Invité de l'Association nationale des journalistes de l'assurance (Anja), Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France, a fait le point sur l'actualité de l'assureur. L'occasion de revenir sur le feuilleton autour de la gouvernance du groupe, mais également sur la remontée des taux.
Generali groupe sort d'une séquence médiatique largement dominée par la bataille autour de sa gouvernance. Pourtant, tout avait été réglé par l'assureur plusieurs mois auparavant. « 18 mois avant ce renouvellement, le conseil d'administration du groupe Generali avait unanimement décidé qu'il y aurait une proposition de renouvellement proposée par le conseil lui-même », explique Jean-Laurent Granier. Autrement dit, ce devait être la liste de la continuité stratégique du groupe. « Pour des raisons qui leur sont propres, deux actionnaires, alors qu'ils avaient validé cette perspective, ont décidé de nombreux mois après, de changer de pied et de proposer une liste concurrente », ajoute le PDG de Generali France.
Un volte-face qui a conduit à une guerre de tranchée entre les deux listes. La liste dissidente s'est ainsi focalisée sur le bilan de Philippe Donnet à la direction générale du groupe. Mais pas seulement. Jean-Laurent Granier regrette que « la nationalité d'origine de Philippe Donnet ait parfois été prise en exemple pour créer un peu de conflictualité autour de ça. Rappelons que Philippe Donnet est franco-italien ». Ce dernier a toutefois été reconduit après que la liste présentée par le conseil d'administration a recueilli 55,9% des voix lors du vote de l'assemblée générale.
En conséquence, la liste minoritaire a obtenu 3 sièges sur les 13 du conseil d'administration. Une place reste toutefois vacante depuis que Francesco Gaetano Caltagirone, l'un des frondeurs, a démissionné du conseil d’administration. « Ca n'empêche pas le conseil de fonctionner et il finira par être remplacé », souligne le patron de la filiale française de Generali.
Un tiers, un tiers, un tiers
L'autre actualité brulante du moment concerne la remontée des taux. Récemment, l'ACPR s'est montrée rassurante sur le sujet. Pour autant, ce retour progressif au monde d'avant l'ère des taux négatifs ne modifie pas la perception de Jean-Laurent Granier sur l'avenir du fonds euros. « Je n'ai pas changé de discours. On observe effectivement une remontée des taux. Et c'est plutôt une bonne chose pour l'assurance vie. Mais aujourd'hui, même si les taux sont remontés assez nettement, ils restent négatifs par rapport à l'inflation », décrit le PDG de Generali France. Pas question donc de modifier la stratégie du groupe visant à diversifier ses investissements. « Nous faisons le pari de l'actif réel, c'est pourquoi nous considérons que l'investissement doit être fortement connecté à l'économie réelle ».
Réinvestir sur des obligations avec de meilleurs rendements permet de remplacer d'anciennes obligations dans les portefeuilles, mais les encours sont tels que les flux entrants ne sont pas près de combler les taux négatifs. « Les richesses latentes ont même diminué puisque la valeur des obligations souscrites à 0 baisse », poursuit le dirigeant. Ce n'est donc par le moment de changer son fusil d'épaule. Au contraire, selon Jean-Laurent Granier, il faut sortir de l'idée que « le fonds euros est une sorte de Livret A sans plafond ».
Finalement, un bon mix serait un tiers de fonds euros, un tiers d'épargne diversifiée et un tiers qui pourrait être les nouveaux fonds croissance. Depuis le début de l'année, les soubresauts de la bourse n'ont d'ailleurs pas modifié les comportements d'épargne des Français. « Les clients ont acquis une meilleure compréhension de la nécessité de tenir leur choix dans la durée, constate le PDG de Generali France. Nos flux d'entrée sont composés à 60% d'unités de compte ».
Une facture de 40 millions d'euros pour les deux épisodes orageux
Enfin, Jean-Laurent Granier est revenu sur les deux épisodes orageux qui ont balayé la France à la fin du mois de mai et lors du week-end de Pentecôte. « Chez Generali France, nous sommes exposés à hauteur de 20M d'euros pour chacun des deux évènements. Ces évènements qui sont une traduction parmi d'autres du dérèglement climatique. N'oublions pas le retrait-gonflement des argiles, les feux de forêt ou encore les problèmes sur les récoltes ».
Au sortir d'une année 2020 plutôt clémente sur les catastrophes naturelles et d'un exercice 2021, globalement épargnée également, 2022 s'annonce plus compliquée pour le secteur. Le groupe Covéa a d'ores et déjà livré une première estimation des orages de la Pentecôte, évoquant 650M à 850M d'euros de dommages assurés. A cela s'ajoute l'estimation de France Assureurs, 320M d'euros pour l'épisode de la fin mai. « Je pense que l'estimation de France Assureurs est un peu basse au regard de notre part de marché », conclut Jean-Laurent Granier.
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