Les régimes complémentaires de retraite seront fusionnés avec les régimes de base au sein du futur régime universel de retraite. Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, se dit préoccupé pour les réserves financières constituées par les régimes complémentaires.
« Il ne faudrait pas que les fourmies soient mangées par les cigales » », a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, lors d’une rencontre organisée par l’Association de journaliste de l’information sociale (Ajis). Il faisait référence aux 165 milliards d’euros de réserves financières constituées par les différents régimes : 71 milliards pour les salariés du privé de l’Agirc-Arrco, 5,4Mds d’euros pour les salariés de la Banque de France, 22 milliards pour les libéraux de la CNAVPL (Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales), 16,4 milliards pour le Régime complémentaire des indépendants… Si on additionne les 36 milliards du fonds de réserve des retraites, on arrive à 165 milliards d’euros.
Réserves constituées au 31 décembre 2016
Source : Conseil d'Orientation des retraites
« Je pense que les partenaires sociaux doivent jouer un rôle afin que les réserves financières constituées par les entreprises dans certains régimes complémentaires ne soient pas fongibles dans un grand système et viennent compenser le déficit de certains », a déclaré le président du Medef.
Les contours de la réforme
La réforme structurelle du système de retraite impulsée par Emmanuel Macron prévoit qu’ « un euro cotisé donne les mêmes droits », et la fusion des 42 régimes existants. Le deuxième étage, celui de la retraite complémentaire, géré actuellement par les partenaires sociaux au sein des organismes de protection sociale, va donc disparaître au sein du futur régime universel de retraite. Selon les premières pistes présentées par Jean-Paul Delevoye, haut commissaire à la réforme des retraites, les salariés cotiseront au futur système à hauteur de 28% de leur salaire jusqu’à 3 plafonds de la Sécurité sociale (PASS), soit sur une assiette qui s'étend jusqu'à 120.000 euros par an.
Le haut commissaire s'est montré rassurant vis-à-vis des salariés qui gèrent la retraite complémentaire au sein des groupes de protection sociale. "Je ne suis pas pour la suppression des caisses. Nous aurons besoin de l'accompagnement des caisses et de leurs salariés pour basculer vers le nouveau régime. Le régime actuel et le nouveau vont cohabiter pendant de nombreuses années, avec une pondération de l'ancien régime par rapport au nouveau pendant des années", a souligné Jean-Paul Delevoye lors d'une réunion d'information.
« Nous ne savons pas grand-chose de la réforme des retraites. Cette réforme systémique doit permettre d’augmenter la confiance dans le système chez les jeunes de 30 ans qui pensent qu’ils n’auront pas de retraite », a indiqué de son côté Geoffroy Roux de Bézieux .
Un pilotage paritaire ?
Concernant la gouvernance du régime universel, Geoffroy Roux de Bézieux a dit « je ne suis pas attaché à un pilotage paritaire tel qu’il existe aujourd’hui pour la retraite complémentaire, mais on demandera une place parce que la manière dont est organisée la fin de carrière des salariés nous intéresse ».
Geoffroy Roux de Bézieux a insisté sur le fait que la France est le seul pays avec un système de retraite quasi exclusivement par répartition. Pour le président du Medef la vraie question est « le poids des actifs par rapport au poids des retraités ». Le futur système devrait permettre « un pilotage qui permette de s'adapter aux évolutions démographiques et de croissance ». Interrogé sur un éventuel recul de l'âge de départ à la retraite, le président du Medef a fait référence au taux de chômage de l'Allemagne : « si on avait quatre millions de d'actifs en plus, on aurait résolu le problème de la retraite », a-t-il dit.
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