Mutuelles communales : 3 questions à Séverine Salgado
Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française livre son regard sur le développement des mutuelles communales en France.
Quel regard portez-vous sur le développement des mutuelles communales ?
Il faut d’abord préciser que l’expression « mutuelle communale » ne veut rien dire. Ce qu’on appelle mutuelle communale n’a souvent rien de mutuel et n’est pas toujours communal ! Bien souvent, les porteurs de risques sont des assureurs privés, et le montage comporte un ou plusieurs courtiers. Cela dit, l’engouement pour les « mutuelles communales » montre que l’accès à la couverture santé complémentaire est indispensable et fait partie des priorités des Français sur les territoires. Or, 5% d’entre eux y renoncent, pour des raisons financières essentiellement.
Malheureusement, avec toutes les bonnes intentions du monde, nous estimons que les mutuelles communales ne sont pas la meilleure réponse à cet enjeu : si le système d’achat groupé sur lequel elles reposent peut faire baisser momentanément les prix, ces mutuelles communales ne permettent pas de mettre en œuvre la solidarité intergénérationnelle, seul véritable rempart à un coût trop élevé.
Ce dispositif permet bien à l’assuré de réaliser des économies. Pour quelle raison n’êtes-vous pas favorable à ces dispositifs ?
Le projet de mutuelle communale ne s’appuie pas sur des fondations très solides : le public visé est en règle générale celui des personnes âgées qui ont des besoins en santé plus importants que la moyenne. Or la mutualisation des risques, garante d’un tarif accessible, repose sur la couverture de plusieurs générations et non pas d’une classe d’âge unique, quelle que soit l’étendue de votre couverture territoriale.
Alors, quelle voie emprunter ?
Il faut explorer. Il existe parmi toutes les mutuelles communales des exemples intéressants, comme celui de Montreuil-sous-Bois. D’abord, cette initiative prévoit un accompagnement des plus modestes vers la Complémentaire Santé Solidaire (un dispositif d’aide pour accéder à une complémentaire), alors que le non-recours à ce système reste important. Elle s’intéresse aussi à l’offre de soins afin de s’assurer qu’elle reste accessible financièrement sur son territoire. Enfin, cette « mutuelle communale » est ouverte aux personnes qui travaillent dans la commune, souvent de jeunes urbains, et aux fonctionnaires municipaux, ce qui permet d’avoir des profils d’assurés de tout âge.
Propos recueillis par Séverine Charon
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