Mutualité Française : Les syndicats proposent un projet alternatif au PSE
Alors que l’échéance des négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est programmée fin octobre, les syndicats de la Mutualité française mettent sur la table un projet alternatif.
Le climat social à la Mutualité Française est très tendu depuis l’annonce en février dernier d’un plan social. Le PSE en cours de négociation prévoit environ 85 suppressions de postes, 13 modifications de contrat et 25 créations de postes sur 234 CDI. Près d’un tiers des effectifs de la fédération sont impactés.
Les trois organisations représentatives des salariés (CFDT, Sud Mutualité et CFE-CGC) ont présenté en interne et à la presse « un projet alternatif » qui permettrait « d’éviter la casse sociale ». Alors que l’échéance des négociations sur le PSE est programmée pour fin octobre, syndicats et direction ont prévu de se voir le 16 octobre afin d'examiner le contre-projet des syndicats.
Pour les élus du CSE (comité social et économique) de la fédération, le projet de la direction est « d’une brutalité injustifiée ». Car il « cible les plus bas salaires et les collaborateurs les plus fragiles en matière d’employabilité », selon Françoise Troublé Uchoa, secrétaire du CSE. L'élue dénonce un « projet hors-sol », décidé sans concertation qui aboutirait à une restructuration déconnectée de la réalité du travail. Elle évoque également « un transfert occulte de la charge de travail, générateur de risques psycho-sociaux ».
Pour les représentants des salariés, le problème de la fédération n’est pas financier. Il est organisationnel. « Le projet de la fédération consiste à avoir plus de barreurs et moins de rameurs », illustre Françoise Troublé Uchoa, secrétaire du CSE.
Réduire le nombre de directions
Accompagnés par le cabinet Ethix, les syndicats ont présenté un contre-projet issu d’une centaine d’entretiens de terrain. Il prévoit de passer de 9 directions actuellement à 4, tandis que le PSE en prévoit 7. La réduction du nombre de directions permettrait d’alléger la masse salariale. Mais aussi de gagner en transversalité et d’avoir une meilleure lisibilité pour les mutuelles sur les services fédéraux, selon les défenseurs du projet alternatif.
A la place des 83 licenciements envisagés, le projet alternatif évoque une trentaine de départs dans le cadre d’un plan de départs volontaires, avec des mesures de pré-retraite pour les salariés en fin de carrière, des départs anticipés, des formations longues, des parcours de formation interne pour des reconversions… Par ailleurs, un accord GEPP permettrait de répondre aux besoins de compétences de la fédération sur une période de 2/3 ans.
Les élus considèrent que leur projet est compatible avec le plan d’entreprise 2023-2026. Ce dernier prévoit un effectif cible de 200 salariés (contre 219 aujourd’hui) et un retour à l’équilibre financier en 2026.
Interrogés sur l’impact financier de leur proposition, les syndicats répondent que leur contre-projet est une base de travail pas affinée. La direction n’a fourni des éléments financiers que très récemment, suite aux multiples sollicitations du CSE. « La direction estime le coût du PSE à 3,5M d’euros. Nous pensons qu’il pourrait atteindre 5M d’euros, avec les coûts indirects des licenciements liés aux recours juridiques », avance Ahmed Hatif, membre du CSE.
"Des moyens financiers suffisants"
Par ailleurs, les syndicats estiment que "la fédération mutualiste a les réserves financières suffisantes pour mener sa transformation sans casse sociale". Le résultat net de la mutuelle s’est dégradé depuis 2020 et a atteint -5,2M d’euros en 2022. Les élus évoquent une situation conjoncturelle liée aux coûts du projet de rénovation du siège de la rue de Vaugirard (9,7M d’euros sur la période 2020-2022) et au congrès de la Mutualité (3,65M d’euros de dépenses). Par ailleurs, les élus indiquent que la fédération dispose de 37,5M d’euros de trésorerie. A cela s'ajoute un portefeuille d’immobilisations financières de 71,9M d’euros.
« La cotisation fédérale que paient les mutuelles est indexée sur leur chiffre d’affaires en santé et sur l’inflation. Avec l’évolution des dépenses de santé et l'inflation actuelle, les ressources de la fédération vont donc augmenter. Aujourd’hui, le siège de la rue de Vaugirard fait l’objet d’une rénovation. Mais dès 2024, la fédération pourra économiser les 2M d’euros de loyer par an qu’elle a versé pendant les travaux. La fédération est par ailleurs actionnaire de la SCI qui gère le siège. Après la rénovation, deux tiers des bureaux du siège social seront loués à d’autres entités. Il va donc y avoir des ressources supplémentaires d’un point de vue économique », considère Ahmed Hatif.
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