Cette semaine, dans notre rubrique "Une santé d'enfer", suivez l'errance thérapeutique d'Amélie, atteinte de Covid long.
Amélie* est une super woman. Manager dans un bureau d’études, elle travaille dur. Son équipe apprécie sa capacité d’écoute et de résolution. Mère de trois enfants, elle pense à tout. Lorsqu’elle attrape le Covid en 2022, Amélie accuse le coup. Elle a du mal à récupérer, elle se met en télétravail et la vie continue, à jongler entre les exigences professionnelles et familiales.
Deux ans plus tard, elle rechute. Un jour, sur son vélo, elle n’a plus de souffle. Une forte douleur dans la poitrine lui commande d’arrêter. Mais elle a un rendez-vous, elle transporte son enfant derrière, elle continue de pédaler.
Après cet incident, Amélie s’écroule. Elle n’arrive plus à monter l’escalier sans s’essouffler. Elle accuse des douleurs intenses à la poitrine au moindre effort. Elle est submergée par un énorme sentiment d’épuisement.
Amélie va commencer un long parcours du patient combattant. Elle va voir le médecin, le pneumologue, le cardiologue, le psychologue. Le scanner ne dévoile pas d’anomalies physiques. Les autres examens non plus. Son cœur bat la mesure. Et pourtant, ses douleurs thoraciques sont effrayantes. On lui prescrit des antidouleurs, des médicaments contre l’asthme, des anti-dépresseurs.
Cinq mois d'arrêt maladie
Après des mois d’errance thérapeutique, un ami médecin lui conseille de se rapprocher d'une "cellule de coordination post-Covid". Elle en parle à son médecin généraliste qui accepte d’envoyer son dossier médical. Mais entretemps, l’adresse de la cellule a changé. Amélie attend pendant des semaines une réponse qui n’arrivera pas. Elle a le temps de déprimer, de chercher sur internet, de passer de nouveaux examens. Amélie a peur que son cœur s’emballe, elle reste à la maison, elle tourne en rond.
Amélie demande à son médecin si elle peut faire quelque chose, envoyer d’autres mails appeler, mais on lui dit d’attendre. Elle finit par appeler quand même et comprend que ce n’était pas la bonne adresse. Elle demande à son médecin de renvoyer son dossier. Après 5 mois d’arrêt maladie, Amélie décroche un rendez-vous à l’Hôtel Dieu. Là-bas, on lui explique qu’elle n’a pas d’insuffisance respiratoire. À la suite du choc provoqué par le virus, il y a eu un dérèglement des fonctions du cerveau et du système nerveux autonome qui commandent la douleur.
Elle doit suivre un entrainement physique progressif et un suivi psy, son corps doit réapprendre à faire des efforts, à dépasser ces douleurs thoraciques qui la paralysent. Amélie accepte de participer à une étude scientifique sur le Covid long. Une cohorte de patients sera suivie à l’hôpital. L’autre dont elle fait partie suivra les recommandations à distance, en médecine de ville. « Auto-organisation, auto-motivation et auto-financement », on lui a dit. Heureusement qu’elle a une bonne mutuelle ! Le médecin d’Amélie évoque un retour au travail. Elle rêve de reprendre la course à pied et préfère guérir avant de replonger dans le tourbillon de la vie.
*Son nom a été modifié pour garantir son anonymat Avez-vous envie de partager votre expérience ? Partagez vos péripéties avec le système de santé ici : mvivar@seroni.fr Retrouvez les autres billets de notre rubrique "Une santé d'enfer" iciÀ voir aussi
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