Sur un an, le chiffre d’affaires de Malakoff Humanis progresse de 4% à 6,4 milliards d’euros mais le bénéfice recule de 25% à 168 millions en 2022. Le ratio de solvabilité s’établit à 246% contre 210% fin 2021.

Des résultats « bons et raisonnables ». C’est en ces termes que Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Humanis, a qualifié les performances du groupe en 2022. Le chiffre d’affaires progresse de 4% à 6,4 milliards d’euros, dont 2,9 milliards en santé collective et 1,9 milliard d’euros en prévoyance collective. Mais si les collectives demeurent prédominantes, elles ne représentent plus que 75% de l’activité, contre 85% avant le Covid, a souligné Thomas Saunier qui a indiqué que ce rééquilibrage était volontaire. Il vient aussi faire écho à la décision radicale prise courant 2022 de résilier quatre branches professionnelles jugées trop déséquilibrées.

Un nouveau plan stratégique en juin

Thomas Saunier affiche sa satisfaction sur le niveau de bénéfice – à 168 millions d’euros, contre 222 millions d'euros en 2021 – car il est conforme à l’ambition du groupe à moyen terme, et proche de l’étiage de 150 millions d'euros visé dans le nouveau plan stratégique qui commence cette année. Ce plan, nommé Smile 2026, est encore en discussion en interne et sera présenté en juin prochain. Le ratio de solvabilité du groupe s’établit à 246%, contre 210% en 2021 – les périmètres étant différents, en raison notamment de l’intégration de la mutuelle Médicis, qui affichait une marge de 295% fin 2021-.

A plusieurs reprises au cours de la présentation des résultats 2022, Thomas Saunier a insisté sur la différence du groupe qu’il dirige, « un modèle redistributif envers toutes les parties prenantes ». Malakoff Humanis veut ainsi respecter un taux de redistribution de 83% des cotisations envers les assurés - et donc s’amarrer à un ratio combiné de 101% en santé, compte tenu de 18% de frais. Pour les salariés, l’objectif est de proposer « un contrat social parmi les meilleurs voire le meilleur du marché », précise Thomas Saunier citant en exemple les NAO - les partenaires sociaux du groupe ont conclu en février dernier un accord sur les salaires qui prévoit des augmentations générales et individuelles.

Le groupe dépense aussi pour l’intérêt général, à raison de 800 millions d'euros sur les quatre dernières années, soit 200 millions d’euros par an. Dans cette enveloppe figurent à la fois des dépenses faites vers les personnes protégées et leurs proches, et les soutiens financiers apportés aux quatre grandes causes d’intérêt général choisies par le groupe (handicap, lutte contre le cancer, bien vieillir et aide aux aidants). Pour le premier volet, la prise en charge de 700.000 consultations de psychologues a ainsi coûté 40 millions d’euros à Malakoff Humanis.

Dérapage de la sinistralité en santé

Sur le plan des progrès à accomplir, Thomas Saunier n’a pas caché ses préoccupations sur le plan du coût des prestations en santé. Le ratio combiné en santé a dérapé de 4 points sur les collectives, et de 5,3 points sur l’individuel, s’inscrivant globalement à 102,9%, assez nettement au-delà de l’objectif moyen terme de 101. Le 100% santé a coûté cher, y compris en collectives à cause du dentaire. Mais l’optimisation menée par les établissements de santé en matière de facturation est aussi une source de dérapage.

En fonction des garanties d’un assuré, le tarif d’une même chambre peut passer de 100 à 400 euros, a observé Malakoff Humanis. Pour la prévoyance, le contexte actuel est un peu plus favorable, car la hausse des taux d’intérêt tire le montant des provisions à la baisse, et le ratio combiné « est proche de l’équilibre », a précisé Thomas Saulnier, ajoutant que son groupe de protection sociale « n’a pas l’impérieuse nécessité de restaurer les équilibres techniques comme une société par actions ».