Publié par
Partager

La guerre annoncée sur le marché du pay as you drive auto

lundi 21 décembre 2009
Image de La guerre annoncée sur le marché du pay as you drive auto

La tarification à l’usage est inévitable et deviendra une offre standard pour la plupart des assureurs dans le monde entier d’ici cinq ans selon le cabinet de conseil en management et actuariat EMB.

La télématique apporte trop d’avantages tarifaires et marketing pour rester consignée en marge du marché.

« La pièce manquante du puzzle est une approche marketing suffisamment novatrice, pour toucher les millions de conducteurs qui peuvent tirer profit d’une offre télématique embarquée, » dit Stéphane Chappellier, associé d’EMB en France. « La réussite de l’implémentation d’une assurance ‘Pay As You Drive’ apportera des bénéfices sans précédent au marché de l’assurance automobile, soulevant un intérêt mondial pour ces potentielles sources de profit. »

Le monde de l’assurance pourrait alors tirer profit de nombreuses informations, comme, par exemple, le fait que les statistiques de la Sécurité Routière montrent qu’en 2008 la gravité des accidents corporels en France (nombre de tués rapportés au nombre d’accidents corporels) est très nettement inférieure en zone urbaine (5,5 fois moins) qu’en zone rurale.

De nombreux exemples de tarification à l’usage sont déjà en place à travers le monde – au Canada, Japon, Israël et Afrique du Sud. En Europe, l’Italie est le marché le plus développé avec une estimation de 50 000 véhicules assurés, alors qu’en Grande-Bretagne, la « pause » du programme expérimental Pay As You Drive™ de Norwich Union n’a pas refroidi l’ardeur de ses concurrents puisque quatre assureurs ont rejoint le Coverbox Panel.

Déjà, aux Etats-Unis, l’assurance télématique montre des signes d’une pénétration rapide du marché des particuliers : Progressive a récemment annoncé son souhait d’étendre à l’ensemble du pays, après approbation par les régulateurs, son produit MyRate, suite à des études pilotes encourageantes de différentes technologies menées dans huit états.

Certains commentateurs ont soulevé la question de l’effet ‘Big Brother’ lié à l’installation de système de suivi GPS dans les voitures pour alimenter les centres de données, ce qui est la façon la plus évidente d’implémenter la télématique embarquée. D’une part, en France, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) est très vigilante concernant la collecte d’informations individuelles. D’autre part, il ne semble pas que les consommateurs s’inquiètent réellement à ce sujet : à ce jour, les essais ont en effet fait remonter une grande confiance des clients vis-à-vis du traitement des données agrégées soit par les compagnies (à l’étranger), soit par des tiers de confiance (en France). De plus, personne ne sera jamais contraint de souscrire une police d’assurance selon l’usage.

Dans tous les cas, selon les expériences qui ont déjà été menées dans le monde entier, il est probablement plus rentable pour les assureurs de mettre en place une approche où la technologie télématique employée est relativement simple. Une telle approche délaissera les données de localisation fréquente et précise du véhicule, et s’intéressera plus à des données agrégées traduisant le comportement de conduite de l’assuré comme l’accélération, le freinage et les forces latérales, en ayant recours aux diagnostics embarqués (On-Board Diagnostic ou OBD), qui aideront à construire une image plus intéressante du risque individuel du conducteur.

Les obstacles à une entrée réussie sur le marché des particuliers de l’assurance basée sur la télématique embarquée s’estompent au cours du temps. Si les frais liés à la technologie ont constitué un problème majeur jusqu’à présent, et plus particulièrement sur les marchés, tels la France, où la prime d’assurance automobile est relativement faible, le coût des systèmes de géolocalisation (GPS) et de transfert de données a considérablement chuté en un court espace de temps. Par exemple, le prix du transfert de 1MB de données a fortement baissé et ne représente plus aujourd’hui que 2% du coût qu’il représentait il y a quelques années grâce au développement des réseaux à haut débit et autres technologies connexes.

Du point de vue gouvernemental, l’assurance liée à l’utilisation du véhicule soutient de multiples projets publics lancés dans de nombreux pays du monde, comme le Grenelle de l’Environnement en France, via la réduction de la pollution, la baisse de la fréquentation des routes, mais aussi la baisse du nombre d’accidents de la route et l’amélioration des services d’urgence lorsqu’un accident survient.

« Les assureurs doivent trouver un moyen de concrétiser l’opportunité qui s’offre à eux, d’autant qu’il leur sera de plus en plus difficile de souscrire des polices d’assurance rentables en raison de la concurrence toujours aussi croissante sur le niveau des prix en assurance automobile. La technologie est déjà largement existante et malgré des facteurs incitatifs qui peuvent varier à cause de différences géographiques et culturelles, il s’agit de faire comprendre aux conducteurs qu’ils ont un moyen de contrôle direct sur la prime d’assurance qu’ils paient, » ajoute Julian Beardsworth, directeur d’EMB au Royaume-Uni.

Pour les assureurs, un autre facteur devrait plaider en faveur des solutions de tarification à l’usage. Jusqu’à présent, les premières expériences réalisées ont montré que les consommateurs attirés par ces produits sont généralement des profils à risque faible, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il s’agit de personnes choisissant volontairement d’être suivies de près. De plus, le fait même qu’ils se sentent observés influence les conducteurs à prendre moins de risque.

Ainsi, lors de l’expérience grandeur nature de Pay As You Drive™ menée sur le marché anglais, Norwich Union a expérimenté des taux de rétention dépassant les 90% (du jamais vu sur un marché sans tacite reconduction) ainsi qu’une baisse de sa sinistralité de 30%.

« L’assureur qui le premier abattra les derniers obstacles prendra sans aucun doute un sérieux avantage concurrentiel en saisissant l’opportunité de démutualiser un segment du marché, » conclut Stéphane Chappellier.

Contenus suggérés