Santé : Les délais d’attente explosent, la médecine esthétique se développe
Les Français considèrent que leur système de santé s’est dégradé, selon une étude de l’observatoire de l’accès aux soins Jalma-Smartsanté. En cause, le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous médical. Ce délai est passé a augmenté de 23 jours en 5 ans pour consulter un dermatologue. Parallèlement, la médecine esthétique se développe et accentue la raréfaction de l’offre de soins, qui devrait s’aggraver d’ici 2025.
L’étude de l’observatoire de l’accès aux soins Jalma-Smartsanté indique que 7 Français sur 10 pensent que le système de santé s’est dégradé, une perception plus forte en ce qui concerne l’hôpital et la médecine de ville que dans les cliniques privées. A l’hôpital, les Français pointent du doigt les délais d’attente (63%) et la disponibilité des personnels de santé (54%), alors que la qualité des soins est peu mise en cause (22%). En ville, 66% des Français citent les délais d’attente et 47% la disponibilité des personnels de santé comme les principaux problèmes.
En général, les Français sont plutôt satisfaits de leurs médecins généralistes et spécialistes libéraux, avec un taux de satisfaction supérieur pour les médecins libéraux par rapport aux hospitaliers. Par exemple, 84% se disent satisfaits de leur dermatologue libéral, et 62% de leur dermatologue hospitalier.
Le délai d’attente, le talon d’Achille du système
La principale cause d’insatisfaction des Français à l’égard de leur système de santé est le délai d’attente, que ce soit pour prendre rendez-vous avec son généraliste, son spécialiste ou son médecin hospitalier. Le délai d’attente est mis en cause par plus de 25% des personnes insatisfaites de leur généraliste, par 40% des personnes insatisfaites de leur médecin spécialiste et par 25% des Français insatisfaits de leur médecin hospitalier. Un tiers des personnes insatisfaites de leur spécialiste citent les tarifs pratiqués.
Le délai d’obtention d’un rendez-vous chez un spécialiste passe de 48 à 61 jours entre 2012 et 2017. Ainsi, ce délai a augmenté de 23 jours en 5 ans pour obtenir un rendez-vous avec un dermatologue, passant de 41 à 64 jours ; de 13 jours chez un gynécologue et de 13 jours chez un ophtalmologue.
Le délai d’attente chez un généraliste a doublé en 5 ans, passant de 4 à 8 jours. Sans surprise, la difficulté d’obtenir un rendez-vous dans un délai suffisamment rapide est la première cause de renonciation aux soins, qui touche près de deux Français sur trois. Le nombre de Français ayant déjà renoncé à des soins en raison de la difficulté d’obtenir un rendez-vous dans un délai suffisamment rapide a augmenté de 13 points, passant de 48% à 61% des personnes interrogées. Ce constat est d’autant plus accentué chez les actifs. Selon Jalma, « les jours et les créneaux horaires proposés par les médecins généralistes ne permettent probablement pas aux actifs de se déplacer à leur lieu de rendez-vous ».
Disparité géographique
L’étude révèle que les délais d’attente sont très variables en fonction de la région. Ainsi, pour obtenir un rendez-vous chez un rhumatologie, il faut attendre 41 jours en région parisienne, 57 jours dans le Nord-Est, 72 jours dans le Nord-Ouest, 49 jours dans le Sud-Ouest et 40 jours dans le Sud-Est. Si en région parisienne les délais sont les plus courts, la région du Nord-Ouest est celle où les délais sont les plus longs.
Prévisions pessimistes
Selon les prévisions de Jalma, la situation va considérablement s’aggraver d’ici 2025 à cause d’une population médicale vieillissante et à l’augmentation du besoin médical En effet, 20% des Français seront atteints d’une affection de longue durée en 2025, ce qui conduira inévitablement à une augmentation de la demande de consultations. Parallèlement, la baisse des effectifs médicaux conduira à une raréfaction de l’offre de soins.
Tous ces facteurs laissent prévoir une baisse du nombre de consultations de 14% en médecine générale et de 17% en médecine spécialisée en 2025. Selon les projections de l’étude, en 2025 il y aura 23% de consultations en moins par patient et par an en ophtalmologie et 19% de moins en dermatologie.
Les activités parallèles se développent
Cerise sur le gâteau, le développement des exercices particuliers se développe rapidement chez les médecins, ce qui diminue progressivement l’offre de soins de ville. En effet, selon de CNOM, 25% des généralistes ont un exercice particulier, tel que la médecine du sport, l’angiologie, la médecine du travail ou la médecine exotique. Ces médecines à exercice particulier sont dérégulés en termes de prix.
Enfin, l’explosion de la médecine esthétique touche un nombre croissant de spécialités. Dermatologues, dentistes et ophtalmologies pratiquent des actes de médecine esthétique à la marge de leurs consultations classiques. Selon l’observatoire Jalma-Smartsanté, le développement rapide de la dermatologie esthétique explique en partie l’explosion des délais d’attente en consultation dermatologique depuis 2012.
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