En discutant la cession de 65% de Groupama Banque à Orange, l'opérateur souhaite créer sa banque mobile. Une bonne nouvelle pour Groupama dont l'activité bancaire est en perte de vitesse.

Groupama et Orange sont en négociations exclusives depuis lundi 4 janvier en vue de créer Orange banque pour 2017. Une banque 100% mobile mais qui s’appuiera sur le réseau et les compétences de Groupama banque qui devrait être rachetée à hauteur de 65%. L'opérateur télécoms pourrait ainsi venir bousculer le paysage bancaire français en y faisant une entrée rapide grâce à la structure déjà opérationnelle de Groupama (agrément bancaire, systèmes d'information, ressources, clients...)

L'assureur a aussi de quoi se féliciter. Cela lui permet d'abord de redonner du souffle à une activité bancaire qui ralentissait. « Si les bancassureurs ont réussi à bien installer leur business model en France, la réciproque est moins vraie pour les assureurs qui se sont lancés dans la banque », remarque Antoine Grenier, associé en transactions chez PwC. « Groupama Banque est en perte de vitesse : son fonds de commerce diminue. Globalement, les banques des assureurs peinent à s’imposer. C’est le cas d’Allianz Banque (qui a basculé la gestion de ses opérations chez un banquier, une filiale du Crédit Mutuel Arkéa) ou de la banque Macif. Axa Banque s'en sort un peu mieux, mais sans réussir à atteindre la taille critique », ajoute Matthieu Bedel, manager chez Solucom, pour qui les assureurs ont eu du mal à créer de la proximité avec leurs clients dans la banque.

En outre, sur ce marché, la faiblesse de Groupama aurait pu profiter aux autres. Mais en décidant de céder ses activités bancaires à un opérateur télécoms, « Groupama ne vient pas renforcer un concurrent assureur. Tout en pouvant sans doute espérer une prime à l'achat de la part d'Orange pour qui l'opération revêt un grand intérêt stratégique », commente Antoine Grenier chez PwC.

Un rapprochement bénéfique dans le cadre de Sovabilité 2

Pour Groupama, le rapprochement avec Orange est aussi bénéfique dans le cadre de Solvabilité 2. « La direction de Groupama a dû s'interroger sur le bien-fondé de garder 100% d'une structure bancaire et de bloquer autant de capital au vu des résultats de son activité », souligne François Beugin, associé responsable de l'actuariat chez PwC.

Enfin, si les discussions aboutissent, le partenariat devrait être à l'origine « d'innovation de rupture dans le secteur financier (…) pour transformer votre mobile en véritable agence de banque et d’assurance toujours présente dans votre poche », dit Thierry Martel, DG de l'assureur dans un communiqué, sans en dévoiler les détails. « On peut imaginer qu'une banque 100% mobile devrait permettre une entrée en relation très simplifiée grâce aux informations clients Orange déjà disponibles, la création de services différenciant comme des logiciels de gestion de finance personnelle ou des applications ludiques pour gérer un budget, et enfin des solutions facilitées de paiement par mobile », pense Matthieu Bedel, manager chez Solucom.

Reste que la future banque 100% mobile entre sur un marché français déjà très concurrentiel, où les banques en ligne ont encore du mal à décoller. En outre, l'annonce d'Orange pourrait ne pas laisser indifférent son concurrent Free, toujours prêt à répliquer.