Remboursement de la téléconsultation : quel impact pour les complémentaires ?
Les assisteurs et start-ups qui proposent des services de téléconsultation étudient les pistes pour s’inscrire dans la voie conventionnelle.
Depuis le 13 septembre, la téléconsultation est entrée dans le droit commun. Les médecins peuvent désormais recevoir leurs patients en visioconférence et l’acte est remboursé sous les mêmes conditions qu’une consultation classique. Pour les assureurs complémentaires, qui proposent ce service depuis 2015, l’introduction de la téléconsultation dans la voie conventionnelle est une victoire.
« C’est une immense fierté collective de voir que nous avons ouvert la voie à un mode d’organisation de la médecine de demain, que la ministre de la Santé veut développer. Cela nous encourage à continuer à ouvrir des voies qui demain seront empruntés par d’autres », indique Corinne Guillemin, directrice des activités santé et prévoyance collectives d’AXA France. « Le fait que les politiques prennent la décision de libéraliser le marché est un signe fort de reconnaissance. La Haute Autorité de Santé a conclu qu’aucune situation clinique ne peut être exclue a priori d’un recours à la téléconsultation. Les Français peuvent donc y aller sans appréhension », se félicite François Lescure, associé de Médecin Direct.
Un must have
Ces dernières années, la téléconsultation est devenue un « must have » pour les assureurs complémentaires, un service indispensable dans le cadre des appels d’offres en assurance collective. Tout a commencé en mai 2015 lorsque Axa France a ouvert la voie en proposant à ses assurés en santé un service de consultation à distance, par téléphone ou visioconférence. Trois ans plus tard, l’assureur revendique un correcte taux d’usage et de satisfaction. Une équipe d’une soixantaine de professionnels de santé (25 médecins et 35 infirmiers) répondent aux assurés en France ou à l’étranger 7 jours sur 7 et 24h sur 24. Le nombre d’appels a doublé tous les ans et en 2018 l’assureur envisage de réaliser entre 20.000 et 25.000 téléconsultations.
Les start-ups prennent le pas
D’autres acteurs de l’assurance ont signé des partenariats avec des start-ups comme Médecin Direct, Mes Docteurs ou Medaviz. Aujourd’hui, Médecin Direct travaille avec une cinquantaine d’assureurs qui proposent le service de téléconsultation en inclusion dans le cadre de la complémentaire santé.
Comment se positionnent les organismes complémentaires, dans ce nouveau contexte de remboursement de la téléconsultation par la Sécurité sociale ? Certains acteurs considèrent que cela n’aura aucun impact sur leur service car il répond à des besoins différents. L’Assurance Maladie, est bien déterminée à inscrire la téléconsultation dans le cadre du parcours de soins. Pour que l’acte soit pris en charge, deux conditions sont requises : la connaissance préalable du patient par le médecin et l’orientation initiale par le médecin traitant. Cela exclut de facto la plupart des actes réalisés par des assisteurs et starts-ups.
La téléconsultation risque de prendre du temps à se généraliser car il y a un décalage entre l’annonce politique et la réalité. « Les fournisseurs de logiciel ne sont pas prêts. La téléconsultation se fait aujourd’hui en mode dégradé, avec une feuille de soins papier, car les modes de paiement en ligne ne sont pas opérationnels », indique François Lescure. Dans les prochains mois, différentes solutions de téléconsultation à destination des médecins verront le jour. « Il faudra encore un certain temps pour équiper les médecins. De plus, les médecins de ville ne peuvent pas toujours augmenter leur temps médical », indique Corinne Guillemin.
Des passerelles intéressantes
Est-ce que les acteurs privés comme Mondial Assistance ou Axa Assistance vont s’inscrire dans la voie conventionnelle ? Ils n’écartent pas cette possibilité. Différents modèles de partenariats publics-privés sont à l’étude et les discussions sont en cours avec des Autorités Régionales de Santé.
Du côté des starts-ups, la décision est prise. Médecin Direct et Mes Docteurs vont distribuer prochainement une solution de visioconférence pour équiper les professionnels de santé. Médecin Direct a décidé d’offrir gratuitement sa solution technique aux médecins qui le souhaitent et Mes Docteurs préfère ne pas dévoiler son modèle mais les deux acteurs affirment que leur solution est prête techniquement. La concurrence pour équiper les médecins sera rude car Doctolib, plateforme de prise de rendez-vous en ligne, a également annoncé vouloir investir le marché de la téléconsultation.
Autre alternative, assisteurs et start-ups peuvent s’engouffrer dans la voie ouverte par les exceptions à la règle de la connaissance préalable et de l’orientation du médecin traitant. En effet, l’orientation du médecin traitant ne sera pas nécessaire pour consulter certains spécialistes que l’on peut déjà consulter en accès direct comme des gynécologues ou des psychiatres. « Si la personne est éligible, nous soumettrons l’acte à la Sécurité sociale pour remboursement », indique François Lescure.
Dans les prochains mois, les différents acteurs devraient clarifier leur stratégie.
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