. Par exemple, nous ne nous sommes pas posé la question de savoir si les laboratoires de biologie avaient le tiers payant pour le remboursement des tests PCR. Pareil avec les téléconsultations », explique Franck von Lennep.
« A part la simplification, on doit se demander si la valeur ajoutée des complémentaires dans notre pays est suffisante par rapport à ce que cela nous coûte. Notre système à deux étages pour les mêmes n’a pas d’équivalent en Europe. Payer deux fois pour la même prestation, nous sommes les seuls à le faire et évidement c’est plus compliqué et plus coûteux. Avec deux payeurs, cela coûte plus cher aux Français qui paient deux fois les frais de gestion ».
Concernant la valeur ajoutée des complémentaires, Franck von Lennep s’interroge : « Est-ce qu’il y a suffisamment d’innovation, de prévention, de diversité d’offres, est-ce qu’elles répondent aux besoins des Français. Quand on interroge les organismes complémentaires sur leur apport, une des réponses c’est la prévention en entreprise dans le cadre du contrat collectif. Dans ce cas, je leur demande qu’est-ce qu’ils font pour les retraités ».
Malgré les avantages sur le papier d’avoir un seul assureur public, Franck von Lennep est plus nuancé sur la mise en œuvre réelle de la Grande Sécu. « Une fois qu’on a analysé la question d’un point de vue théorique, il y a la pratique. Même si on se dit qu’on n’a pas besoin d’avoir deux assureurs, le passage vers chacun chez soi, ce qui regarde le HCAAM en ce moment, c’est très, très compliqué. C’est pourquoi cette question nécessite un engagement politique qui me dépasse largement », conclut le directeur de la Sécurité sociale.
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