Le sujet du vieillissement de la population et de la dépendance font l’objet d’un foisonnement de promesses électorales, tellement le financement et la prise en charge des personnes en perte d’autonomie sont des enjeux majeurs pour le prochain président de la République.
La loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV) est entrée en vigueur en janvier 2016. Elle introduit une revalorisation de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) et la reconnaissance des aidants familiaux qui bénéficient depuis janvier 2017 d’un droit au répit et d’un congé non rémunéré. La loi prévoit également un plan d’adaptation au vieillissement de 80.000 logements privés. Le coût de la dépendance était de 34 milliards d’euros en 2015 pour plus de 1,2 millions de personnes protégées, selon l’INSEE, et ces chiffres devraient augmenter exponentiellement dans les prochaines décennies. Comment financer la prise en charge des personnes dépendantes ? Deux tiers des Français sont favorables à une solution hybride composée d’un socle public complété par des assurances privées, selon un sondage du journal Le Monde. Quelles solutions mettre en place pour accompagner les aidants qui s’occupent d’une personne dépendante au quotidien ? Comment augmenter le niveau de conscience des Français face aux enjeux du vieillissement ?
François Fillon mise sur une assurance privée
François Fillon envisage d’encourager la généralisation d’une assurance dépendance privée sur la base du volontariat et dont les cotisations souscrites seraient déductibles des impôts. Il envisage également d’intégrer l’aide aux personnes âgées dans son « service civique », étendu pour cette action spécifique aux plus de 25 ans. Le candidat de Les Républicains souhaite lancer un plan de professionnalisation des aides à domicile afin d’intégrer les nouvelles technologies. Il envisage également de créer des « moniteurs de services » chargés d’informer les personnes âgées et leurs familles et de coordonner les prises en charge. François Fillon formule également des propositions sur les aidants qui s’occupent d’une personne dépendante au quotidien. Il veut leur offrir un statut légal et fiscal et également un « droit au répit », qui passe forcément par une augmentation du nombre d’établissements adaptés. Il propose de doubler le plafond annuel du droit au répit et de le porter à 1.000 euros.
Benoît Hamon, plus de places dans les EHPAD
Benoît Hamon n’est pas favorable à la création d’une journée de solidarité pour financer la dépendance mais il préfère intégrer une assurance dépendance obligatoire dans les complémentaires santé et prévoyance.
Il souhaite développer le nombre de places dans les EHPAD publics mais également dans ceux issus de l’économie sociale et solidaire, comme par exemple les établissements gérés par des mutuelles.
Le candidat du parti socialiste s’engage à augmenter de 10% le minimum vieillesse, et de mettre en œuvre un plan de 150.000 logements adaptés sur 5 ans en développant des micro-crédits à taux zéro et en élargissant le crédit d’impôt.
Concernant les familles et les aidants, Benoît Hamon envisage d’instaurer un référant pour chaque famille au sein des institutions en charge de la perte d’autonomie. Augmenter l’APA de 30% et créer une allocation unique « bien vieillir en EHPAD » dégressive en fonction des revenus, font également partie de ses propositions. L’application de son programme sur la prise en charge de la dépendance représenterait un investissement de 3Mds d’euros en année pleine, un investissement qui, selon le candidat, serait fortement créateur d’emplois.
Marine Le Pen prône le 5ème risque
La candidate du Front national souhaite faire de la dépendance et le handicap le 5ème risque de la Sécurité sociale. Si elle devient présidente, elle s’engage à revaloriser le minimum vieillesse (ASPA) de 20%. Cette allocation serait réservée aux ressortissants français ou résidant en France depuis 20 ans. Marine Le Pen souhaite également mettre en place une Prime de pouvoir d’achat (PPA) de 80 euros, à destination des bas revenus et des petites retraites, financée par une contribution sociale sur les importations de 3%.
Emmanuel Macron veut renforcer la loi de 2015
Emmanuel Macron souhaite augmenter de 100 euros le minimum vieillesse et l’allocation adulte handicap (AAH) respectivement. Il envisage de renforcer la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement en ce qui concerne les aides au maintien à domicile, le soutien aux aidants ou encore le développement de services spécifiques en EHPAD, mais sans rentrer dans les détails.
Jean-Luc Mélenchon veut revoir le tarif des maisons de retraite
Jean-Luc Mélenchon propose de garantir un reste à charge de 500 euros par mois pour les personnes en EHPAD et d’augmenter de 50% le montant de l’APA pour les personnes dépendantes restant à domicile.
Pour financer la prise en charge de la dépendance, Jean-Luc Mélenchon envisage une mise à contribution sur les revenus immobiliers, les successions et les gros patrimoines. Il propose de développer un réseau public de maisons de retraite avec des tarifs harmonisés et accessibles. Le candidat de la France insoumise promet de créer 10.000 places par an en EHPAD pendant 5 ans. Autre promesse de campagne, le recrutement de 100.000 personnes dans les métiers de la prise en charge de la prise de la perte d’autonomie.
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