L’Apref dresse le bilan de la réassurance pour 2023. Les réassureurs poursuivent l’assainissement de leurs fondamentaux techniques par une politique de souscription et tarifaire plus stricte.
La réassurance se porte bien. Ou plutôt se porte mieux, selon un bilan de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref). Côté chiffres tout d’abord. En 2023, les primes de réassurance dans le monde grimpaient de 5% à 400Mds de dollars (364Mds d’euros). Même tendance en France avec un surcroît de 4,2% à 6,33Mds d’euros (hors CCR).
Une croissance portée par le segment non-vie. Au 31 décembre dernier, l’activité grappillait 7% à 4,21Mds d’euros. En vie, elle reculait légèrement de 0,9% à 2,12Mds d’euros. Mais l’indicateur qui montre le résultat du nouveau cycle haussier des tarifs est sans conteste celui du rendement des capitaux propres. Aux alentours de 20%, il atteint un plus haut sur les 15 dernières années. À titre de comparaison, ils oscillait autour des 3% en 2022.
« Surtout, il dépasse à nouveau celui des assureurs comme nous l’observons historiquement, relève Benoit Hugonin, président de l’Apref. Pourtant entre 2017 et 2022 ce n’était plus le cas ».
Ce retour de la profitabilité est le fruit d’une politique de souscription beaucoup drastique et des renouvellements tarifaires à deux chiffres. Notamment sur le segment des catastrophes naturelles. Les prix des protections CatXL croissaient ainsi de 27 points entre 2022 et 2023. Puis de 6 points entre 2023 et 2024. Selon l’Apref, il s’agit d’un retour au métier cœur de la réassurance. À savoir le positionnement sur l’exceptionnel et non sur les risques de fréquence.
Rétention vs capacités
En France, ces nouvelles politiques de restrictions se matérialisent essentiellement sur la tempête, la grêle et la neige (TGN). « Les prix ont augmenté de 30 à 40% », précise Alexis Valleron, délégué général de l’Apref. Dans le même temps, les rétentions des cédantes ont également augmenté. Si elles s’établissaient pour le marché hexagonale à 800M d’euros en 2021, elles atteignaient 1,7Md d’euros en 2024. En prenant en compte ce nouveau seuil, cela aurait conduit les réassureurs à intervenir sur deux sinistres sur les 14 dernières années.
« Il faut mettre en perspective que les capacités offertes par le marché ont, elles aussi, augmenté, poursuit le délégué général. Elles sont de 14Mds d’euros pour le 1er évènement. Et de 33Mds d’euros au total pour trois évènements qui surviendraient dans l’année ».
La montée des émeutes
Le constat est différent sur le risque émeute. Les capacités restent globalement stables à 2,5Mds d’euros par évènement. Mais les niveaux de rétention ont été rehaussés de 50% à 750M d’euros. « Ils restent toutefois très bas par rapport aux standards internationaux », rappelle Alexis Valleron. Dans les autres pays, les émeutes sont généralement logées dans les risques cat, ce qui porterait le seuil d’intervention à 1,7Md d’euros si le marché français s’alignait.
Reste que les mouvements sociaux en Nouvelle-Calédonie pourrait porter un nouveau coup sur le schéma en vigueur depuis le début de l’année. « L’évènement sera très certainement important pour la réassurance », anticipe le président de l’Apref. Et ce d’autant plus qu’une incertitude juridique pèse sur ce risque. « Il n’existe pas de réelle définition des émeutes, souligne le délégué général. Cela fait peser un risque d’incertitude sur les responsabilités retenues par les tribunaux. Il devient dès lors difficile d’anticiper les décisions jurisprudentielles ».
Retour à des relations harmonieuses
L’Apref s’engage peu sur les conditions de renouvellement de 2025. Mais Benoit Hugonin envisage un retour à des relations plus harmonieuses entre cédantes et réassureurs. De premiers éléments de réponses seront apportées lors des Rendez-vous de Septembre qui démarrent ce week-end.
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