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Tribune : "L’assurance vie doit s’adapter aux besoins", par Bernard Spitz

jeudi 11 janvier 2018
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Bernard Spitz, président de la Fédération française de l'assurance (FFA), signe une tribune dans laquelle il revient sur l'année 2017 en matière d'assurance vie et sur les perspectives pour 2018.

Avec 54 millions de contrats et 37 millions de bénéficiaires, l’assurance vie est le placement financier préféré des Français. Certains d’entre eux ont pu s’interroger ces derniers mois sur son futur, entre taux d’intérêt toujours historiquement bas et réforme fiscale. Mais ils ont été rassurés. Et leurs placements en témoignent : en octobre 2017, l’encours total d’assurance vie s’établit à 1682 milliards d’euros, en progression de 4 % sur un an. Un montant dont on ne souligne pas assez qu’il est massivement investi dans les entreprises, pour près de 1400 milliards, dont plus de 400 milliards en actions.

Cette confiance durable des Français s’explique aisément. L’assurance vie continue d’unir les Français, de toutes tranches d’âge et de toutes catégories sociales. Sans doute par son côté « couteau suisse » : elle est adaptée tant aux projets de vie (achat immobilier…) qu’à la préparation de la retraite ou à la transmission de son patrimoine dans les meilleures conditions. C’est le produit qui offre les meilleures garanties de long terme face aux incertitudes de l’avenir. C’est aussi le produit le plus simple, quand tant d’autres se retranchent derrière des mécaniques aussi complexes qu’incompréhensibles.

Les garanties n’excluent pas une certaine prise de risque. Depuis plus d’un an, s’écartant peu à peu de leur prudence traditionnelle, les détenteurs français d’assurance vie adaptent leurs choix à la recherche d’un rendement plus élevé de leur investissement. En cumul sur les dix premiers mois de 2017, 27 % de la collecte a été effectuée en unités de compte contre 19 % au cours de la même période en 2016 et 12% en 2012. Dans un univers de taux bas, la prise de risque et l’engagement sur le long terme redeviennent ainsi les critères d’obtention d’un meilleur rendement. Et ils sont en même temps les plus sûrs alliés d’un financement accru de l’économie productive. Encore faut-il que le cadre réglementaire soit favorable à ces deux critères. La mise en place de la « flat tax », combinée avec la réforme de l’ISF, a été une première étape utile en matière de simplification. Désormais, l’assurance vie sera soumise à un taux de 30%, proche des autres supports d’épargne – même si on peut regretter l’avantage donné aux supports très liquides que sont les livrets réglementés. Mais constatons que les fondamentaux du produit ont été préservés :

  • l’avantage fiscal de l’assurance vie détenue au-delà de huit ans a été conservé, en-dessous du seuil de 150 000 euros par souscripteur souhaité par le gouvernement ;
  • les abattements de 4 600 euros ou de 9200 euros pour un couple, ont été préservés pour les rachats des contrats de plus de huit ans.

De surcroît, l’essentiel des encours d’assurance vie ne sera pas soumis au futur impôt sur la fortune immobilière. Après le travail sur la fiscalité, le temps est venu de passer à une seconde étape indissociable de la première : celle du financement de l’économie, en la conciliant au mieux avec la demande des Français. Pour rester leur produit financier préféré, l’assurance vie doit en effet évoluer en permanence et s’adapter aux nouveaux besoins de ses clients.

Vers une assurance vie dynamisée en 2018

Or les besoins sociétaux se transforment. Préparation de la retraite, revenus garantis à vie permettant de couvrir le risque de longévité et de dépendance : les assurés évoluent de manière structurelle vers des engagements de plus long terme, plus protecteurs. Pour y répondre, les assureurs travaillent à faire évoluer leur offre dès 2018 vers une assurance vie dynamisée. Un étroit dialogue est d’ores et déjà engagé avec les pouvoirs publics pour réfléchir aux réformes législatives et réglementaires nécessaires.

Prenons l’exemple des compléments de revenus au moment de la retraite. L’assurance vie pourrait jouer pleinement son rôle protecteur, si le bénéficiaire du contrat pouvait librement préférer que son épargne lui soit distribuée sous forme de rente. Mais la fiscalité des rentes viagères à titre onéreux est aujourd’hui si lourde qu’elle est dissuasive pour les particuliers. Les assureurs sont prêts à prendre le risque de longévité et à servir un complément de revenus tout au long de la vie, mais la neutralité fiscale est ici une condition nécessaire. Pour mieux répondre à la diversité des situations des épargnants, un autre objectif ambitieux consisterait à revisiter la gamme de supports de l’assurance-vie, entre le fonds euro, l’eurocroissance et les unités de comptes

Les Français sont profondément convaincus des vertus stabilisatrices du long terme. Dans un univers de flat tax, il importe de leur offrir de nouvelles incitations sur le support phare de l’assurance vie : le fonds en euros, qui représente 80 % de l’encours. Pour le dynamiser, nous étudions la possibilité d’une participation bonifiée aux bénéfices, en contrepartie d’une détention longue, au-delà de huit ans. L’eurocroissance, qui garantit le capital au terme du contrat, reste un produit parfaitement adapté à la préparation de la retraite ou à la constitution d’un capital en vue d’un projet personnel. Il a été desservi lors de son lancement par la conjonction d’une période de taux d’intérêt très bas et par une pesanteur réglementaire déraisonnable. Il importe de corriger cela. La palette de nos supports en unités de comptes doit aussi être plus largement ouverte. Les assureurs viennent de s’engager, d’ici fin 2018, à inclure dans leur offre, pour toute nouvelle souscription d’un contrat d’assurance vie, un support en unité de compte bénéficiant d’un label à caractère ESG et/ou Climat. Nous étudions par ailleurs la création de supports permettant d’investir plus facilement dans les PME-ETI à travers le capital investissement.

Loin de toute tentation conservatrice, l’assurance vie est donc plus que jamais en mouvement, tournée vers la satisfaction de nos concitoyens. En tant que placement, elle ambitionne la performance ; nous travaillons donc à créer les conditions d’un meilleur rendement. En tant qu’assurance, elle doit protéger des coups durs de la vie : incapacité, invalidité, entrée en dépendance, décès ; nous travaillons aussi à améliorer ces garanties biométriques. La détention longue est la voie la plus efficace pour concilier les objectifs de sécurité et de rendement et contribuer en même temps au financement de l’économie productive. À nous de la favoriser par une offre renouvelée, en partenariat avec les pouvoirs publics, et de savoir être assez créatifs et pédagogues pour continuer à partager ces convictions avec les Français.

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