Régime universel : Quels impacts pour la retraite supplémentaire ?
INFOGRAPHIE - Avec le système universel de retraite, le niveau de pension des cadres de direction sera nettement inférieur à celui qu’ils auraient perçu avec le système actuel. Le montant de leur cotisation vieillesse aussi. Le futur régime bouleversera le terrain de jeu des dispositifs collectifs de retraite supplémentaire. Quelles opportunités ?
La remise à plat du système de retraites aura des impacts à la fois sur le niveau de retraite et sur le montant des cotisations vieillesse. Si les carrières hachées, les agriculteurs ou les familles monoparentales seront revalorisés, certains salariés du privé verront leur pension de retraite diminuer par rapport au système actuel. Ainsi, « avec le nouveau système de retraite, le montant de la pension des salariés du privé avec un niveau de salaire en dessous de 40.000 euros et au-dessus de 120.000 euros sera inférieur à celui qu'ils auraient perçu avec le système actuel », indique Christel Bonnet, consultante retraite senior chez Mercer France.
Baisse des cotisations et de la pension pour les très hauts revenus
La situation des cadres de direction va profondément changer, car avec le nouveau système, ils cotiseront à hauteur de 28,12% dans la limite de 120.000 euros, soit 3 fois le plafond de la Sécurité sociale. Aujourd’hui, le plafond de cotisations de cadres est fixé à 8 plafonds de la Sécurité sociale.
Selon les calculs de Mercer, à partir de 130.000 euros de salaire annuel, les cotisations retraite diminuent considérablement par rapport au système actuel. Ainsi, « un cadre avec un salaire de 200.000 euros par an verra ses cotisations retraite (part salariée) passer d’environ 21.000€ à 14.000€ euros par an », illustre Christel Bonnet. Il gagnera donc 7.000 euros de salaire net disponible en plus qu'avec le système actuel. Cette augmentation du pouvoir d’achat pendant la vie active sera accompagnée d’une baisse de la pension de retraite pour les cadres de direction.
Quel impact sur les dispositifs de retraite supplémentaire proposés par les entreprises ? « Les actifs avec des salaires compris entre 50.000 et 130.000 euros vont cotiser davantage que dans le système actuel. Il sera donc très difficile de leur demander de contribuer davantage à un système de retraite supplémentaire car leur salaire net disponible sera plus faible », observe Christel Bonnet.Moduler le niveau de cotisation en fonction du salaire
Les produits collectifs d’épargne supplémentaire tels que les dispositifs article 83 à cotisations définies devront évoluer. « Les employeurs devront moduler le niveau de cotisation des produits de retraite supplémentaire (article 83) en fonction des tranches de salaire. Certains employeurs pourraient financer intégralement la retraite supplémentaire des plus bas salaires. Les hauts revenus, en revanche, pourront cotiser davantage à un tel dispositif de retraite supplémentaire. Comme ils auront un salaire disponible plus élevé et une pension plus faible, les dispositifs de retraite supplémentaire seront très intéressants, d'autant plus que les versements volontaires bénéficient d'une déduction d'impôts à hauteur de 10% du revenu imposable », anticipe Christel Bonnet.
L’épargne cumulée pendant la vie active dans le cadre d’un article 83 risque de ne pas compenser la baisse de pension de retraite des hauts revenus. « Il faut attendre pour savoir si les nouveaux régimes article 39 à prestations définies (suite à l’ordonnance du 03/07/2019) séduisent les entreprises, notamment grâce à la portabilité des droits rendue possible à partir du 1er janvier 2020 par la Loi Pacte. Ces dispositifs restent extrêmement coûteux pour les entreprises », souligne Christel Bonnet.
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