Start-up : Partenariat ou investissement ? Telle est la question
Les assureurs reçoivent des centaines de sollicitations de start-up par mois. La veille est dynamique, la concurrence est forte et les types de collaboration diverses.
Lorsqu’un assureur identifie une start-up intéressante, il peut choisir de faire un partenariat commercial, de participer à sa levée de fonds ou bien d’en prendre le contrôle en devenant actionnaire majoritaire.
« Quand vous créez une insurtech, vous avez vraiment besoin d’un porteur de risque qui partage vos valeurs et vos ambitions », affirme Pierre Stanislas, co-fondateur de Wilov, une application mobile qui propose une assurance automobile pay when you drive. Le premier assureur que Wilov a démarché était Suravenir Assurances, qui a accepté de porter le risque et de prendre en charge la gestion de sinistre. Sur quels critères Suravenir Assurances choisit-il ses partenaires ? « Nous sélectionnons des propositions déjà bien avancées et aisément réalisables. Avant tout, nous recherchons l’intérêt commun pour la compagnie et pour l’assuré », indique Cécile Lebreton, directeur projets et partenariats de Suravenir Assurances. Pour le bancassureur, les bénéfices de collaborer avec une start-up sont à plusieurs niveaux : diversifier les distributeurs, adresser les clients sur internet, tester de nouveaux usages... « Dans le monde traditionnel de l’assurance, travailler avec des start-up permet de réinventer notre métier », considère Cécile Lebreton.
Une dizaine de collaborateurs de Suravenir Assurances a été détachée afin de fabriquer le produit d’assurance pour un lancement réalisé 3,5 mois après. « Nous avons raccourci le circuit de décision et, finalement c’est une grande fierté pour nous d’avoir réussi à amener l’agilité de la start-up au sein notre organisation », résume Cécile Lebreton.
Pour Suravenir, « la prise de risque est sous contrôle, même s’il reste des incertitudes liées au mode de distribution et à l’usage ». Travailler avec une start-up permet de réduire les coûts, notamment sur les ressources humaines et le budget de R&D.
D’autres assureurs se placent dans une logique de « strategic investment », dont l’objectif premier n’est pas la rentabilité. Ils investissent dans des solutions qu’ils estiment pouvoir intégrer demain dans le process.
Comment faire le tri ?
CNP Assurances, par exemple, a décidé de créer Open CNP, un fonds doté de 100 millions d’euros. Avec un mot d’ordre : prendre des participations minoritaires afin que les start-up gardent leur indépendance. L’insurtech Alan, la plateforme de paiement sur le mobile entre particuliers Lydia, la plateforme de crowdfunding October ou les cabines de télémédecine H4D bénéficient des fonds d’Open CNP. « Tous ces investissement offrent des briques technologiques complémentaires de nos activités », indique Jonathan Denais, investment manager de CNP Assurances. Le fonds a prévu de réaliser entre 15 et 20 investissements en 5 ans. « Via Open CNP, nous apprenons des start-ups qui créent de nouveaux modèles. Le but est de les accompagner dans leur croissance et, si possible, de travailler avec elles », indique Jonathan Denais. Pour chaque start-up, il y a un collaborateur CNP Assurances chargé d’identifier d’éventuelles synergies. Ainsi, CNP Assurances est le partenaire d’Alan en prévoyance et propose des assurances pour téléphone portable aux utilisateurs de Lydia.
CNP Assurances reçoit plusieurs centaines de sollicitations par an, utilise des outils de veille et compte avec un réseau d’experts sur le terrain qui font remonter des investissements potentiels. Les critères de choix sont la qualité de l’équipe, l’avancement du projet, les perspectives de croissance et le type de marché.
Par ailleurs, CNP Assurances expérimente les solutions proposées par de jeunes entreprises dans une démarche d’innovation participative. L’intelligence artificielle, l’amélioration de la relation client, les chatbots, les voicebots et le traitement automatique du langage sont des domaines dans lesquels le bancassureur travaille avec des start-ups comme Zelros, Recital ou Dial One. Le bancassureur accompagne ces start-up dans le développement de nouvelles fonctionnalités. Toutes ces solutions participent de la transformation digitale de CNP Assurances et permettent aux équipes métier de monter en compétence.
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