INTERVIEW - Après avoir essuyé un échec lors du référencement du ministère de la Justice, Jean-Pierre Belmas, le président de la Mutuelle du Ministère de la Justice (MMJ) compte transformer cette difficulté en opportunité.
Le tribunal administratif a rejeté votre recours concernant le résultat du référencement du Ministère de la Justice. Pour quelle raison ?
La Chancellerie nous avait dit que la voie judiciaire à prendre était celle du référé pré-contractuel en vertu de l'article 551 du code de justice administrative. Mais le tribunal administratif a considéré notre demande irrecevable car la convention de référencement n'est pas considérée un marché public comme les autres. La balle revient au centre et tout est donc à revoir.
Comptez-vous entreprendre d'autres actions de justice ?
Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter encore. Nous étudions la possibilité d'entreprendre une action de fond avec un cabinet de conseil, mais la question doit être tranchée lors du prochain conseil d'administration le 6 septembre.
Pourquoi la MMJ n'a pas été retenue lors du référencement ?
Ce que nous savons c'est que nous avons été bien notés en ce qui concerne la solidité financière. En revanche, nous avons été moins bien notés que les autres candidats en ce qui concerne le transfert des solidarités, un des aspects les plus subjectifs qui donne matière à discussion.
Nous avons répondu au cahier des charges en partant de notre expérience d'organisme référencé de ces derniers 7 ans. Nous étions dans une logique de service public, alors que dans la décision de la chancellerie, la logique de marché a été privilégiée. Notre rapport cotisations/prestations n'était pas aussi compétitif que celui d'autres candidats. Nous n'étions pas dans une logique low cost.
Comment envisagez-vous la suite ?
Nous attendons de voir ce que propose le groupe qui a été retenu. Mais nous avons 73 ans d'existence, nous sommes une des mutuelles les plus anciennes de France, nous avons connu d'autres vicissitudes et nous nous en sommes toujours sortis. Nous avons un capital historique important.
Quelle sera votre stratégie commerciale les prochains mois ?
Nous avons d'autres leviers de développement à part les agents du ministère. Par exemple, nous allons cibler la population qui gravite autour du Ministère de la Justice, des associations d'aide aux victimes ou des associations familiales. Nous avons en plus le partenariat avec AG2R La Mondiale qui nous permet d'explorer d'autres formes de développement.
Vous venez quand même de perdre l'accès à une important vivier d'adhérents...
J'ai eu l'occasion de me réunir récemment avec un certain nombre d'adhérents, qui étaient étonnés de la décision du ministère. Le fait que l'administration propose un autre choix, je ne sais pas si cela aura beaucoup d'impact. Chez nous, le critère affinitaire est très important et nous avons des adhérents très fidélisés qui adhèrent aux valeurs de la mutualité, comme la solidarité ou la démocratie. Sans oublier notre action sociale, qui est très forte. Dans 7 ans il y aura un nouveau référencement, et nous serons toujours là.
Pensez-vous que l'avenir de la mutuelle est en danger ?
Nous allons transformer cette difficulté en opportunité. En sortant de la convention de référencement, nous récupérons notre liberté. Nous pourrons, par exemple, augmenter les remboursements de certains actes, qui sont très encadrés par le référencement. La convention de référencement impose un cadre pas très souple.
Qu'en est-il de l'avenir de vos salariés ?
Nous allons préserver les effectifs et maintenir le tarif des cotisations. Nous envisageons également de sortir de nouvelles offres. C'est une forte opportunité pour nous renouveler.
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