Brigitte Bouquot est présidente de l'Amrae. Dans le cadre du bilan de l'assurance 2017 que nous éditons, elle livre son regard sur l'année écoulée en matière d'assurance des entreprises et livre ses projections pour 2018.
2017 : la prise de conscience généralisée
L’année 2017 a été marquée par une prise de conscience générale du « bouleversement » qu’opère le monde (ou « disruption »). En France en particulier, les élections présidentielles ont été révélatrices des incertitudes et des attentes de la société. Elles ont souligné le couplage toujours plus fort entre économie, social et politique. à ce titre, à travers la globalisation, les entreprises jouent un rôle majeur où leur responsabilité sociétale devient déterminante, bien que les réponses dépendent aussi des cultures locales. L’arrivée massive - des nouveaux usages et services issus des progrès exponentiels de la technologie apporte de nouvelles dimensions à notre monde et conduit à un questionnement plus prospectif.
Une montée des risques 360°
Reflet de ces tensions macros, en 2017 les entreprises connaissent une montée des risques dans tous les cadrans de leur cartographie.
Risque stratégique (car nombre de très grandes entreprises font évoluer plus rapidement que prévu leurs business models sous la pression de la digitalisation de l’économie), financier, opérationnel et également risque juridique avec une intensité nouvelle.
Les attaques cyber du printemps ont laissé des traces mais ont également joué un rôle pédagogique pour les entreprises et leurs dirigeants. Les catastrophes naturelles de la fin de l’été ont montré à tous les conséquences du dérèglement climatique et sont en train d’impacter réassureurs et assureurs. Le risque géopolitique, considéré comme lointain il y cinq ans, est désormais au cœur de l’Europe (Brexit, Catalogne, impact des migrations…). Les Européens apprennent aussi à vivre avec un terrorisme semi endémique.
Certaines hyperpuissances mondiales utilisent des armes digitales et règlementaires pour déstabiliser états et entreprises, ce qui conduit à des réponses visant à renchérir toutes les formes de compliance ou de conformité. Nous sommes ainsi sous le « joug « d’une préparation lourde de la conformité au règlement sur les données personnelles et nous nous organisons pour être en phase avec la loi Sapin 2 et avec celle sur le devoir de vigilance.
Incontournable pour les dirigeants
La gestion globale des risques est vraiment devenue un sujet incontournable pour les décideurs, au cœur de la gouvernance, tant pour la cartographie que pour l’allocation des moyens aux politiques de prévention, et la protection du patrimoine. Le rôle et la place du risk manager auprès d’eux en sont plus que déterminants pour les éclairer sur les risques, mettre en œuvre leur prévention et obtenir les moyens de leur assurance.
Acteur clé de la gouvernance
A travers les cartographies et le pilotage des plans d’action, le risk manager est un acteur clé de la gouvernance au service des dirigeants. L’Amrae se positionne sur les sujets de Conformité et de contrôle interne dans une vision unique du risque (de la modélisation de scénarios jusqu’au transfert assurantiel) au côté de celle de l’audit et du contrôle interne. Il était donc naturel que l’IFACI et l’Amrae se rapprochent sur la question de la cybergouvernance pour travailler le plus efficacement au bénéfice de leurs adhérents et des dirigeants.
L’intelligence des risques
Au fil des ans, l’Amrae s’est efforcée d’avoir l’intelligence de risques. Elle s’est très bien positionnée en anticipation sur les grands sujets opérationnels par des travaux en amont ou par les thèmes de ces dernières Rencontres (Climats à hauts risques, Digital…)
On voit ainsi tout le bénéfice qui en est tiré pour les entreprises à l’instar des questions sur le dommage (Cat’Nat) ou le cyber (Cyber gouvernance /cyber Assurance /coopération ANSSI). Par sa vision globale et ses publications ainsi que par ses prises de parole, l’Amrae a soutenu concrètement les Risk Managers dans leur pratique du Risk Management et donc activement contribué à la santé des entreprises. à cet égard, sa reconnaissance par toutes les parties prenantes ne cesse de grandir.
L’Amrae est également en mesure de mieux anticiper les effets sur le marché de l’assurance, un peu « secoué » par les catastrophes intervenues dans un marché déjà très baissier et ainsi devenu sur les risques émergents et systémiques, plus craintif depuis ces chocs.
L’Amrae défend les intérêts des entreprises et de leurs collaborateurs face aux inéluctables transformations de l’assurance. Elle le fera de façon résolue mais dans un esprit de coopération et de co-construction.
À voir aussi
Grands risques : Vers des renouvellements 2025 stabilisés (Amrae)
Risk management : Disparition de Gilbert Canaméras