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Arnaud Chneiweiss : Permanence des objectifs, transformation des moyens en assurance vie

jeudi 16 janvier 2020
Image de Arnaud Chneiweiss : Permanence des objectifs, transformation des moyens en assurance vie

TRIBUNE – Dans le cadre de notre magazine le bilan 2019 de l’assurance, Arnaud Chneiweiss, délégué général de la FFA a pris sa plume. Il revient sur l’année 2019 en assurance vie et se projette sur 2020.

L’assurance vie est le « placement financier préféré » des Français. Avec 38 millions de bénéficiaires et 54 millions de contrats, le secteur de l’assurance vie réalise en novembre 2019 un encours de 1 785 Mds€, en progression de 5 % sur un an. Pour mesurer l’ampleur de ce succès, rappelons que les encours du Livret A et du PEA sont respectivement de 300 Mds€ et de moins de 100 Mds€.

Si les raisons de l’attractivité sont connues (constituer un apport lors de l’achat de son logement ; faire face aux dépenses d’éducation des enfants ; compléter sa retraite ; protéger son conjoint et / ou ses enfants en cas de décès ; préparer sa succession…), on sait moins à quel point l’assurance vie finance l’économie, y compris en actions. Dans ces 1 785 Mds€, 310 Mds€ sont investis par les assureurs en actions, un montant plus de trois fois supérieur aux 93 Mds€ des PEA pourtant dédiés à cette classe d’actif. Car il y a 10% d’actions dans les fonds euros – qui donnent des garanties sur le capital et représentent 78% des encours d’assurance vie – et plus de 50% d’actions dans les différentes unités de compte (UC) souscrites. La durée du placement en assurance vie, d’en moyenne 12 ans, permet de lisser les soubresauts des marchés financiers.

Pour le reste, les placements des assureurs vie sont effectués surtout en obligations, à 665 Mds€ pour des titres d’entreprises et à 560 Mds€ dans des emprunts d’Etat.

En 2019, l’assurance vie a conforté son statut de placement de référence. Les Français ont versé 133 Mds€ sur les onze premiers mois, un chiffre en hausse de 3 % par rapport à la même période de l’année précédente. La collecte nette représente à aujourd’hui 25 Mds€, soit le montant le plus élevé depuis 2010. En outre, l’année 2019 est intéressante car elle semble montrer une inflexion, les assurés prenant conscience que dans le nouveau contexte de taux d’intérêt très bas (voire nuls, voire négatifs), les fonds euros vont rapporter de moins en moins. Il faut donc se redéployer vers les UC – notion qui recouvre des types d’investissement très divers (immobilier, actions, obligations…) dont certains peuvent correspondre à un profil prudent.

Ajoutons à ce sujet que la diversité des UC proposées ne cesse de croître, permettant au grand public d’investir désormais dans des actifs verts, solidaires, responsables, ou même dans le capital risque.

De janvier à août 2019 la part des UC s’est établi à 24 %. A l’automne, elle grimpe à 33 %. En novembre, elle atteint même 37 %, un niveau jamais vu depuis 2000.

Si l’on fait l’hypothèse d’un environnement de taux d’intérêt durablement bas, quel qu’en soit les causes (croissance économique faible, politique monétaire volontariste de la BCE), l’assurance vie va probablement connaître au cours des prochaines années de fortes transformations quant à sa composition :

  • redéploiement vers les UC que nous venons d’évoquer, pour doper le rendement ;
  • les fonds euros ne pourront plus apporter le « trio magique » qui a fait leur succès ces 30 dernières années - rendement satisfaisant, liquidité à tout instant et garantie à 100% sur le capital. Mais ils peuvent tout à fait rester un élément essentiel du paysage de l’assurance vie pour les assurés privilégiant la liquidité sur le rendement et acceptant l’idée que dans le contexte de taux zéro, voire négatifs, les garanties sur le capital sont moindres ;
  • les contrats « euro croissance » viennent d’être rénovés. Ils permettront plus de souplesse quant aux niveaux de garanties accordés sur le capital (100%, 80%, 60%...par exemple) à un horizon long (8 ans, 10 ans…). Pour les assurés ayant un objectif de long terme (comme la préparation de la retraite), ces nouveaux contrats, plus simples à comprendre, peuvent être très pertinents ;
  • enfin la loi Pacte adoptée en 2019 a créé un nouveau produit dédié à la retraite, le Plan d’Epargne Retraite (PER), qui a beaucoup d’arguments pour séduire les assurés. Il va simplifier le paysage de l’épargne retraite supplémentaire, qui était constitué de divers produits aux règles de fonctionnement différentes. La commercialisation de cette nouvelle offre vient de débuter mais les premiers échos sont très positifs quant à l’accueil par le public.

L’assurance vie a donc beaucoup d’atouts pour rester le placement préféré des Français. Elle doit pour cela s’adapter dans le nouveau contexte de « taux zéro ». Les buts des assurés ne changeront pas, mais les moyens de parvenir à leurs objectifs devront évoluer.

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